Texte 2

25 8 0
                                    


Thème :

Thème :

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Inspiration, profonde. L'odeur d'humus s'infiltre en elle en même temps que l'air humide.

Elle ferme les yeux. C'était là. Là.

Là que tout avait commencé.

Expiration, profonde. Les yeux clos, elle pouvait tout entendre, tout sentir. Du ruisseau qui glissait silencieusement à sa droite au tronc puissant qui frôlait ses doigts. Visualiser le chemin à peine visible qui sinuait sous les herbes épaisses. Reconstituer la vision du ciel que les hautes branches laissaient transparaître...

Quand elle rouvre les yeux, ses iris dissemblables se réduisent comme ceux d'un félin. Déjà il lui semble que l'endroit la fait transpirer sa nature d'antan.

Elle sourit. Un sourire carnassier.

Tout ça pour ça. En retourner là où tout avait commencé...

Tandis qu'elle glisse entre les troncs épais, son pas ne soulève aucun bruit. Sous ses pieds nus, la feuille morte ne crisse pas, la branche ne casse pas, la mousse de bruisse pas.

Seule son âme vit.

Ses paupières se ferment à nouveau. En pénétrant dans la forêt, elle a accepté de pénétrer un autre univers. Un univers d'abîmes d'incertitude et de tortuosité irrésistible.

Fouler le bois de ses pas, c'est jouer avec ses règles. Un monde sans regard. Simplement une dimension de ressentis.

Seule son âme vit.

Et elle la porte. Là où un regard rationnel se serait repu de la végétation luxuriante, ou aurait cherché à suivre le sentier tout tracé en évitant les racines, elle s'imprègne de l'atmosphère hors du temps, en suspens.

Depuis combien de temps a-t-elle laissé la vie qu'elle avait emprunté derrière elle ? Elle l'ignore, et perçoit au même moment que l'interrogation lui vient à l'esprit que cela n'a aucune importance. Le temps n'a pas de prise, ici.

Elle s'avance. N'aurait-elle pas connu les lieux par cœur qu'elle aurait pu tout de même évoluer avec aisance dans le chaos de branches. Son cœur pulse au rythme de la forêt, et lui inspire une harmonie qui la guide davantage que n'importe quel chemin artificiel.

Les sentiers les plus sûrs ne sont pas ceux qui sont les plus empruntés. Ici, les vies se succèdent sans avoir aucune prise sur la configuration des lieux. Parce que les curieux n'y ont pas leur place.

Seul un être qui a été intimement lié aux racines des bois peut espérer retrouver sa route.

Si la forêt l'y autorise.

Elle, n'est pas là pour cela.

Ce chemin, elle l'a déjà pris, il y a des années de cela. Dans l'autre sens.

Elle sourit. Un sourire amer. Jadis, elle aurait ragé, tempêté, tout fait pour ne pas retourner ici. Aujourd'hui, elle est simplement lasse. Elle a oublié ce qu'est la fierté. Ou, plus exactement, elle n'en ressent plus l'once d'une utilité. Elle en rirait presque. Rien n'a changé, après tout. Quelle que soit la volonté qu'elle avait voulu mettre pour s'éloigner, quelle que soit la rage avec laquelle elle avait rejeté l'endroit, au final ç'avait toujours été ici, le lieu auquel son esprit aspirait. Elle a cédé.

A mesure qu'elle progresse, ses pas sont plus lents. Ce n'est pas en courant qu'elle trouvera plus vite sa destination, mais en ralentissant. Pour que chaque pas, chaque foulée, traduise une pulsation de battement de cœur. Le cœur des arbres.

Elle les sentait. Tout près, tout près. A l'orée de sa conscience.

La forêt est trop profonde. Le chant des oiseaux ne l'atteint même plus.

Elles étaient là. Lumières d'esprits. Joueurs, menaçants.

La forêt est trop grande. Les feuilles rêches ne la frôlent même plus.

Ils étaient là. Fantômes de ceux qu'elle avait jadis appelés amis. Tendrement.

La forêt est trop imprégnée. L'air humide ne l'anime même plus.

Son univers n'est plus que cœur qui bat. Âme qui vit.

Tout son être tremble.

Devant elle, l'Arbre.

Inspiration, profonde. Les réminiscences d'une autre vie s'infiltrent en elle en même temps qu'une clarté nouvelle.

Elle ouvre les yeux. C'était là.

Là.

Là que tout avait commencé.

Devant elle, l'Arbre. Une vibration à l'unisson.

L'écorce est chaude contre sa paume. Palpite doucement jusqu'au sein de sa conscience. La douceur d'une mère qui se niche au creux de sa poitrine.

C'était là.

Là.

Là que tout avait commencé. Là que tout devait se terminer.

Expiration, abyssale. Elle laissa ses doutes derrière elle pour se fondre dans l'écorce.


Texte écrit par Layssira. Une fiction AS sur Violette (Un futur en cendres, et des larmes au goût de sang) à retrouver ici : http://www.amoursucre.com/forum/t57255%2C1-violette-ζ-un-futur-en-cendres-et-des-larmes-au-goût-de-sang.htm

Chrono ChallengeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant