Thème : Au cœur de la tempête
Je n'ai jamais dit à personne tous les efforts que j'avais fait pour être heureuse. Non. C'est mon secret. Faire semblant, sourire, être indépendante... C'est ce que j'avais fait, et j'ai convaincu bien des gens de mon soi-disant bonheur.
Mais c'est un secret que j'ai gardé longtemps. Et il y a de ces choses pour lesquelles j'ai longtemps cru. Celles de croire que je pouvais être heureuse avec un garçon, par exemple. Je me suis pourtant toujours menti. Pourquoi je m'entêtais à suivre le carcan social et à croire que je pourrais aussi m'y plaire ? Au final, je n'ai réussi qu'à taper plus fort sur le clou. Je n'ai réussi qu'à me mettre des bâtons dans les roues. J'ai réussi à perdre espoir.
J'ai assez souffert de ces histoires d'amour que j'ai cessé d'espérer la bonne personne pour moi.
J'ai toujours été une fervente idéaliste. J'ai eu l'amour comme deuxième nom. Notre histoire était de trouver notre moitié, notre contraire, notre mâle personnel et de faire de nombreux enfants. C'est vrai, c'est ce qu'on nous apprend dans les Disney. L'histoire prend fin lorsque les enfants entrent dans le décor. Et ils vécurent heureux et eurent de nombreux enfants. La phrase biblique, quoi. Mais lorsque tu es quelqu'un comme moi, que tu écoutes tous ces films depuis ta tendre enfance, tu y as cru. C'est peut-être mon côté cynique. Mon côté désillusionné, après tout. Peut-être c'est ma voix d'adulte. Mais... à présent, je sais que ça ne se passe pas comme ça. J'ai appris aussi qu'il n'y avait pas juste l'amour homme-femme et l'amitié femme-femme.
Il y a les femmes comme moi qui aiment d'autres femmes. Et c'est dur de se l'avouer. Ouais... d'accord... Je le suis, différente, c'est bien, on passe au suivant. Ensuite, c'est de changer la mentalité de ce qui se passe dans ta tête. Tous mes rêves d'enfance, de faire des bébés et vivre heureuse avec mon homme, c'est un gros hangover. J'ai tellement envie de vomir tellement que ça me rend malade. Y'a de quoi rester dépressif un bon moment quand tu te rends compte que tout est fini pour toi. C'est con, y'en a qui s'en sentent délivré (mais pourquoi on en revient toujours à disney...). Mais moi, j'ai du mal. J'ai du mal à croire que tout ce que je sentais se plaindre au fond de moi, ce qui gémissait parce que je refoulais, devenait à présent ma réalité. J'ai du mal à croire que c'est vrai. J'aurais aimé que non, j'aurais aimé être sur ce qu'on projette encore comme le droit chemin, la normalité. J'aurais aimé être comme mon père et ma mère qui se plaisent à coucher ensemble parce qu'ils aiment ça. Et que ça leur convient.
Mais moi, je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à coucher avec un gars sans que ça me plaise.
Je n'arrive pas à faire que tout va bien. Que tout est ok. Je n'arrive pas à croire que ça m'arrive à moi, tout ça. Rien que dire le mot avec lequel on va me désigner me dégoute. Je refuse de me faire nommer ainsi. Je refuse de croire que c'est désormais ma réelle identité. Et en plus, je déteste le rangement, alors pourquoi je devrais faire partie d'une case à part pour être classer ? Pourquoi ne peut-on juste pas être normal comme tout le monde sans en faire un drame familial, sans se faire questionner là où ça fait déjà mal et sans se faire juger au milieu de la rue ? Pourquoi je me fais dire que si tu n'es pas hétéro, tu es ça et c'est tout ? Pourquoi ai-je peur qu'on m'invite dans un trip à trois si j'ose m'affirmer... ? J'en ai peur. Ça fait peur. Je déteste déjà les regards sur moi alors pourquoi faut-il qu'en plus de ça... tout ce qui bouille au fond de moi contredise ma volonté de passer inaperçue ?
Et puis, bien même que je décide de sortir un peu, de rencontrer de nouvelles personnes... comment je m'y prends pour manifester mon intérêt ? C'est déjà assez malaisant comme ça... comment je fais pour y arriver ? Est-ce que c'est possible d'être discrète... bon sang. Pis ouais, est-ce que c'est comme avec les gars ? Je te garantis que tu vas mouiller as fuck ? Ça ne me dégoute rien que d'y penser. Tant qu'à y être, je préfère rester malheureusement toute ma vie et je vais m'autosuffire par moi-même. Ne cassez pas mes rêves d'être une plante. C'est comme ça, voilà. J'ai bien beau me dire que c'est la meilleure solution, mais au final, ce n'est pas ce que je veux. Ce n'est pas ce que je désire et je le sais bien au plus profond de moi. Disney a le mérite de faire rêver et bien que j'en crache dessus à présent (juste pour le moment...), j'ai cette fichue idée que j'ai besoin de quelqu'un. Je me sens seule. C'est lourd. Quand ça fait déjà un bon moment que tu attends quelqu'un...
Je rêve parfois d'avoir quelqu'un près de moi, qui m'entoure de ses bras, me réchauffe quand j'ai froid, qui m'embrasse derrière l'oreille le matin en me chuchotant qu'elle m'aime. Juste que quelqu'un me dise qu'il m'aime. Qu'elle m'aime...
C'est dur à dire.
Mais juste me dire qu'elle m'aime. De pouvoir lui dire aussi. De pouvoir compter sur une autre personne, de te soucier de quelqu'un d'autre aussi. D'être deux. On a beau me rappeler à toutes les fois qu'être célibataire, ça a aussi ses vertus, mais j'en ai marre de l'être. J'ai envie d'être heureuse moi aussi avec quelqu'un. J'ai envie de faire les boutiques. J'ai envie de cuisiner à deux, j'ai envie merde de faire l'amour, c'est assez clair. J'ai envie d'être accompagnée au mariage de mes potes. J'ai juste envie qu'on soit deux sur les activités que je fais. D'être deux presque partout.
J'ai envie de trouver l'amour qu'on nous parle, de cet amour qui nous fait rêvasser. Est-ce que c'est possible bordel d'y arriver ?
Texte de Peech (http://www.amoursucre.com/forum/t85211%2C1-charlotte-rosalya-france-québec.htm)
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Chrono Challenge
NouvellesMalgré un titre qui peut prêter à confusion, il s'agit bien d'un recueil de nouvelles, pas d'un challenge, puisqu'elles ont été écrites au préalable et dans un cadre autre que celui de Wattpad. Ce livre répertorie les nouvelles écrites par les membr...