Les cours

63 7 0
                                    

Comment décrire cet amas de conneries qu'on nous sert sur un plateau huit heures par jour, cinq jours par semaines? Comment décrire ce temps perdu a rester assis, a user nos stylos qui pourraient écrire des choses bien plus intéressantes que le pouvoir américain en 1918 ou la notion "idée de progrès"? Comment leur dire que j'en peux plus de me battre pour des chiffres qui ne dépasseront jamais dix?

J'me donne du mal, vous savez. Je dis pas que ce que je fais est excellent, mais je fais des tentatives. J'essaies de me concentrer, de potasser, de retenir les cours, de travailler des jours entiers. Tout ça pour qu'on me dise "tu réussiras la prochaine fois". Et la fois d'après, je me loupe encore. Parce que je suis incapable de supporter les huit heures de cours qu'on se farci tous les jours. Parce que je bosse jusqu'à dix heures du soir, que je me lève à six. Parce que je m'endors en philo, même quand j'essaies de lutter. Alors oui, pardonnez moi, mais je perds la foi. L'école était le seul truc, le seul truc dans lequel je me sentais bien. Le seul domaine où j'étais fier de moi. C'était mon truc. Et vos écritures rouges ont tout foutu en l'air. Vos gribouillages sur mes copies qui me disent même pas "courage". Rappelez moi pourquoi je me casse le cul déjà? Ah oui pour un diplôme. Pour un morceau de papier. Pour acquérir des trucs qui me serviront jamais, que j'aurais oublié dans un an. Alors oui, je suis fatigué.

J'entends les autres qui se marrent, vous savez. Les regards lourds. Les gens qui se disent entre eux que je suis bizarre, que je suis perché. Pourtant, il me semble pas faire quelque chose de mal. Je vis ma vie, je participe au cours, j'essaie de bosser. Tout ça pour quelques mots sur un bulletin qui vont probablement dire "peut mieux faire". Tout ça pour des bouts de papier.

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant