L'après coming-out

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On parle toujours de la joie et du sentiment de liberté qui s'engouffre en nous lorsque nous faisons notre coming-out. Qu'on soit gay, lesbienne, trans, non-binaire, queer ou même en questionnement, il y a cette espèce de joie indéfinissable d'avoir réussi à dire ce qu'on avait sur le coeur depuis quelques mois ou même quelques années. Sur le coup, on se sent fier, invincible, le monde est à nos pieds. Après cette euphorie et toutes les réactions qu'ont suscités notre annonce (que ce soit positif ou négatif), il y a une sorte de retombée. Un peu comme un soufflé. Après l'euphorie et la fierté, on sait que maintenant notre secret n'en est plus un.

Et soudainement, on a cette impression de qui s'installe vis-à-vis des autres même si on sait très bien qu'il ne faut pas y penser.

L'après coming-out, c'est l'affirmation de soi. Et pour moi c'est quelque chose de très difficile à faire. Maintenant que je sais qui je suis il faut que je l'assume. Et moi, j'suis quelqu'un de plutôt discret et timide. J'aime pas embêter les gens, même pour des trucs importants. Alors du coup, au début, je me suis laissé mégenrer et appelé par mon deadname à longueur de journée. Tout ça parce que, oui j'avais l'impression de déranger. D'autant plus que faire son coming-out à l'hôpital, c'est une expérience assez complexe parce que pour notre bien être, on est obligé de le dire à tout le monde dans l'espoir qu'une ou deux personnes me genrent et m'appellent par ce que j'appelle maintenant mon « vrai » prénom. Même si la notion de vrai n'a rien à faire là puisque c'est juste mon prénom et point barre.

Le fait d'être à l'hôpital rend plus difficile cette affirmation de soi. Même si on voit les soignants tous les jours, qu'on se confie à eux et qu'ils connaissent nos vies, on est considéré de manière administrative. Comment affirmer ma virilité si je suis « Madame » et « deadname » ? Comment m'affirmer dans un milieu où les patients sont malades, tous différents et parfois violents ? Comment me sentir moi-même quand on me demande mon prénom et que je réponds « deadname » ?

Il est vrai que je pourrais m'affirmer avec un texte de loi qui dit que les personnes transgenres ont le droit au respect du genre auquel ils appartiennent et au respect de leur prénom, même si celui n'est pas officiel. C'est une loi assez récente et inconnue de tous. Mais comme je l'ai déjà dit, je suis quelqu'un qui veut se faire discret et faire un remu-ménage pour 3 semaines d'hospitalisation, c'est pas vraiment utile. D'autant plus que ça empêche de se concentrer sur les difficultés que je rencontre et s'était vraiment la priorité de cette hospitalisation.

Pour mon bien-être j'ai donc fait la démarche de demander d'être genré au neutre. Je préfère être appelé « Madame » que par mon prénom toute la journée. C'est pas tout à fait l'idéal mais c'est déjà un peu mieux pour moi, mon ressenti et pour rester sur la ligne de confirmer à s'affirmer tel que je suis vraiment. C'est à dire Nathanaël. Un homme bien, très différent de celui que j'étais il y a quelques mois en arrière.

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant