La Fille Et Le Meurtrier

17. La fuite d'Isaac

Je me lève vers 10 heures. Je regarde un peu autour de moi. Personne. Et bah mon vieux Zack, tu vas être tout seul aujourd'hui.

Quand je descends dans la cuisine, toujours personne. Mais il y a une tonne de dessins sur les placards. Je m'approche de celui des couteaux. Il y a une tête de mort juste à côté.

-Qu'est-ce qu'elle peut être ennuyeuse des fois...

Je parcours des yeux les dessins. Globalement, rien d'utile. Je ne compte pas rester. Mais il me faut quelques trucs avant de partir.

Résigné par le peu de choix que m'offre la cuisine, je teste la salle de bain. Rien d'intéressant non plus.

Et puis je me souviens du Glock. Certes il n'est pas chargé mais ça doit pas être dur de trouver des munitions dans la chambre. Je cours dans les escaliers et me jette sur la porte.

-Bordel ! Pourquoi ça s'ouvre pas ?

La porte reste fermée, peu importe la force avec laquelle je pousse dessus. Comme si elle était bloquée.

-Fait chier !

Je frappe la porte de toutes mes forces. Avec un peu de chance, elle va céder. Mais non, rien n'y fait, elle est bloquée.

-Et merde !

Tant pis, il faut que je me bouge. J'ai pas que ça à faire après tout ! Il fait que je me barre vite fait bien fait. Cette fille me retourne le cerveau. Je peux pas rester plus longtemps ici.

Au bout de longues recherches, je fais l'inventaire de ce que j'ai pris. Des bandes neuves, des biscuits, de l'eau et un couteau. Ça suffira. Au moins pour un temps. J'ai aussi récupéré mes anciennes fringues.

Après un peu plus de recherches, je trouve un sac pour tout ranger et je... Attends, la porte d'entrée aussi est fermée ?!!

-Elle veut vraiment pas me laisser partir celle-là... Elle a dit que je pourrais sortir même quand elle était pas là. Quelle menteuse.

Je déteste les menteurs. Je vais lui faire sa fête si je la croise ! Mais en attendant, trouver un moyen de partir. La fenêtre !

-Pfiou ! Enfin dehors ! J'en avais un peu marre de ces quatre murs.

Et maintenant je fais quoi ? J'ai de quoi tenir quelques jours mais après ? Je vais devoir recommencer ma vie misérable. Mais je ne peux pas rester. Je vais m'attirer des problèmes. Et pas seulement à moi. À Ray aussi. Je secoue la tête. Bordel, cette fille m'a vraiment retourné le cerveau !

D'un pas résolu, je marche au hasard dans la rue. Les gens ne me remarquent pas. Tant mieux. Je n'ai pas envie de finir dans une cellule.

Au fur-et-à-mesure que je marche, je me demande ce que je suis en train de faire. Je ressemble à un toutou qui fait une fugue non ? Et qui à la dernière seconde pense à sa gentille maitresse qui l'attend à la maison et qui est inquiète.

-Rah et puis merde ! Je peux me débrouiller seul. Je l'ai fait pendant 15 ans. Qu'est-ce qui m'empêche de continuer ?

Et bah c'est cette fille qui m'empêche de continuer. De reprendre ma vie d'avant. Fait chier...

Il se fait tard. La nuit tombe. Et je me rappelle d'un truc. L'écharpe ! Dans mon envie de partir le plus vite possible, je l'ai oubliée...

-Il faut que j'aille la chercher.

-Que tu ailles chercher quoi, demande une petite voix.

C'est Rachel. C'est forcément elle. Je me retourne lentement. Ma maitresse est partie à ma recherche. Elle sourit tristement. Elle est enroulée dans son écharpe. Elle la dénoue et me la tend, comme il y a deux jours.

-C'est ça que tu voulais ?

J'acquiesce. Elle sourit. Mon dieu, ce sourire. On dirait un ange.

-C'est pour te souvenir de moi, fait-elle avec un clin d'œil.

-Merci... Beaucoup...

Je ne sais pas pourquoi les mots me brûlent tant la bouche. Je baisse la tête et sans plus de manière, je m'enfuis dans la nuit.