Toi

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Lettre à toi,

Oui, toi. Je sais que tu te reconnaîtra. Ce que je ne sais pas, en revanche, c'est si j'aurais le courage de poster cette lettre qui commence déjà à n'avoir ni queue ni tête. Peut-être que c'est le seul truc qui restera à jamais dans mes brouillons. Ou peut-être pas. J'aurais certainement pris cette décision avant d'avoir fini d'écrire, si c'est assez potable. Mais je pense que je le posterais quand même parce que ça me dérange pas d'écrire avec mon coeur et de le montrer ensuite.

Je t'aime d'un amour sans faille. Je commencerais par ça. T'es la meilleure amie que j'aurais aimé avoir plus tôt. J'aurais aimé que nos parents soient amis ( même si, vu leur différences de caractères, c'est le truc le plus improbable au monde) depuis notre enfance. J'aurais aimé grandir avec toi, ta soeur, Clara, Erin et Sarah, j'en suis sûr. Même si je les connais pas. J'aurais aimé écrire ma taille au stylo sur ton mur, comme tu l'as fait avec les autres. J'aurais aimé que tu me parle de l'arrivée de Mina et de Fidji un lundi matin, dans la cours de récré. J'aurais aimé vivre ce que j'ai pas vécu, ça peut paraître bête.

Mais je pense que ça m'aurait aidé, dans ma vie, de t'avoir depuis le début à mes côtés. J'aurais pu te parler du départ de mon père et de ma maléfique ex-petite amie. J'aurais pu te parler de mon frère, de ma mère et de tout ça. J'aurais pu avoir une confidente, au lieu de m'entailler les bras jusqu'au sang, au lieu de m'être forcé à vomir tous les soirs à cette époque où j'ai sombré. En fait, j'aurais voulu avoir une autre vie. Ou plutôt, j'aurais voulu avoir quelqu'un, quand j'avais personne.

Mais je me console en me disant que de toute façon c'est la vie qui décide. Et si il y a trois ans, je t'ai rencontrée, c'était pas pour rien. Et c'est sûrement un des seuls trucs pour lesquels je peux remercier la vie( même si je passe les trois quart de mon temps à la détester ) : Toi, Florian et Ysea.

Je me dis que j'aurais attendu pas mal de temps, avant de connaître la vraie amitié. Celle qui ne meurt jamais. Avant toi, j'avais personne sur qui compter. Ma vie était terne. Tout me paraissait fade. Je ne connaissais rien de rien et de toute façon, j'étais trop timide pour aller parler à quelqu'un ( et toi aussi).

D'ailleurs je me souviens même plus de notre première conversation. Je me souviens plus comment on s'est abordé. On attendait seulement que notre professeur principal vienne ouvrir la salle, que les autres arrivent. La classe des Seconde H (2H). Une première année de lycée qui démarrait visiblement bien.

Tu as totalement façonné ma culture, moi qui croyais que le meilleur film était Twilight. J'ai découvert tout ce que je connais aujourd'hui : notre amour pour le 11 ème Docteur (parce que le chiffre 11 c'est le meilleur ^^), cette réplique de La Ligne Verte dans lequel j'ai découvert Tom Hanks (avec cette fameuse réplique qu'on répète tout le temps maintenant : "j'ai essayé patron, mais c'était trop tard" en essayant d'imiter la voix de John Kafé), les vidéos de Links, les jeux vidéos, Stephen King et pleins d'autres trucs que t'adores, mais qu'avant toi, je savais même pas que ça existait.

J'ai découvert tout ce que j'aime aujourd'hui. Et rien n'aurait été pareil si c'était pas toi qui me l'avait montré.

Je crois que j'ai pas mis longtemps à t'ouvrir mon coeur ( ce qui est une mes fragilités généralement, mais pas dans notre cas. Parce que toi, contrairement aux autres, tu t'en est pas servi pour m'achever). T'as très vite vu l'ampleur des dégâts de toutes ces années de souffrance. Tu as très vite vu que mes bras étaient entaillés, que j'allais pas très bien. (Je sais pas si le fait de s'entailler c'est vraiment de la dépression d'ailleurs).

T'as très vite vu  que j'étais encore accro à mon ex maléfique et t'as pas mal bataillé pour me faire sortir de ça. Tout comme tu batailles pour pas que je me mutile, que je te parle quand je vais pas bien.

Tu me pousses à sortir du silence qui était ma règle générale. Parce qu'a chaque fois que j'essayais d'expliquer ce que je ressentais, on creusait ma tombe avec mes paroles. Et je détestais le monde.

T'es vraiment la seule personne que je pourrais jamais détester. Déjà parce que tu fais rien pour l'être. Tu passes ton temps à me soigner, à me consoler et à me relever. Ta façon de voir les choses de manière positive m'aide à aller un peu mieux.

T'es la seule à savoir calmer mes angoisses, quand mes dents font des claquettes. T'es la seule à me prendre dans tes bras quand je dis que ma mère me manque. T'es la seule que je peux réveiller en plein milieu de la nuit.

Je t'aime,

Ton Ptit Lou

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant