Giant Jack

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Giant Jack is on my back... Giant Jack is on my back...
Voilà que je chante cette chanson en boucle dans ma tête. Je crie au spécialiste du deuil et de l'ombrologie de venir me secourir. Mais chez moi, pas de petite horloge bloquée sur une heure, pas de livre sur la mort. Seulement ma nouvelle ombre de 4 mètres de long. Elle est tellement grande que je me prends les pieds dedans sans arrêt. Elle est d'un noir aussi profond que si la France avait une panne générale d'électricité. Noir total. Noir opaque. Noir angoissant. Pourtant je me dois de vivre avec. J'en ai besoin pour faire des plâtres à mon coeur, pour réparer tout ça. J'en ai besoin pour faire le deuil, le deuil de moi-même. C'est ce que Giant Jack m'a dit. Il m'a dit que la mort de soi-même était la pire de toute. Qu'il faudrait du temps et du courage pour dire au-revoir à l'ancien moi. Pour dire au-revoir au passé encore plus sombre que ma cape. Giant Jack a dit à ses autres patients que le monde des morts n'était pas pour les vivants, qu'ils n'y trouveraient rien. Mais moi il m'a emmené avec lui. Plusieurs fois. Ces histoires de tunnel et de lumières blanches sont des conneries. Il n'y a rien de tout ça. Seulement du noir, du vide. Comme une anesthésie générale sans fin. Un sommeil de mort, sans rêve, sans rien. Le vide est terrifiant, on s'en remet jamais totalement quand on le vois vraiment. Je comprends pourquoi la mort fait peur. Je comprends pourquoi le médecin a dit que j'étais malade du cerveau, en un peu plus gentil. Giant Jack a du mettre trop de mort dans mon vaccin et elle s'est infiltrée dans mon cerveau, dans ma mémoire. Mais dans la vie Giant Jack s'appelle « Trouble de Stress Post-Traumatique », un nom ridicule pour une si grande cape et un si grand voyage. Mais Giant Jack will always be on my back for now...

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant