Semaine 30

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[NDA : Je poste en avance, je pars en vacances. Le prochain chapitre sera normalement à l'heure, mais il y a des chances qu'il arrive en retard]

24 juillet, je n'ai aucun regret ! 

25 juillet, d'accord, je regrette les courbatures.

26 juillet, et je regrette aussi le fait d'avoir perdu la lampe torche.

27 juillet, et mon briquet.

28 juillet, un appel catastrophé de Gabriel. 

— Mathis Mathis Mathis Mathis.
— Quoi quoi quoi quoi.
— Le frère de Faya s'est tué en scooter. Viens, on a besoin d'un maximum de personnes pour la réconforter.

J'ai raccroché. J'ai couru jusqu'au bus malgré une Jeanne au bord de la crise d'apoplexie derrière moi.

Et je suis là. 
Et je me vois dans le cercueil.

29 juillet, je me réveille tétanisé. Le corps lourd. Les yeux dans le vague. Envie de vomir. 

J'hyperventile. J'ai mal à la tête. Ça me tue de l'intérieur. Et je pleure, je pleure sans savoir pourquoi je pleure. Je hurle. Antoine me crie d'arrêter. 

C'est Arthur qui arrive le premier. Il m'attrape, me serre si fort contre lui que j'ai l'impression d'étouffer. Et je me calme, petit à petit, contre lui. Il me berce doucement. 

30 juillet, Célia a frappé à la porte, et Antoine s'est installé.

— Nous n'avons pas prévu de troisième chambre, dis-je à Jeanne.
— Il faudra débarrasser celle d'Amandine, soupire-t-elle avec du regret.

Arthur expose le problème à Célia. Antoine regarde par terre, et joue avec le loquet de sa valise. 

Jeanne et Arthur refusent que quiconque touche à la chambre d'Amandine. Depuis le suicide de leur fille, la porte est ouverte, le ménage est fait, mais le désordre est le même. Les meubles n'ont pas changé de place. Je sais que Jeanne se sent coupable de n'avoir rien vu, elle qui est psychiatre. Arthur m'a toujours paru terriblement impuissant sur ce tableau.

Ce n'est pas pour rien que j'occupe la chambre de Florian.

— Au pire... Est-ce que le fait de dormir dans la même chambre que moi te dérange, Antoine ?
— Pas comme si j'avais le choix.
— Tu vas me vexer, lui lancé-je moqueur.

Célia ébouriffe les cheveux d'Antoine, et fait signer quelque chose à Arthur et Jeanne. Léon vient se frotter contre mes jambes.

— Et combien de temps il me reste ? demande Antoine. Vous m'avez promis que je le saurai le jour où je serai placé.
— Tu vivras plus longtemps que Mathis.
— Tu sais, vivre plus de seize ans n'est pas non plus un exploit, lui fais-je remarquer.
— Antoine passera au moins le bac, dit-elle en finissant sa tasse de café. Bon, il faut que je me presse, j'ai un rendez-vous dans moins d'une dizaine d'heures, et mon train part à la demi.
— C'est ça, dégage, craché-je.

Albert vivra 16 ansOù les histoires vivent. Découvrez maintenant