14. Ou pas...

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Mais quelle question moisie sérieux... Mais c'est le premier truc qui est sorti.

-Euh ouais, pourquoi ?

Il a l'air un peu perdu. Il faut dire que c'est pas une question à laquelle on répond tous les jours.

-Je... Euh pour rien...

Un malaise s'installe entre nous. Je m'en veux un peu. C'est très bizarre. Je sens que je viens de casser l'ambiance. Super...

Zack me dévisage intensément. C'est tellement déstabilisant que je détourne aussitôt les yeux.

Le malaise se prolonge durant de longues minutes, sans qu'aucun de nous ne prononce une seule parole.

-Dis, finit par dire Zack.

-Oui ?

-Tu sais lire et écrire toi ?

Je hoche la tête. Je sais ce qu'il va demander.

-Tu veux bien m'apprendre ?

Je souris. Je suis officiellement devin !

-Bien sûr. On commence maintenant ?

Il acquiesce et je l'emmène jusque dans ma chambre.

Je passe une bonne partie de la journée à apprendre les rudiments de la lecture à Zack. Vers 17h, Jane passe me donner les devoirs et les cours que j'ai raté.

-Merci, fais-je d'une voix faible.

-Le prof de bio est encore plus insupportable quand tu n'es pas là.

Elle me raconte la journée de cours en détail, ce qu'ils ont fait et qu'on a à faire. Puis vient la fameuse question :

-Pourquoi t'es pas venue ? T'as pas l'air malade.

Je ne sais pas vraiment quoi dire. La vérité ? Non, je ne la connais que depuis quelques jours. Pas assez pour lui dévoiler ma vie. Un petit mensonge pas vérifiable ? Aller !

-C'est mon père adoptif qui est malade. Il a fait un malaise cette nuit et j'ai dû aller avec lui à l'hôpital. Il y est toujours, c'est un de ses collègues qui m'a ramené.

Mon mensonge laisse à désirer mais ça suffira pour le moment. Jane a l'air convaincue, c'est le principal.

-Bon, faut que j'y aille, ma mère m'attend, fait-elle en s'éloignant. À demain !

Je lui fais un petit signe d'au revoir avant de refermer la porte.

Je remonte et vois que Zack est dans un coin, en train de tracer de grosses lettres maladroites sur les feuilles que je lui ai données.

-T'as vu, j'ai presque fais tout l'alphabet, dit-il tout content en me tendant ses feuilles.

Je souris. Quand je le vois comme ça, j'ai du mal à me dire que c'est un assassin. Comment peut-on être aussi innocent et tuer des gens ? Ce n'est pas possible.

-Montre moi comment tu fais ton R.

Sans rechigner, il trace. Il tremble beaucoup. Pourtant c'est juste une lettre.

-Tiens ton crayon comme ça et cale-le ici.

En accompagnant mes paroles de gestes, je repositionne le stylo. Il frissonne. C'est moi qui lui fait cet effet-là ?

Quelqu'un d'autre frappe à la porte.

-Je reviens. Continue de t'exercer.

Et je cours pour aller ouvrir.

-Salut petite, fait un officier de police. C'est ici la maison de Lenny Gardner ?

Je fais oui de la tête, intimidée.

-Et toi tu es Rachel c'est ça ?

De nouveau, je hoche la tête.

-Tu viens avec moi alors ?

-Pourquoi, je parviens à demander.

-Pour te raccompagner au foyer pardi ! Je suis chargé de t'escorter jusqu'à ta nouvelle maison.

-Non.

Je ne veux pas partir. Lenny va revenir dans quelques jours. Pourquoi vouloir m'emmener dans un foyer ?

-Non je ne veux pas.

-Mais pourquoi ?

Et si c'est comme avant ? Les coups, les viols, les mauvais traitements ? Et si tout ça recommence ?

-Non je ne pars pas.

Le policier se penche pour être à ma hauteur.

-Mais tu n'as pas le choix. Lenny est dangereux pour toi. Il faut que tu t'en éloigne avant qu'il ne t'arrive quelque chose de fâcheux.

Quelque chose de fâcheux. Parce que j'ai subi avant d'arriver chez Lenny ce n'était pas quelque chose de fâcheux peut-être ?

-Je ne pars pas. Point final.

Il agrippe mon menton et mon cœur bat plus vite. Qu'est-ce qu'il compte faire ?

-Tu vas venir avec moi sans faire d'histoire d'accord ?

Je n'aime pas cet homme. Il dégage quelque chose de nocif.

-Non. Plutôt crever.

Je sais que je joue avec le feu mais les mots sortent tout seuls de ma bouche.

-Je ne veux plus vous revoir. Ni vous, ni votre uniforme. Je ne veux pas d'ennuis et je pense que vous non plus. Vous n'avez aucune raison d'être ici. Maintenant partez ou j'appelle la vraie police pour qu'ils rappliquent ici "monsieur l'agent".

Il me lâche et s'en va, bougon. Apparemment, il n'appartient pas à la police. Pour qu'il parte si vite.

-C'était qui, demande Zack qui est descendu.

-Personne, t'en fais pas. Tu as fini ?

Il acquiesce et me donne une pile de feuilles sur lesquelles sont tracées les lettres de l'alphabet.

-Super ! Tu fais des progrès ! Et tout ça en une journée !

Les lettres sont maladroites mais lisibles.

-Demain, tu m'apprendras à écrire des mots ?

Je le regarde gênée. Il est tout excité à l'idée d'avoir une journée d'écriture et de lecture demain. Mais je ne peux pas manquer un nouveau jour de cours.

-Je dois aller en classe demain. Mais dés que je rentre, je t'apprend tout ça !

Il est déçu, je le vois bien. Aussi je réplique :

-Je vais préparer le repas. Tu m'aides ?

La Fille Et Le MeurtrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant