3 septembre, j'ai dormi. Oui. Oui. Oui. Antoine m'a réveillé, cet enfant insupportable.4 septembre, s'il y a une chose que je n'ai pas dit, c'est que j'allais cette année en S. Nous sommes les derniers à avoir les filières, triste pour le reste des élèves. Enfin, cela signifie pour moi me retrouver sans Rita, sans les trois-quart de ces joyeux drilles qui sont ce qui se rapprochent le plus de la définition d'amis. J'entends Jeanne rire d'ici, en m'entendant me plaindre de ne pas être avec mes amis.
Enfin, j'ai toujours Louna et Enzo en S.
Rita, Blandine, Faya, Emmy vont en L.
Gabriel et Léo en ES.
Je crois que j'attire tout les « de service ». Les LGBT « de service », l'handicapée « de service », le roux « de service », l'intello « de service »... Je suis d'ailleurs le binoclard « de service », et cela me convient. Et j'ai attiré en ce jour de la rentrée, à ma table alors que j'étais seul, merci repas en décalé merci, l'humain non-binaire gothique ou emo « de service » et le garçon beaucoup trop grand et beaucoup trop terrifiant physiquement « de service », en les personnes de Maé et Anton.
Si l'on occulte le fait que Maé parle comme un fantôme et qu'iel a un humour atroce et abject, et que Anton ne dise rien et a l'air d'assassiner le monde du regard, ce sont des gens sympathiques.
5 septembre, Louna que j'ai réussi à voir ne semble pas décider à lâcher son livre.
— Fondation.
— Isaac Asimov, dit-elle. Lis-le, c'est bien.
— Je n'ai pas le temps, soupiré-je.
— Prends-le.
Elle lit quelques lignes, griffonne sur son agenda, replonge dans son livre, se tord sur sa chaise.
— Pas con, pas con, carrément intelligent, murmure-t-elle.
— Tu peux lire un livre silencieusement. Tu verras, ça change la vie.
— Ta gueule, Mathis. Va traîner avec Rita, si t'es pas content.
— Louna, j'arrive à te voir trente secondes depuis la rentrée seul à seule, et tu restes avec ton livre. Et ne me parle pas de Rita, à part à l'arrêt de bus ce matin je ne l'ai pas vue.
Elle soupire fortement, remonte ses lunettes bleues sur son nez, pose son livre.
— Allez, viens te plaindre dans mes bras mon bichon, sourit-elle.
— On parle de câlin, par ici ?
Léo qui vient de popper de je-ne-sais-où. Quoique, nous sommes au CDI, donc c'est à peine surprenant.
— Mathis boude, dit Louna.
— Je ne boude pas.
Je vois qu'une masse amicale se forme autour de moi. Enzo, Gabriel, Blandine, Emmy, Faya, Rita... Une douce chaleur m'envahit.
Je croise le regard amer de la Wesh. Ah.
6 septembre, repas avec Maé et Anton, comme je sens que vont l'être la plupart de mes repas.
— C'est donc officiel, nous sommes amis.
— Ne rêve pas, Mathis Paillon, murmura Maé. Ce n'est que bonté d'âme. Bientôt, je le prédis, on ne se parlera plus.
— Que tu es sinistre.
Et est-ce vraiment moi qui aie dit ça ?
7 septembre, j'ai réussi à attraper Rita !
À la sortie des cours.
Alors qu'elle était avec des filles de sa classe, dont une blonde et une rousse.
Et j'étais derrière.
Elle ne m'a pas vu.Point amusant, Blandine et Gabriel s'embrassent à présent comme des damnés à chaque fois qu'ils le peuvent, sous le regard dégoûté d'Enzo. C'est drôle à voir.
En rentrant, je me dispute avec Antoine. Et Arthur.
Journée de merde.
8 septembre, qui qui c'est qui sonne chez moi ?
— Rita.
— Mathis !
— Rita !
— Mathis !
— Bon, rentre.
9 septembre, laissez-moi en paix, seul avec moi-même. Laissez-moi pleurer seul. Laissez-moi être seul. Laissez-moi me mordre les doigts. Laissez-moi ne pas vouloir d'amour. Laissez-moi.
Hey
Un SMS de Faya. J'éteins mon téléphone.
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Albert vivra 16 ans
أدب المراهقين. [TERMINÉE ; 1ER JET] Question : Le verre est-il à moitié plein ou à moitié vide ? Mathis Paillon a 15 ans. Il mourra à la fin de l'année, et le sait pertinemment, à cause d'une puce dans sa moelle épinière. Pour lui, c'est évident qu'il soit à mo...