Médusa

Les réactions de mon père et de ma sœur

Maintenant que je suis enfin moi sur les réseaux sociaux, j'étais en attente d'une réaction de la part d'une personne particulière : mon père. J'étais tellement angoissé à l'idée d'être rejeté ou insulté que son temps de réaction (enfin de compte très court pour une annonce pareille) m'a paru durer une éternité. C'était devenu un calvaire à chaque fois que mon téléphone vibrait parce que j'espérais que ce soit lui. Je voulais aussi lui laisser le temps d'avaler la pilule comme on dit. Et il se trouve qu'il a réagi de manière très positive mais avec quelques nuances dans son discours. L'incompréhension d'une telle annonce l'a (je pense) un peu chamboulé et il avait besoin d'une personne sur qui rejeter la faute. Mais il s'est tout de suite repris en disant que si j'étais "heureuse" comme ça s'était l'essentiel. Par contre il a eu le respect et la délicatesse de me prévenir qu'il n'était pas capable de m'appeler autrement que par mon deadname et me genrer au masculin. J'ai trouvé ça très positif car au lieu de me faire me sentir rejeté à cause de ça, il me prévient qu'il n'en est pas capable. Et dire qu'on est pas capable de faire quelque chose relève pour moi d'une certaine forme de sagesse : admettre ses limites tout en acceptant la personne en face de nous avec respect.

Ensuite il m'a fallu expliquer les choses à ma petite sœur de 11 ans ( "demie-sœur" du côté de mon père). Mais comme du fait de son jeune âge elle n'a pas accès aux réseaux sociaux et qu'elle n'a son téléphone que le week-end j'en ai profiter pour lui copier-coller le texte que j'avais écrit sur les réseaux. Sauf que c'était un texte trop long et pas forcément adapté à la compréhension d'une jeune fille de son âge. Du coup j'en suis venu à lui faire un résumé simple, rapide et efficace. Dans la foulée je lui ai demandé si elle avait des questions et elle m'a répondu qu'elle ne savait pas quoi en penser. J'ai donc décidé de laisser la nuit et la journée avant d'en reparler avec elle. Je lui ai demandé si mes propos de la veille ne l'avait pas trop "perturbée" et quand elle m'a répondu que non, j'ai tout de suite compris qu'elle m'acceptait et qu'elle m'aimait comme je suis. Je n'ai eu de cesse de lui dire à quel point j'étais fier de sa tolérance et de sa maturité. Ma sœur, vous savez, dans la vie elle montre pas trop son affection, elle fait un peu partie de ce que j'appelle "la génération emojis". Et quand j'ai vu qu'elle m'avait envoyé des cœurs, j'ai tout de suite compris qu'elle m'aimait d'un amour inconditionnel.

Après toutes ces réactions positives, je suis maintenant libre d'être moi et de me genrer moi-même correctement !