Semaine 47

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19 novembre, Anton est pâle. Très pâle.

— Maé est...

Je ne veux pas qu'il continue. Je veux qu'il se taise qu'il se taise qu'il se taise... 

Du 20 au 25 novembre, je suis triste. Et heureux. J'ai des sautes d'humeur. Et c'est pénible. Pour moi, qui pleure et qui ris à la suite. Pour ma cellule familiale, qui me subit. Pour mes amis, qui me supportent. Pour Mahia, contre qui je pleure. 

Elle voudrait quelqu'un de mieux.

J'en suis sûr.

Je suis vraiment nul, non ? Mourir à 16 ans... Il y a plus glorieux. J'aurais voulu avoir un avenir. Ou regarder le futur avec espoir, comme Rita par exemple. 

Bon, je sais que si je ne veux pas regretter, je n'ai qu'à regarder le journal TV et à écouter parler écologie et climat. Mais, bizarrement, mon idéologie pessimiste a évolué, il paraît que les gens font ça si on les laisse grandir. Tout a un intérêt. La vie a un intérêt.

Et il a fallu aller à l'enterrement de Maé. Le 21. Il y avait tout l'internat. Tout le lycée, presque. Même ceux qui ne connaissaient pas Maé. Anton n'a pas lâché une larme. Il est resté prostré. Droit comme un piquet pendant toute la cérémonie.

J'avais juste envie de vomir. 

— Arthur, je n'en peux plus, dis-je. Je vais mourir. C'est fou à quelque point je ne supporte plus cette idée. Je ne suis plus résigné : je veux vivre. Je veux vivre. J'ai mérité ma punition, oui. Mais je suis devenu quelqu'un de mieux. Je ne sais pas si je suis devenu quelqu'un de bien... Je ne veux pas crever la gueule ouverte.

— Mathis... 

Je tremble en serrant le poing. Je serre le poing à m'en faire mal. À m'en déchirer la peau. À me saigner la main. 

Il me prend dans ses bras.

— Désolé de ne pas pouvoir changer les choses.

Et ça, ça m'enrage.

Albert vivra 16 ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant