Semaine 40

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1 octobre, Rita est arrivée au lycée en robe avec les cheveux coiffés de manière très féminine. Gabriel a lâché Blandine, avec un sourire monstrueusement joyeux et fier.

Elle avance, les regards glissent sur elle. Elle transpire la peur, le doute... Mais son visage est confiant.

« Content de te revoir », dis-je.

Elle a vieilli de cent ans, au fond de ses yeux.

Et cette journée est un enfer.

2 octobre, Rita n'est pas revenue, Maé a disparu, Anton est déboussolé.

« Mathis. Tu sais où est Maé ?

— Iel sèche probablement les cours, réponds-je peu me sentant peu concerné.

— Pas son genre.

— Malade ?

— J'aurai su.

— Pourquoi t'inquiètes-tu ? l'interrogé-je. Ce n'est pas grave, enfin...

— Si. Maé a...

— Des tendances suicidaires ? Des comportements autodestructeurs ? soupiré-je irrité.

— Tendances dépressive et à l'automutilation, plutôt, avoue-t-il nerveux. J'ai peur qu'iel fasse la dernière connerie de sa vie. »

J'ai soudain l'impression d'avoir un rasoir sous la langue.

3 octobre, Maé est pâle, mais en vie. Anton semble inquiet, et disons que les longues manches de la personne non-binaire ici-présente n'aide pas franchement à la détente.

4 octobre, Faya m'a assassiné du regard, et sa secte est toujours aussi florissante.

5 octobre, le Cédiv s'est battu avec les skinheads du lycée. C'était... un concept. C'était aussi plutôt amusant.

— Ils me sont sympathiques, le Cédiv, souffle Louna. Qu'est-ce que t'en penses ?

— Louna, je pensais que tu faisais marcher ton cerveau, rétorqué-je.

— Non, mais honnêtement ! Je veux dire : c'est plein de bonnes intentions, et puis je comprends un peu la démarche.

— Mais tu vois bien qu'ils sont complètement extrémistes !

— Si je peux me permettre de la ramener, s'immisce Enzo, un mec du Cédiv m'a insulté parce que je suis un mec blanc, cis et hétéro.

— Ils sont pas tous comme ça, soupire Louna.

— On me reproche de pas être militant, tu sais, sourit avec amertume Gabriel en passant son bras autour des épaules de Blandine.

— Arrêtez, ils sont sympa, dit Léo.

— Ils ont fait une collecte pour aider Ana ! Tu vois, la fille Rom, dans notre classe, Mathis, argue l'autre lunettée de notre groupe. Bordel, c'est des types bien. Et puis, Faya, c'est bien notre amie, on doit croire en elle.

— J'aime pas trop leur féminisme, minaude la blonde. C'est trop violent pour moi. Mais bon, c'est vrai, Faya sait ce qu'elle fait, et c'est pas le genre à faire des saloperies.

Je me pince très fort l'arête du nez. Bon sang, pourquoi monde cruel, pourquoi.

6 octobre, je me suis réveillé paralysé.

7 octobre, Rita ne répond pas au téléphone.

Albert vivra 16 ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant