Noir comme un ciel sans étoile

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34.

"Vous voulez ma photo?!"

Lucy est assise sur son fauteuil, je n'arrive pas à savoir, à ce moment là, ce qu'elle ressent. Iris, fidèle à elle même, a encore la tête plongée dans les nuages. Paul me sourit tendrement pour me faire comprendre que j'ai son soutien. Chris me lance un regard de déception tandis que Nat, appuyé à un mur, regarde le sol n'ayant pas le courage de m'affronter. Observée de toutes parts, je ne sais pas comment réagir et me sens de plus en plus mal à l'aise.

Lucy brise soudainement le silence :

"T'avais pas quelque chose à nous dire?

-Princesse ça te dis rien? souligne Nat sèchement

-C'est une blague, tout le monde est au courant?!"

Je lance un regard assassin à Nat mais celui ci m'ignore. Je bous intérieurement. Je ne vois pas pourquoi il l'a raconté aux autres que cette histoire ne concerne que nous et un tout petit peu Chris. Cette dernière me fixe toujours aussi mal. J'hésite franchement à foutre le camp de cette baraque parce que me taper des histoires dès le premier jour c'est pas mon but. mon regard glisse vers Paul et je le vois se lever et il commence à s'approcher de moi. Je suis heureuse qu'au moins une personne ici me soutienne. Il m'attrape le poignet et m'oblige à le suivre. Il m'entraîne vers l'extérieur et nous marchons plusieurs minutes dans le silence avant d'arriver devant un bar sur la plage. On s'assois et mon ami commande deux verres avant de commencer la conversation :

"C'est sûr que j'aimerai avoir des explications mais je ne t'oblige à rien et si tu préfères parler d'autre chose, je comprends.

-Pour l'instant je préfère pas en parler.

-OK."

Un serveur s'approche de notre table et dépose nos verres. Je le gratifie d'un sourire et il s'en va. Je bois une gorgée de ma boisson tandis que Paul change de sujet :

"Alors comme ça t'as déménagé ?

-Ouais mais c'était pas prévu. Je l'ai appris au pied du mur. Je peux te dire que je l'ai très mal pris . T'aurais du me voir ! une vraie dingue, quand j'ai vu ma mère j'ai failli lui sauter à la gorge. Mais quand j'ai vu l'effet de ce déménagement sur mon père, je me suis radoucie. Et puis, je me suis déjà fait des amis et le coin est vraiment agréable. "un petit paradis" comme dit ma sœur."

Il rigole un peu mais très vite son rire s'efface et il me lance un regard triste :

"Tu me manques Mi', tu le sais ça ? Je ne sais plus à qui me confier. Je ne parle pas que de ton déménagement mais notre relation ... me manque aussi.

-Toi aussi tu me manques. Je ne sais plus vraiment à qui parler, t'es le seul à qui je peux véritablement me confier depuis la dispute avec Nat, je garde les choses pour moi et ... ça me fait souffrir.

-Tu sais, tu peux toujours compter sur moi malgré la distance. Je suis là pour toi.

-Dans la situation dans laquelle je me trouve pour le moment, je sais que je suis la seule à pouvoir la régler.

-Tu peux malgré tout te confier, pour te libérer. Se confier est quelque chose de précieux dont nul être humain ne devrait se priver. Imagines un verre, tu le remplis d'eau encore et encore sans jamais le boire, il va se remplir, et à ce moment, la goutte d'eau qui fera déborder le vase sera un véritable danger. Garder tout pour toi c'est pareil, tu ne libères pas ce qu'il y a en toi et le jour où ça explose, c'est un carnage pour toi comme pour tes proches.

-Oh mon dieu! Paul le philosophe  !

-Eh ouais, c'est mon talent caché!"

Je ris à sa bêtise et son rire m'accompagne très vite. Il m'avait terriblement manqué. J'ai l'impression que ses mots me font comme un électrochoc. Je me sens ... libre. Il a raison, la confession est un véritable moyen de délivrance. Je soupir.

Miss macaronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant