Bleu nuit : où les rêves deviennent réalité

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19.

Après l'appel que j'ai passé à Nat je ne sais pas quoi faire. Je reste sur mon lit comme pétrifiée et j'attends. Mais mon esprit, lui, fuse.

Ma mère et mon prof de sport ? Je me demande si il était si gentil avec moi seulement pour elle. Quand il me complimentait, est- ce que c'était réel ? Je viens à me remettre en question. Suis-je vraiment forte en sport ? Ce prof je l'admirais, vraiment. Ça peut paraître bizarre mais il avait ma confiance et je me sens terriblement trahi. Je devrais peut-être me réjouir parce que ma mère est tombé amoureuse de M. Babinton plutôt qu'un autre. Mais non. Rien de cela. Je me dis juste qu'il a gâché le couple de mes parents, notre famille, mon chez moi. Alors je me mets à le haïr.Je me mets à l'insulter et à le maudire. Mais aucune larme ne me vient. J'ai juste envie de vomir. Je me rue dans la salle bain et je régurgite mon déjeuné. Je me relève tant bien que mal. Ma tête tourne, je suis prise de vertige. Je rejoins ma chambre en m'appuyant contre le mur. J'atteins mon lit et m'enfonce dedans, sous toutes mes couvertures. Je sais que ce sentiment de mal être ne disparaîtra pas tant que Nat ne sera pas auprès de moi. Alors j'essaie de me souvenir d'hier.

J'observe la pièce de Nat en l'attendant. Il est allé aux toilettes. Je remarque alors que ses murs sont couverts de phrases écrites à la main sur le papier peint blanc. Je pose ma main dessus et j'ai l'impression de ressentir la douleur des mots. Je verse une larme mais l'essuie très vite par peur d'être découverte. À part ça, la chambre est impersonnelle, basique, et vide. Un lit, un bureau, une télé. J'ouvre un tiroir de son pupitre et découvre une multitude de dessin. J'en prends une bonne pile et m'assois sur le lit pour les contempler. Il y en a beaucoup en noir et blanc. Douleur, angoisse et colère. C'est ça que je ressens quand je les inspecte attentivement. Puis je remarque des exquises magnifiques du fille. C'est moi. Je reconnais facilement mon visage. Je soupire et la porte s'ouvre sur Nat.

« Qu'est ce que tu fais ?

-Tes dessins sont splendides, vraiment.

-Tu trouves ? Me demande t-il en fronçant les sourcils.

-Ouais.

-Alors je suis content. Je m'excuse encore de ne pas t'en avoir parlé plus tôt mais avec la dispute ...

-Oublions, c'est du passé. »

Je lui fais un clin d'œil et il a souri de toutes ses dents avant de s'asseoir près de moi, de poser ses béquilles par terre et de me serrer fort dans ses bras. Je pouffe et plaisante qu'il n'a pas le droit de faire ça. Cependant il ne me lâche pas et avec sa main qui se trouve dans mon dos, il trace un cœur parfait. Comme lui.

Je suis tirée de mes souvenirs par le bruit mat de coups répétés sur la porte d'entrée. Mon père grogne qu'il arrive et va ouvrir. Je l'entends saluer la personne mais sans grande enthousiaste et dire que je suis dans ma chambre en indiquant où elle se trouve. Je me relève un peu et respire pour ne pas pleurer. La poignée se baisse et quand ma porte s'ouvre, je me jette dans ses bras, les larmes aux yeux en m'agrippant comme je peux à lui. Il trébuche un peu mais se retient grâce à ses béquilles. Il me chuchote à l'oreille que l'on a pas le droit de se prendre dans les bras et je me sens déjà mieux. Sans mon autorisation il rentre dans ma chambre et l'observe. Je me mets à rougir terriblement. Ma chambre doit un peu faire gamine par rapport à la sienne et puis elle n'est pas vraiment ranger. Et rajouter à ça mon tiroir de sous-vêtements est ouvert. Je m'empresse de le fermer et Nat lève les yeux au ciel , un sourire malicieux plaqué sur le visage. Il semble attiré par une feuille froissée et en boule négligée près de mon bureau. Je réfléchis et me rappelle ce que c'est. Faites qu'il ne regarde pas ! Il la ramasse et commence à l'observer. Je fonce sur lui pour la récupérer mais il fait un pas de côté super rapide malgré ses béquilles et je m'écrase par terre tandis qu'il commence à lire à haute voix :

« Ma vie était catastrophique. Puis j'ai rencontré Nat. Et elle s'est empirée. »

Ce dernier fronce les sourcils alors que je deviens écarlate. Je me relève et essaie de lui arracher mais il continue sa lecture faisant attraction de moi :

« Mensonges, disputes et trahisons sont apparus après lui. Et pourtant! Je le haïssais pour ça mais il y avait cependant un petit quelque chose qui m'attirait chez lui. »

Oh mon dieu, dites moi que je rêve, ce n'est pas possible. Il ne peut pas lire ça. Le départ est gênant mais la suite est encore pire !

« Il commença à m'intéresser je voulais le connaître. Il était beau, mignon et sexy ... »

Je suis en plein cauchemar, je vais me réveiller. Ça va aller Mira.

« Mais je découvris bien vite qu'il était également drôle, gentil et adorable. Je ne comprenais pas pourquoi mon cœur battait plus vite quand j'étais avec lui. Jusqu'à la course d'orientation. C'est à ce moment que je compris. »

Non non non. Par pitié non.

« Qu'il était mon autre moitié, ma vie et mon prince. Je l'aimais. Je l'aimais plus que tout. Je vivais pour lui. Je l'aime. Je l'aime. Je l'aime.Il est beaucoup trop mignon quand il joue aux jeux vidéos. J'adore plus que tout nos contacts comme quand il me prend dans ses bras. Je l'aime. Je l'aime. Je l'aime. »

Pourquoi j'ai pas jeté cette stupide feuille ! C'est ça la flemme ! Il va se moquer de moi et je vais en entendre parler pendant des jours voir des semaines. C'est tellement ridicule !!! Je cache mon visage dans mes mains pour ne pas affronter son regard. Je sais que ses yeux m'observent. Il doit sûrement rire. J'ai envie de devenir une souris pour m'enfuir. J'entends des pas puis je comprends qu'il s'est assis sur mon lit. Je n'ose toujours pas le regarder. Il murmure quelque chose que je peux à peine entendre :

« P'tain comme j'l'aime cette fille ! »

Sérieusement ?Je ne suis pas sûre d'avoir bien entendu comme il a parlé pour lui même. Je dois m'inventer des trucs pour pas avoir trop honte. Je l'entends respirer comme pour se calmer. Puis c'est un reniflement que je distingue. Il ... il ... j'ouvre les yeux et le contemple. Il essuie ses yeux d'un revers de main comme si il pleurait avant de me fixer. Ses yeux verts sont profonds. Ils me glacent. Je crois qu'il jure encore car je remarque ses lèvres bougeaient légèrement pour former le mot «Kuso » et si mon japonais est encore bon, ça veut dire « merde ». Je suis dans l'incompréhension totale. Et ses yeux toujours rivés vers moi me paralysent. Il s'approche et attrape mon visage assez violemment avant de m'embrasser langoureusement.

Je ne lui dis pas qu'il m'a fait mal en m'attrapant le visage entre ses mains car son baiser me coupe les mots. Il me rend malade. Mais je ne veux pas qu'il s'arrête. C'est étrange cette opposition entre la violence et la tristesse. Mais ce mélange me convient à ce moment là. Son baiser est tellement puissant. J'ai l'impression que par ce biais là, Nat essaie de me montrer ses sentiments tout en me réconfortant. Je ne ressens plus la gêne de toute à l'heure ou la douleur qui me rongeait. Je sens juste mon cœur battre plus vite que la normale.Prise par un sentiment inconnu, je passe mes bras autour de sa nuque pour prolonger notre baiser au maximum.

Quand nos visages s'éloignent d'à peine quelques centimètres l'un de l'autre, nous sommes tous les deux à bout de souffle. Nos respirations s'emmêlent tandis que ses yeux remontent vers les miens. Nous gardons le silence. On ne sait plus quoi dire. Ce que l'on vient de faire était nouveau pour nous deux. Comme le métal et l'aimant on est attiré l'un vers l'autre mais cette passion est ravageuse. Notre baiser montre une partie de nous que je n'ose imaginait. Je n'ai jamais ressenti un tel désir et une telle excitation. Et lui non plus. C'est pour ça que l'on garde le silence. Pour comprendre ce que l'on vient de faire et ce que ça veut dire : on s'aime beaucoup beaucoup beaucoup trop.Et je sais que ça peut être dangereux pour nous deux. Je le sens mal. Mais Nat est le seul qui me comprend vraiment et le seul que j'aime. Je passe ma main dans ses cheveux décoiffés tout en continuant à le fixait. Il a raison, le mot le plus approprié pour parler de notre relation c'est : Kuso.

Miss macaronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant