Déversoir 2

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Je suis en appel vidéo avec mon copain. Pourtant je suis là mais ailleurs à la fois. Je capte pas ce qu'il me dit. Comme si ça me passait au-dessus. J'essaie de me concentrer sur ce qu'il me dit, mais je n'y arrive pas. J'écoute sans écouter. Je réponds sans répondre. Je suis à côté de la plaque. Je suis pas là. Absent. Envolé. Pourtant j'aimerais bien être là. Comprendre ce qu'on me dit quand on me parle et écouter vraiment. Faudrait que je sois moins sur mon téléphone, que je lâche un peu. Mais depuis quelques jours dès que je reçois un message, je me précipite dessus. J'ai le coeur qui bat et j'attends juste de voir un prénom. Un prénom qui n'est pas celui de mon copain, ni celui de ma meilleure amie. Un prénom censé appartenir au passé, en toute logique. Mais c'est un prénom gravé, cinq années, au fond de mon âme. Un prénom. Un visage et tellement de souvenirs. Des rires. Et des larmes aussi. Surtout quand ma mère s'en est prise à elle. Qu'on a été arrachés l'un à l'autre. Elle a créé un gouffre, un énorme trou. Et la seule à pouvoir le remplir c'était celle que j'appelais "ma Princesse". Nos vies ont changées, on a grandi, on a évolué. Pourtant elle me manque toujours autant. J'arrive même pas vraiment à définir ce que je ressens. J'sais même pas. Mais si je suis totalement honnête, je dirais même que c'est plus que de la nostalgie finalement. J'suis pas vraiment très au clair avec moi-même, j'sais pas vraiment. J'veux pas tout foutre en l'air. J'ai un copain génial, chez qui je vais vivre à la rentrée. Une meilleure amie qui se bat de toutes ses forces pour que j'aille bien. Et de l'autre côté y a cette fille, qui disons-le, m'as toujours obsédé. Quoique je fasse, quoique je dise.  Elle est toujours avec moi, comme une ombre qui me suivrait partout. Sauf que celle-là, je l'admets, j'ai pas vraiment envie de m'en débarrasser. Pourtant, c'est pas le genre de personne équilibré. Je l'ai su dès le début de notre relation. Mais je me suis attaché aussi dès le début, ce qui m'a rendu aveugle. Et je le suis toujours. Mais le pire, c'est que je veux pas m'en détacher. J'en ai pas envie. Cette nana m'a manqué toute mon adolescence. J'ai toujours été follement amoureux d'elle.

Il y a quelques mois, j'ai découvert que j'étais polyA ( ou polyamoureux : je peux tomber amoureux de plusieurs personnes, je peux ressentir soit une attirance sentimentale, soit une attirance sexuelle) . Et je dois dire que ça à pas mal foutu la merde dans mon couple. Au point que j'ai failli le pousser jusqu'à la rupture et perdre d'une pierre deux coups, mon copain ET ma meilleure amie. Pour ne perdre ni l'un ni l'autre, j'ai retenu mes sentiments en camisole de force. Et si je suis complètement honnête, j'ai peur de devoir en rajouter une deuxième. Je veux rien faire exploser du tout. Mais j'me connais, et cette fille, c'est une passion qui ne m'a jamais quittée.

Le truc, c'est qu'elle m'a toujours manqué. Partout où j'allais, j'espérais la croiser. Je faisais le tour de l'hôpital pendant les consultations à la recherche d'une porte de chambre avec son nom dessus. En quatre ans, on s'est retrouvés deux fois. Une fois, on a passés la journée entière, ensemble. C'était une journée fabuleuse qui a rempli mon coeur de joie pendant des mois. Ça me mettrais presque des frissons rien que d'y penser. La deuxième fois, j'avais les jambes qui tremblaient...

Je l'ai aimé. Mais si je suis honnête je suis pas sûr que ça appartient au passé. Et la vérité c'est qu'il y a toujours un bout de moi qui continue à l'aimer. Quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise. Et j'ai beau savoir qu'elle est nocive, pas nette, je crois que c'est foutu.

J'crois que c'est ça, que j'essaie de cacher. Et si je le dis aujourd'hui, c'est seulement un témoignage d'honnêteté et d'amour pour ceux que j'aime. Alors voilà ce qu'il se passe si je suis honnête avec moi-même.

J'voudrais juste rajouter un truc : Mon copain est l'homme de ma vie. Quoiqu'il arrive. (bébé je t'aime <3 )

MédusaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant