Semaine 18

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1er mai, j'aime les week-ends de trois jours. Je ne peux pas m'empêcher de penser que je pourrais manger à l'œil des wurst en descendant dans le bourg, mais honnêtement... Arthur et Jeanne boivent du café, jardinent, jouent aux échecs (contre moi, et je gagne), cuisinent, rient, parlent. Il fait gris, il a même neigé ce matin. Haute-Loire, vous savez...

Florian a appelé ce matin. Il va rentrer en France avec sa femme et sa fille, mais seulement après le 14 juillet et juste pour les vacances. Super, et avec Rita dans le lot, les Boches nous envahiront.

J'y pense, mais je connais beaucoup de germanophones.

Vous m'envahissez, bande de Boches

Tant de haine, Mat'

2 mai, reprise des cours. Les professeurs nous lâchent un peu la bride, ça sent déjà les vacances. Les Premières et les Terminales ont disparu de la circulation (sauf à la cantine), et c'est bien normal car ils révisent le Français ou le baccalauréat tout simplement. Le seul qui ose nous faire un contrôle avant le conseil de classe (alors qu'honnêtement, nous avions assez de notes) est Mme Vilioni, Physique-Chimie.

3 mai, nous avons les dates du conseil de classe, et de l'arrêt des notes. Oui, dans cet ordre. Le 2 juin, nous sommes les premiers Secondes.

Nous en avons discuté longuement après les cours, avec un verre de diabolo menthe et un Coca. Nous sommes au Palais. Je sais que Léo, Gabriel, Enzo et Louna y vont toutes les semaines, voire tous les jours, et c'est la première fois que nous sommes tous les neuf réunis ici. J'ai demandé la raison de ma présence, et Enzo a ressorti l'histoire du vélo. Ce qui n'avait aucun rapport.

Enfin !

— Vu les délégués...

— Les délégués t'emmerdent Mathis, réplique Louna.

Louna tient la route, mais l'autre... Il est si anecdotique, si transparent que même Gabriel est moins discret. En parlant du loup...

— Hé, Gabriel.

— Bonjour Mathis.

— T'es en retard ! braille Enzo. On avait dit à la demi.

— Pardon, pardon.

Emmy commande un nouveau Coca. Elle essaie de se mêler au groupe, et malgré les efforts de Louna, elle n'y parvient pas vraiment.

— Donc, on parlait de quoi ?

— De trucs, répond Emmy.

— Comme de la théorie du complot des Chinois Léotiens extraterrestres illuminatis ?

— Le Chinois t'emmerde, déjà.

— Waouh, commente Blandine assez amusée, Gabriel, t'as bien pris de la plevensa !

— Pardon ?

— La plevensa, Mathis, est un mot hérité du patois provençal qu'on pourrait traduire par « confiance », explique-t-elle en finissant sa menthe à l'eau.

— Tu parles le patois provençal.

— Mes grands-parents, oui. Moi, nan.

Louna pianote sur son portable. Léo boucle ses devoirs pour demain, ce qui me fait penser que je devrais m'y mettre.

— Y'a pas de chiottes adaptées pour moi, se plaint Faya en revenant des toilettes. C'est des racistes.

— T'y es habitué, nan ? dit Léo en rangeant ses affaires. Avec Charles, ça pue l'extrême-droite réac' et la Manif pour Tous.

Albert vivra 16 ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant