Sieste

37 2 0
                                    

En rentrant des cours je me suis écroulé. J'ai enlevé une chaussure et je me suis endormi sur mon lit, tout de travers. J'étais fatigué. J'avais franchement pas passé une bonne nuit. Donc je me suis rien dit du tout et je me suis juste allongé. Quand je me suis réveillé, j'avais les yeux humides, je tremblais de partout et j'avais envie de pleurer.

J'ai pas mis longtemps à comprendre que dans mon rêve j'étais projeté en 2013, j'avais 13 ans et j'étais allongé sur le parquet de la chambre de mon frère. Je n'expliquerais rien dans les détails ( je l'ai déjà fait sur des feuilles volantes).

Je me souviens juste avoir désiré que maman vienne nous souhaiter une bonne nuit. Juste qu'elle ait ouvert la porte, pour tout arrêter. Il aurait eu peur. Il m'aurait envoyé me coucher. Mais elle n'est pas venue. Elle ne nous a pas souhaité bonne nuit. Elle ne l'a pas arrêté. Et je me souviens de mon souffle, j'arrivais plus à penser. Je savais même plus quelle heure il était. Juste qu'il était tard, que je voulais dormir.

Je me suis réveillé avec cette phrase en tête "Maman n'est pas venue. Tout est de ta faute". La pensée typique des victimes, me diriez vous. Oui probablement. Mais j'ai réalisé que tout ça avait un sens bien plus profond. Ce n'était pas seulement de ma faute parce que j'étais au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais bien parce que j'avais participé de manière active à ce "jeu" dans lequel il m'a entrainé. En y réfléchissant un peu je dirais même que je lui ai facilité la tâche. Bien que rien ne justifie un rapport non consentis entre deux personnes, encore plus si elles sont frère et sœur.

Mais ce qui est fait est fait et dans ce "jeu" c'est en sous-vêtements que je me suis retrouvé. Et j'arrête pas de me dire que si j'avais tenu tête, que si j'étais allé me coucher plus tôt, que si j'avais pas accepté son "jeu" pervers, j'en serais pas là.

Parce qu'aujourd'hui, lui ne paie pas les conséquences de ses actes. J'ai bien essayé d'obtenir réparation, mais Monsieur n'a pas été inquiété. Tout le monde a dit que j'avais menti, avec absence de preuves et l'affaire était terminée.

Aujourd'hui, il rôde autour du lycée comme un charognard guette un cadavre. Et aujourd'hui, j'ai peur. Devant le lycée, aux arrêts de bus, dans la rue. J'ai peur de me retrouver face à cet homme qui me poursuit jusque dans mes rêves et les transforme en cauchemars. J'ai peur qu'il regarde ces filles auxquelles je tiens de cette lueur que je lui ai déjà vu.

Et tout, absolument tout, me ramène à lui. La musique, les films et tout ce qu'on a déjà fait ensemble. A chaque fois je me dis, que ce temps passé ensemble est du temps où je suis resté avec celui qui m'a fait du mal.

J'aime sa musique. J'aime ses mangas et tout ce que j'aime me rapproche un peu plus de lui.

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant