J'ouvre les yeux. Mais je ne suis plus à l'institut. Je suis de retour à la maison. Ma maison. Enfin, celle de mes parents.
-Qu'est-ce que je fais là ?
Il fait nuit. Je soupire. Il y a du grabuge en bas. Papa a encore dû rentrer bourré. Maman est en colère.
-Espèce de soulard ! Regarde-toi ! Tu es pathétique !
-Écoute-moi bien toi. Ne me dis pas ce que je dois faire. C'est moi qui décide dans cette maison !
-C'est ça, fous-toi de moi ! Tu n'es pas un homme ! Juste une loque que j'ai eu l'erreur d'épouser par charité ! Tu me dégoûtes ! Je m'en vais.
Un bruit de gifle retentit. Je descends les escaliers. Je connais cette dispute. Je la connais trop bien.
Je croise maman dans le couloir. Elle cherche quelque chose dans le guéridon.
-Remonte dans ta chambre Ray.
-Maman, je voulais te demander quelque...
Sa main arrive dans mon visage à une vitesse hallucinante. Je reste sous le choc, sans pouvoir parler.
-Remonte dans ta chambre ! Maintenant !
Je respire. Une larme coule le long de ma joue. Je remonte quelques marches, histoire d'être hors de vue avant de redescendre et suivre maman.
Elle arrive dans la cuisine. Je reste contre le mur, à côté de la porte. Je retiens mon souffle. Le coup de feu retentit une fraction de seconde plus tard, assourdissant. Je passe la tête par la porte. Mon père lance le revolver loin de lui, à mes pieds.
-Rachel ? Viens ici. Je sais que tu es là. Viens voir papa.
-Oui.
Je prends le pistolet et entre dans la pièce. Maman est allongée sur le carrelage, le visage en sang, méconnaissable.
-Sois une gentille fille, pose ça. Viens voir papa.
Je vois quelque chose briller dans son dos.
-Non. Je préfère rester là.
-Viens ici tout de suite Ray !
Je le met en joue et tire sans réfléchir. Il s'effondre, surpris.
-T'es tarée gamine.
Sont ses derniers mots. J'enveloppe le revolver dans un mouchoir en tissu, le glisse dans un sac à main et vais m'asseoir sur mon lit.
Je reste stoïque un moment avant de redescendre et d'appeler la police. Ils arrivent quelques minutes plus tard. On me prend rendez-vous avec un psychologue.
-Bonjour Rachel. Je suis le docteur Dickens. Mais tu peux m'appeler Danny.
-Bonjour docteur Danny.
Trois séances. C'est ce qu'il m'a fallu pour avouer ce que j'avais fait. Sans aucun remord. Diagnostic : apathie. On m'envoie dans un orphelinat et pouf ! Plus de Rachel. Juste une petite fille brisée.
Cette petite fille brisée grandit, se réparant avec le temps et l'attention de son nouvel entourage.
Les scènes défilent à présent à un rythme frénétique, dans le désordre. Mon premier anniversaire avec Lenny, les multiples autres, mon bac, ma rencontre avec Zack, la mort de ma mère, le meurtre de mon père, les coups répétés, les séances chez le psychologue, les entrevues dans leur bureau...
Puis il n'y a plus qu'une scène clignotant devant mes yeux. Le visage de Zack, inquiet, puis en colère, et qui s'éloigne doucement. Et une phrase qui se répète à l'infini, teintée de dédain et de colère :
-Ne viens pas pleurer après Ray... À plus.
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La Fille Et Le Meurtrier
Fanfiction⚠ Cette histoire contient des scènes ou des mots pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes et des plus fragiles. Vous êtes prévenus ! Bonne lecture ! ⚠ Rachel est une jeune fille vivante et épanouie. En tout cas, c'est ce qu'elle fait croire à...