11. Meurtre nocturne

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Je me balade tranquillement dans les rues. Ce que c'est chiant. Personne à tuer, à voler ou autre chose. Le calme plat. À croire que tout le monde est mort cette nuit. Et puis, l'adrénaline monte. Des bruits de pas !

-Alors toi, tu vas prendre pour toute la frustration que j'ai accumulé...

Je saute sur le passant et lui tranche la gorge. Il n'a pas le temps de hurler mais son visage est figé par l'horreur... C'est tellement jouissif ! Lire la peur dans les yeux des gens est tellement agréable !

Puis un autre sentiment me submerge. Celui-là je ne le connais pas. Je pense à Rachel. En regardant mes vêtements poisseux de sang, je me sens coupable.

-Je suis désolé Ray, j'ai taché mes habits alors que tu les as lavé hier...

Mais qu'est-ce qui me prend de dire ça ? Je débloque totalement moi ! C'est à cause de cette fille... Fait chier !

Je vais me planque dans un coin. J'ai encore entendu des pas. Deux personnes en une soirée ? Sympa !

-Monsieur ? Tout va bien ?

Je laisse ma victime s'approcher du cadavre du vieux et s'agenouiller près de lui.

-Hé ho ! Vous allez bien ?

Elle ne pousse même pas un cri. Curieux de voir ce qu'elle va faire, je l'observe, toujours planqué derrière mon mur. Mais rien. Elle reste de marbre. Tant pis, ça me suffira si sa tête est amusante.

Alors que je m'apprêtais à lui sauter dessus, elle se relève et regarde dans ma direction. Je suis à découvert, elle m'a vu. Malgré la grosse écharpe qu'elle porte au cou et qui lui remonte sur le nez, je la reconnais. C'est Rachel.

-C'est comme ça que tu survis alors ?

-Ray je...

Je ne sais pas ce que je veux dire. De toute façon, les mots restent coincés. Je n'arrive plus à parler.

-Tu n'as pas besoin de t'expliquer. Je ne suis pas la police. Je voulais juste voir si tu allais bien et c'est le cas. Au revoir.

Elle me lance un sourire triste et se retourne pour s'en aller. Juste avant de partir, elle semble se rappeler de quelque chose et revient sur ses pas.

-C'est pour l'hiver, il fait plutôt froid ici.

Et elle me tend son écharpe.

-Si tu ne l'aimes pas, viens me voir et on en cherchera une ensemble.

Et elle part pour de bon cette fois.

Je reste comme un idiot dans la rue, avec l'écharpe dans les mains. Elle est chaude et elle porte son parfum. Je me sens bizarre. J'enroule l'écharpe autour de mon cou et j'attends. Je n'ai nulle part où aller de toute façon...

Point de vue de Ray :

Je rentre lentement à la maison. Tout est flou dans ma tête. J'ai envie de vomir. Ça fait un moment que je n'avais pas vu de cadavre et je ne me sens pas bien.

J'arrive devant la porte vers 22 heures. Je rentre sans bruit et me déchausse. je monte les marches de l'escalier précautionneusement et vais me coucher.

Encore une fois, je me réveille en sueur. Cette saleté de cauchemar ne me laissera donc jamais tranquille ?

-T'es encore debout à cette heure-là toi ? Tu ne veux pas dormir des fois ?

C'est la pétasse qui est à la porte. Elle me flique, c'est pas possible ! Et elle peut pas rester dans sa chambre et ne plus jamais en sortir ? Pour que je ne puisse plus jamais voir sa face ?

-Laisse-la, elle a des terreurs nocturnes. Ne l'embête pas.

Lenny monte les marches à son tour. Je ne sais pas pourquoi mais il est plus lent que d'habitude. Sa voix est plus trainante aussi. Enfin, une odeur aigre émane de lui. On dirait l'odeur de l'alcool. Mais d'habitude, il ne boit jamais.

-Viens par là d'ailleurs, j'ai un truc très important à te dire...

Sa voix est encore plus trainante, lourde de menaces. Il me montre du doigt et me fait signe d'avancer.

-Je t'ai vu, fait-il une fois que je suis à sa hauteur. Je t'ai vu avec ce garçon tout à l'heure. Je ne veux plus jamais le revoir près de toi, tu comprends ? PLUS JAMAIS !

Il hurle si fort les derniers mots que je sursaute de surprise. C'est la première fois qu'il me crie dessus. Et la première fois qu'il se bourre la gueule avant de rentrer. Je jette un regard à Catherine. Elle esquisse un petit sourire satisfait et me prend par la main.

-Pauvre petite, comment peut-elle grandir normalement avec un père comme toi ? Tu m'étonnes qu'elle est sauvage et qu'elle fréquente des gens étranges. Regarde-toi Lenny... Tu es pitoyable.

Je dégage ma main et elle ajoute en me regardant avec une fausse compassion qui me dégoûte :

-Tu vois ? Cette pauvre petite est perdue... Elle ne sais pas faire confiance aux gens. Et comme je la comprend. Comment peut-on faire confiance à quelqu'un comme toi ?

-La ferme connasse !

L'insulte part toute seule. Je n'en peux plus. Je me suis tant retenue de crier que ces mots sonnent comme une délivrance. Lenny me regarde d'un air ahuri et même la pétasse est surprise.

-Laisse-nous tranquille avec ton poison espèce de vipère...

J'ai du mal à respirer. Ma poitrine me fait mal. Mon cœur bat trop vite et je tremble comme une feuille. des images de l'orphelinat me viennent et des larmes me brûlent les joues. Pourtant je continue de crier :

-Va-t-en ! Barre-toi ! Va faire souffrir d'autres gens et laisse-nous !

Je me laisse tomber contre un mur et je tente de respirer correctement. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais ça ne me dit rien qui vaille. Lenny s'approche de la pétasse et la gifle. Je souris faiblement. Enfin elle reçoit ce qu'elle mérite.

Je déchante assez vite cependant. Lenny continue de la frapper, encore et encore. Elle saigne maintenant. Mais curieusement elle ne se défend pas. Je reprends peu à peu mes esprits et me relèvent. J'essaye de m'interposer entre Lenny et Catherine mais c'est peine perdue. Il est beaucoup plus fort que moi.

-Laisse ça gamine, ou tu finiras comme elle...

Je pleure. Je ne sais pas vraiment pourquoi. La sonnette me fait prendre conscience d'où je suis. Lenny s'est arrêté aussi et Catherine est en sang mais en vie. Je me dirige tout doucement vers la porte. Qui peut bien sonner à cette heure ?

J'ouvre et je vois... Une écharpe. Mon écharpe. Et Zack enroulé dedans. Sans savoir ce qui me pousse, je lui saute dans les bras.

La Fille Et Le MeurtrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant