Pourquoi j'ai changé de prénom ?

12 1 0
                                    

Après toute cette remise en question que je trouve personnellement hyper-positive, je vais continuer sur ma lancée et vous expliquer ma démarche. Comment je suis passé de Lou à Nathanaël et pourquoi ?

Comme je l'ai déjà écrit, quand j'ai trouvé le prénom Lou, il avait une signification qui avait du sens pour moi. Quoi de mieux qu'être « victorieux » ? Seulement, cette première approche de la transidentité à été extrêmement difficile pour moi. J'étais dans un contexte nocif sur lequel je me sens prêt à poser des mots. Je n'ai pas seulement eu le droit à une réaction négative à mon premier coming-out. J'ai été maltraité, insulté, rejeté, moqué et obligé de vivre avec mes bourreaux. Mes week-ends se transformaient en enfer et la seule pensée que j'avais pour me sauver, c'était de me tuer. Ces mots sont durs à lire et à écrire mais je suis prêt alors je dénonce cette façon qu'on a eu de me pousser à la mort, juste au bord du gouffre. Ce qui m'avait fait tenir à l'époque, c'était la promesse d'un ailleurs, il fallait seulement que je tienne l'année scolaire et après tout irait mieux (et même si les choses ne se sont passées comme prévu, ce deal m'a sauvé la vie et oui, maintenant les choses vont mieux). Je me suis accroché à ce rêve, autant que j'ai pu. Mais mes notes baissaient, ma motivation, mon moral, tout s'effondrait sous mes pieds jusqu'au jour où j'ai dit « stop, je ne passerais pas l'année dans cet état, c'est terminé ». Alors j'ai pris mes affaires et je suis parti, aussi simple que ça puisse paraître. Enfin, c'était pas vraiment facile, j'ai gardé le secret, aucun prof ne savait rien. Je me suis fait harcelé par la CPE du lycée qui s'amusait à me demander mes tickets de caisses pour vérifier ce que j'achetais, à appeler ma mère devant moi, à harceler la famille qui mhébergeais en disant qu'elle n'avait aucun droit de faire ça. J'ai pu récupérer mes affaires après des mois de négociation. Après que le lycée se soit acharné sur moi pour me faire craquer.

Mais j'ai eu ce courage de ne jamais plier et je suis fier du chemin que j'ai fait depuis que j'ai quitté cet endroit maudit et destructeur.

Ensuite, la maladie à pris le dessus. D'abord sournoisement, lentement, puis d'un coup. Je me suis retrouvé telle une coquille vide coincé dans une toile d'araignée infernale qui me tenait de tous les côtés. Sans le savoir, j'étais le jouet de Médusa. Tout le monde s'est aperçu que quelque chose n'allait pas. Tout le monde, sauf moi. On avait beau me parler, me crier dessus, j'étais vide, vide de tout. J'étais devenu un mur sans émotions ni paroles. J'étais un boulet coûteux, fatiguant, énervant et avec une certaine méchanceté que je ne me connaissait pas. La maladie m'avait changé. J'étais devenu un être insipide, méchant, idiot et bourreau de ceux que j'aimais. J'avais quelques moments de répits pendant lesquels je faisais des promesses que Médusa m'empêchaient de tenir.

Je n'étais plus Lou. J'étais horrible. J'étais un monstre. J'étais malade.

Et je me suis posé pas mal de question sur ce prénom qui ne voulait plus rien dire. Il était souffrance et c'est la maladie qui était «victorieuse » à ce moment là.

Je me suis donc demandé non seulement qui j'étais mais aussi qui je voulais être. Je ne voulais pas rester Lou, ce monstre possédé. Je voulais être quelqu'un de bien dans la vie, faire des choses bien et être heureux. Je voulais ce que je n'avais plus à ce moment précis : de l'espoir, de l'amour, de la joie et du bonheur. Et je voulais tout ça en un seul prénom.

J'ai commencé à chercher dans les prénoms hébraïques parce que je voulais quelque chose qui représenterait mon futur plein de joie et d'espoir. Et je suis tombé sur Nathanaël qui signifie « don de Dieu » ou « Dieu a donné ». Je ne crois pas en Dieu à proprement parler. Mais ce prénom m'a donné absolument tout ce que j'avais besoin pour remonter la pente et être la personne que je veux vraiment être.

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant