26 novembre, l'ambiance est bizarre. Anton n'est pas là, ça ne m'étonne pas. Trois personnes ne semblent pas affectées : Mahia, Louna car elle n'est jamais affectée par quoi que ce soit, et Léo. Pourquoi Léo alors qu'il est visiblement déprimé ? Parce qu'il a une réaction bien trop exagérée par rapport à celle qu'il devrait avoir.
— J'en connais un qui s'est engueulé avec son copain, susurre Louna.
— Je t'emmerde, contre-t-il. Mes parents nous ont choppés.
— Dans quel contexte ? demandé-je, curieux.
Je tourne un instant les yeux pour voir Enzo se séparer à contre-coeur de Blandine.
— J'ai pas envie de t'faire un dessin, Mathis. Ils nous ont choppés, et ils ont dit qu'ils porteront plainte si jamais on se revoit.
— Pourquoi t'as un sac de sport, mec ? lance Enzo. On a EPS en même temps que vous, et c'pas aujourd'hui.
Enzo lance un regard à Louna pour s'assurer de ne pas dire de bêtise. Oui, Enzo, nous n'avons pas EPS le lundi.
— Disons que je me casse chez mon copain, répond-t-il avec un calme olympien.
— Là, tes parents vont vraiment porter plainte pour détournement de mineurs, soupiré-je.
— T'inquiète, j'ai bossé l'aspect juridique de la question, j'vais avoir un dossier en béton et tout va bien s'passer.
Des mains m'attrapent par le col, et me tirent vers l'arrière. Je me tourne, et Mahia se penche sur moi pour m'embrasser.
— J'exige une explication, braille Louna.
— Hé bien, je vous présente Mahia, et nous sortons ensemble.
— Oh. Oh. Oh, s'exclame-t-elle. Oh, ça pour un scoop c'est un scoop ! Qui est au courant ?
— Personne, à part vous, du coup, dis-je.
— Ah, donc tu m'assumes pas avec tes potes, réplique Mahia. Bah bravo. Bah bien, bien. S'pèce de bouffon.
27 novembre, Rita s'est installée face à moi dans le réfectoire.
— N'étais-tu pas sensée être en cours, toi ?
— Nan, souffle-t-elle en me montrant son poignet tordu. J'ai EPS, et je suis dispensée.
Elle prend une fourchette de purée.
— Blandine m'a dit que t'étais en couple.
— C'est vrai, dis-je.
— C'est qui ?
— Mahia.
— Qui ?
— Mahia, répété-je. Tu sais, la fille qui était en Seconde l'année dernière avec nous et qui s'étirait souvent des ennuis.
Elle écarquille les yeux.
— Toi. Avec elle ? s'exclame-t-elle. Mais Mathis, t'as toujours été le premier à te comporter en connard avec elle. Mec, j'suis contente pour toi, vraiment, mais elle ? Ça me fait bizarre, tu comprends ? Et, j'veux pas dire, mais t'es passé de Blandine à... Cette fille.
— Rita, nous nous connaissons depuis le primaire, je ne veux pas te détester pour une phrase malheureuse sur ma petite-amie, rétorqué-je.
Elle tourne le regard, en avalant une bouchée de purée.
— Tu savais que Léo utilise Gabriel pour faire croire à ses parents qu'il est juste chez un ami ? lance-t-elle soudain.
— Ah bon.

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Albert vivra 16 ans
Novela Juvenil. [TERMINÉE ; 1ER JET] Question : Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ? Mathis Paillon a 15 ans. Il mourra à la fin de l'année, et le sait pertinemment, à cause d'une puce dans sa moelle épinière. Pour lui, c'est évident qu'il soit à mo...