9.
J'ouvre d'abord un œil, puis l'autre, et les deux. Au départ, je ne me souviens plus où je suis, puis ça me reviens : la dispute, la fugue, Nat. J'ai bien dormi, je crois que ça fait longtemps que je n'avais pas passé une si bonne nuit. Je remarque la veste de Nat posée sur moi, comme une couverture. Le soleil est déjà assez hautdans le ciel bleu.
C'est en voulant m'étirer que je remarque que Nat me tiens la main dans son sommeil. Je ne bouge pas. Je le regarde, endormi. Il sourit. Trop kawaii ! Je ne sais pas trop pourquoi mais je me penche vers lui et lui pose un baiser sur le front. Il ouvre violemment les yeux et s'écrit :
« Miss macaron 2/Nat 1 »
J'éclate de rire, et il finit bien vite par m'accompagner, malgré lui. Puis,il s'étire doucement, en faisant craquer ses doigts. Il finit par se lever et ramasse son tee-shirt (j'avais oublié de préciser qu'il était torse nu). Je remarque d'abord ses abdos bien dessiné mais quand il se retourne ... je ne peux m'empêcher de pousser un petit cri, que Nat entend, quand il comprend la raison, c'est trop tard.
Il enfile rapidement son tee-shirt et commence à tourner en rond en répétant :
« c'est une blague, c'est une blague, ... »
Moi je ne bouge pas. Je ne respire même plus. Je le regarde, horrifiée.C'est pas possible. Je n'en crois pas mes yeux. Je ne l'aurai jamais deviné. Le premier sentiment qui me vient c'est de la pitié puis je finis par me dire qu'il est très courageux. Il cache bien son jeu.C'est ... c'est horrible. Comment peut-il vivre avec un tel secret ?!Je ne pourrais pas. Il ... il se fait ... battre. Il a d'immenses marques de fouet dans tout le dos. Ça peut expliquer la raison pour laquelle il n'a pas eu mal quand je l'ai frappé hier.
« Nat, écoute, je ...
-Non, écoute moi.
-Tu...
-Je ne suis pas sûr de savoir l'expliquer, tu vas être la première personne qui va entendre mon ... histoire ... de ma propre bouche. Je suis né dans une famille de riche. J'étais fils unique et mes parents consacraient leur temps pour moi. On était une formidable famille. Puis un jour, tout à basculer. Un soir, on était tous à table entrain de manger quand ma mère à annoncer une merveilleuse nouvelle, qui n'a pas plus à mon père, ah ça, pas du tout. Elle expliqua qu'elle ... qu'elle était enceinte. J'ai sauté de joie,j'avais seulement 3 ans mais je rêvais d'avoir une petite sœur ou un petit frère. Mon père s'est levé et a dit à ma mère qu'il fallait qu'elle avorte, qu'il ne voulait pas un nouvel enfant. Déjà un lui suffisait largement surtout qu'il ne m'avait même pas voulu.C'est là que j'ai compris que mon père n'aimait pas les enfants. Ma mère m'a demandé d'aller me coucher. Je n'ai pas dit non, je suis monté le plus rapidement dans ma chambre. Je les ai entendu se disputer, longtemps ... puis j'ai entendu le bruit sec d'une ceinture sur la peau. Je suis redescendu. J'ai pleuré, très fort. J'étais dévasté. Je me suis empressé de rejoindre ma mère qui était au sol, aussi chamboulé que moi. Elle était secouée par ses sanglots irréguliers. J'ai regardé mon père de la pire façon qu'un garçon de 3 ans pouvait le faire. Il a levé sa ceinture et m'a fouetté une première fois, puis une deuxième et d'autres coups encore. Au bout d'un moment, sans stopper son mouvement, il a hurlait :
« Tout est de ta faute Nat !!! je ne veux plus te voir. Si je t'aperçois encore une fois dans cette maison, je te fais vivre l'Enfer !!! c'est bien compris ?! »
Je me suis tut et suis retourné dans ma chambre. Et tu sais quoi ?Pendant 7 ans après, 7 ans. Je me faisais fouetter tous les jours.Dès que mon père me voyait, il prenait sa ceinture. Je restais murer dans ma chambre en attendant le moment où je pouvais aller à l'école. À mes 10 ans, ma mère a enfin eu l'initiative de me mettre dans un centre d'accueil. Elle n'est jamais venu me voir pour me demander si j'allai bien, je suis resté 2 ans dans ce centre. Je n'arrivais pas à m'intégrer, j'étais traumatisé. J'avais peur ...puis y a eu Lili et Wilson ... et Nayan. Ils m'ont redonné goût à la vie. Dès que je les ai aperçu, j'ai su, que je vivrai bien avec eux. J'étais heureux mais j'avais peur, malgré tout. Mon père,biologique, pouvait me retrouver à tout moment. C'est pour ça qu'on a déménagé. Ça peut paraître bizarre mais au début je ne voulais pas. Ma nouvelle famille avait toujours vécu ici et je ne voulais pas les déranger, mais j'ai fini par accepter. J'ai encore un peu de mal à les appeler papa et maman. Ça fait bizarre. Mais j'essaie de faire des efforts. C'est Lili ... ma mère adoptive du coup ... qui est coiffeuse. »
Quelle histoire ! Je suis heureuse qu'elle se finisse bien. Le pauvre.Je n'avais jamais pensé qu'il avait pu se faire adopter. En même temps, quand j'y repense, Aïci m'avait dit que Nat était venu chercher Nayan, un garçon métisse, il n'est pas du tout métisse.Ça aurait du me mettre la puce à l'oreille.
« Nat... »
Je retient mes larmes de tristesse, d'effroi, de colère ... mais pas lui. Je le comprends. Ses souvenirs doivent lui être extrêmement douloureux. Moi qui me plains tout le temps. Sérieux ? J'ai un petit peu honte là.
Il passe une main dans ses cheveux rouges. Je le regarde, la tête légèrement incliné sur le côté, comme un chiot. Il s'approche lentement vers moi. Cette fois, il sent le feu de bois. Quelle odeur... j'adore. Je ne respire plus. Nat paraît hésiter. Il est en pleine réflexion. Il finit par se décider. Il prend d'abord mes mains dans une des siennes et pose l'autre délicatement sur ma joue.Je le fixe. Ses yeux noisettes sont plongés dans les miens. J'ai l'impression d'être engloutit par ce regard si profond. Puis, Nat termine ce qu'il a commencé en posant subtilement ses lèvres sur les miennes. Je ne le repousse pas ( pas parce que je l'aime) pour lui dire que tout va bien, qu'il n'a pas besoin de s'inquiétait. Ses lèvres restent longtemps plaquées contre les miennes mais je n'ose pas bougé, et puis ... il a toujours son regard plongé dans le mien et ... c'est perturbant. Ensuite, il s'écarte doucement. Le souffle court, je murmure :
« 3 ! »
Il rougit d'abord puis sourit, malgré lui. Il a l'air vachement gêné.C'est sûr qu'il n'y a pas beaucoup de garçon qui embrassent une fille qui ne les aime pas pour s'extraire de leurs chagrins. Enfin ...je crois ...
« Miss macaron ...
-T'inquiète,je ne dirais rien ... à personne !
-Ah euh ... oui, merci. Mais c'est pas ça que je voulais te dire ...
-Ah bon ?
-Rentres chez toi, pour moi, s'il te plaît. Et part pitié, reviens au collège lundi.
-...D'accord, pour toi, Nat. Merci d'être rester avec moi.
-Non,merci à moi.
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Miss macaron
RomanceJe m'appelle : Mira Mon âge : 14 ans Je suis : triste et désespérée Mon style : tant que c'est noir Je rêve : que tout redevienne comme avant Mon problème : depuis l'arrivée de Nat, les mensonges et les catastrophes s'enchainent ... S'inspirant du...