Chapitre 05

1K 111 21
                                    

Matthew regardait Klaus et Théo faire la fameuse vague corporelle depuis plusieurs minutes, débattant sur celui qui la faisait le mieux. Il riait en les voyant l'imiter. Il avait finalement compris que ce n'était pas forcément de la moquerie. Enfin, un petit peu, mais c'était bon enfant.

Une quinzaine de minutes plus tard, la porte de la chambre fut déverrouillée et s'ouvrit sur Léo, les bras chargés. Les garçons se jetèrent presque sur lui et Matthew fut tenté de faire la même chose lorsqu'il comprit ce que transportait le jeune homme.

« KFC ! T'es vraiment mon frère unique préféré ! s'exclama Théo en attrapant un des sacs contenant le poulet frit. »

Léo tendit un second sac à Klaus qui sautillait à côté de lui, surexcité. Il déposa ensuite un autre sac dans les bras de Matthew, un rictus aux lèvres.

« Je voulais te prendre un menu enfant, mais il n'y avait pas de tutu dans les cadeaux alors je t'ai pris comme tout le monde. »

Il avait promis de faire des efforts. A première vue, Léo n'avait pas prévu d'en faire de son côté. La question restait désormais ... Matthew devait-il bien se comporter avec lui aussi ou devait-il tenter de répliquer ?

« Merci. Combien je te dois ? lui demanda-t-il. »

Il avait sa réponse. Il se comporterait bien, en espérant que celui-ci finisse par soit laisser tomber ses piques, soit par s'énerver face à son indifférence. Dans les deux cas, Matthew sortirait gagnant et après tout, le résultat n'était-il pas le plus important ? Cependant, il n'eut droit qu'à un petit ricanement de la part du jeune homme avant que celui-ci n'aille s'installer sur son propre lit.

« Tu ... ne manges pas ? s'étonna Matthew en l'observant.

J'ai mangé ce midi ... comme une personne normale et n'ayant pas abusé de l'alcool. »

Matthew, surpris, attrapa son téléphone. Seize heures. Aussi tard ? Les verres de la veille lui avaient fait perdre la notion du temps. Mais au final, regrettait-il ce petit écart ? Pas tellement. Il avait pu découvrir que Klaus et Théo n'étaient peut-être pas aussi horribles que cela et ça le rassurait pour la suite du séjour. Bon, bien sûr, si cela avait pu arriver sans qu'il ne les défie en danse et qu'il aille clamer à toute l'auberge sa suprématie, cela aurait pu être beaucoup mieux. Mais on avait jamais rien sans comme le disait le proverbe.

« On fait quelque chose ce soir ? demanda alors Klaus. »

Matthew sursauta, un morceau de poulet entre les dents. Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi. Ils ne voulaient quand même pas remettre ça ? Il n'y survivrait pas. Ok, il avait dit qu'il ne le regrettait pas, mais une deuxième soirée de ce genre, aussi rapprochée de la première, signerait sûrement sa fin.

« Le minus est en train de paniquer, ricana Léo. Je crois qu'il a plus de mal à se remettre de sa cuite que prévu.

– Mais non ! se rattrapa Klaus. Je parlais d'un truc calme, comme un film, une balade sur la plage ...

– Tu sais, on peut faire quelque chose et ne pas sortir. On peut faire pleins de choses ... surtout dans une chambre, termina le premier avec un haussement de sourcils. »

Une énorme quinte de toux prit Matthew par surprise tandis que Théo et Klaus se mettaient à rire. Il avait parfaitement compris le sous-entendu du français et il ne savait pas ce qui le choquait le plus. La blague en lui-même ou le fait que celle-ci vienne de Léo.

« Je crois qu'un film ou une balade sur la plage seraient préférable, finit-il par répondre une fois son souffle retrouvé. »

La précipitation du jeune homme eut raison de Léo qui accompagna finalement son frère et Klaus dans leur hilarité. Matthew en resta presque tétanisé. Les trois garçons et leurs éclats de rire formaient un tableau et une mélodie que l'on ne pouvait qu'apprécier. Et leur rire était tellement communicatif qu'il eut, lui-même, du mal à se retenir. Il ne devait pas se faire avoir alors que Léo se moquait de lui. Même si, après tout, l'état de panique dans lequel il s'était retrouvé pendant un instant était assez risible. Au final, il ne put retenir un petit sourire moqueur. Quelle idée de prendre cette blague au sérieux.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant