Thème : Mystères du passé.
Enfant, il y a toujours ces histoires qu'on raconte avec cette morale à la fin. Jamais hélas, on ne parle de la réelle histoire qui est derrière le mythe. On ne parle que rarement de la personne qui a vécu tout cela : ses craintes, ses peurs, ses rêves. C'est à croire que cette personne n'a jamais existé.
Alors que pourtant, cette histoire est la sienne.
Aucun étranger n'avait franchi les terres du Clan depuis quelques années. Comme bien des enfants, Morwan était turbulente. Elle allait voir un étranger pour la première fois de sa vie. Les vieilles femmes du village n'avaient jamais été plus bavardes lorsqu'on parlait de ces héros qui avaient sauvé le Clan. Ces hommes étaient venus en sauveurs. Décimés par la maladie, très peu d'hommes avaient survécu. Il fallait assurer la descendance et les femmes ne pouvaient choisir qu'un seul homme. La venue de ces hommes avait changé le destin tragique qui attendait le Clan à ce moment.
Morwan faisait partie de ces enfants dont le géniteur était un étranger. Elle était une métisse, mais qu'importe. Au vu de la situation, il n'y avait que très peu d'enfants qui ne l'étaient pas. Ainsi, nombreux étaient les enfants qui avaient hâte de revoir leur père. Ils attendaient tous avec impatience.
La mère de Morwan, Sora, tressait les longs cheveux noirs de sa fille. La première tresse reliait Morwan à la terre. Elle représentait la reconnaissance. La deuxième tresse représentait le lien de Morwan au Clan. Sora inséra un bijou argenté autour de celle-ci. L'argent représentait la fierté, son éclat brillant attirait le regard et Morwan méritait d'être la première à être regardée par son géniteur. La troisième tresse représentait le monde de l'au-delà, ce monde de couleurs que les vieilles sages imaginaient. Sora y inséra quelques petites tresses de couleur afin d'honorer ces esprits. Sa petite était prête à être présentée. La majorité des femmes était nerveuse : après tout, ça faisait quelques années déjà qu'aucun étranger n'était revenu. Bien qu'ils eussent aidé par le passé, certaines femmes pouvaient toujours donner vie, et c'était toujours un pressant besoin pour certaines. Sora se prêta aussi à paraître aussi désirable que possible.
C'était avec impatience que le village attendait la venue des étrangers après qu'on ait signalé leur présence un peu plus loin. Sur des chevaux, dans les bois, ils arrivèrent à la tombée de la nuit. Sora ne trouva pas cela pratique, contrairement à la dernière fois, mais elle se tut. Elle n'avait pas à parler, elle avait autant hâte que sa fille qui gigotait à côté d'elle. À la différence de la dernière fois, les hommes s'étaient vêtus eux aussi de leurs plus beaux atouts. Ce n'était pas les mêmes que la dernière fois. Sora avait imaginé se retrouver dans les bras de l'homme qu'elle avait aimé au cours de quelques nuits. Elle masqua sa déception alors que Morwan tira sur sa main en souriant doucement, demandant dans sa langue natale qui était son père parmi ces hommes. Sora secoua la tête. Elle ne se sentait pas bien. Autour d'elles, Sora remarqua aussi que certaines femmes montraient une aura dépitée. La grand-tante de Morwan, Tawana, sortit de sa tente. Ses cheveux gris tressés jusqu'en bas de ses fesses, elle fronça les sourcils devant l'arrivée de ces étrangers. Et à la surprise de tous, elle rentra dans sa petite hutte sans explications. Morwan ne comprenait pas ce qui se passait exactement. Pourquoi sa grande tante, la sœur de son père, manquait-elle autant de respect à des étrangers ?
Un homme plus décoré que les autres avec des choses qui brillent descendit de son cheval. Il marcha lentement vers la cheffe du village et la salua. Bien que la langue des étrangers soit plus compliquée à parler, la cheffe communiqua rapidement avec lui en prenant le temps de bien découper les mots qu'elle avait appris autrefois. Morwan remarqua l'impatience de l'homme devant le temps que prenait la cheffe à lui répondre. La jeune fille s'impatienta aussi. Elle se dirigea par elle-même vers le premier inconnu sur la gauche, armé d'une lance et d'un arc dans son dos. Morwan lui fit un très beau sourire. L'homme un peu malaisé recula un peu. Morwan nomma le seul mot qu'elle eut appris dans le langage des étrangers : papa. Les hommes se regardèrent tous un instant. Un éclat de rire retentit et calma le malaise.
Les hommes furent accueillis finalement. Et pourtant, la tante de Morwan ne se présenta même pas. Morwan avait été voir ce que sa tante faisait. La fumée dans la tente lui brûla les yeux et elle se sentit toute bizarre à force de regarder ce que Tawana faisait. La vieille dame marmonnait avec d'autres sages quelques mots dans un dialecte plutôt étrange que Morwan n'avait jamais entendu. Mais le rituel devint rapidement inintéressant pour elle et c'est en riant et en hallucinant des choses qu'elle se dirigea vers l'homme qu'elle avait désigné comme son père. Sans gêne, elle s'assit sur ses genoux, quêtant un peu d'amour paternel. Elle l'avait choisi. C'était lui maintenant son père et elle rit doucement contre lui.
Morwan passa sa soirée à tenter de comprendre la langue de l'homme. Elle apprit quelques mots et tenta de comprendre les autres hommes. Certains étaient déjà partis dans la tente avec d'autres femmes, et Morwan ne vit pas Sora. Son père, un prénommé Firmin, l'emmena se coucher. Elle comprit qu'il lui souhaitait de beaux rêves et remit dans sa main l'objet le plus beau qu'elle avait jamais vu dans sa vie. C'était tellement mystérieux, étrange. Sensible aux mystères, Morwan sentit l'aura émaner de l'objet et elle le garda près d'elle, dans son cœur.
La jeune fille n'entendit jamais le massacre ensanglanté dans la nuit. Jamais elle ne se réveilla de son sommeil. Et pourtant, le lendemain matin, elle se trouva au milieu d'un carnage : des corps étaient brûlés, des chevaux succombaient à la douleur, il n'y avait plus aucune tente. Morwan chercha sa mère dans les décombres. Elle murmura son nom, perdue confuse.
- Morgane ?
Morwan se retourna devant l'appellation de son nom par Firmin, l'étranger qu'elle avait accueilli et adopté. Firmin fronça les sourcils en regardant les cheveux désormais blancs comme neige de la petite, qui les avait noir foncé la veille.
- Voudrais-tu me donner la relique, s'il te plait ?
Elle ne comprit pas, mais elle donna quand même l'objet. Elle avait peur. Il était le seul présent. Elle comprit néanmoins la gravité de la situation. Et elle comprit parfaitement la phrase qu'il finit par dire, après avoir regardé la dévastation du village.
- Viens Morgane.
Un texte de Peech, auteure par ailleurs d'une fiction AS sur Charlotte et Rosalya, France-Québec : http://www.amoursucre.com/forum/t85211%2C1-charlotte-rosalya-france-québec.htm
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Chrono Challenge
Short StoryMalgré un titre qui peut prêter à confusion, il s'agit bien d'un recueil de nouvelles, pas d'un challenge, puisqu'elles ont été écrites au préalable et dans un cadre autre que celui de Wattpad. Ce livre répertorie les nouvelles écrites par les membr...