Chapitre 32

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tw : c'est chaud bouillant les gens

Ils avaient mangé dans un restaurant. Un vrai. Avec des repas dont le prix était loin des standards de Matthew. Mais Léo l'avait invité. Il lui avait dit que si c'était un rencard, il valait mieux qu'il choisisse lui-même l'endroit où ils iraient manger et puisqu'il choisissait l'endroit, il paierait aussi. Le plus jeune n'avait pas eu son mot à dire et pour être honnête, il était bien trop heureux pour s'en vexer. Heureux et aussi stressé à l'idée de passer ces prochaines heures uniquement avec son petit-ami.

Matthew avait un nœud à l'estomac _ ce qui ne l'avait quand même pas dérangé pour dévorer le plat qu'il avait demandé _ à moins que ce ne soit que des papillons essayant de s'enfuir de son corps. Alors ça ressemblait à ça un premier rendez-vous ? On avait envie de paniquer à l'idée de faire la moindre chose de travers ? De déplaire à l'autre ? De le faire fuir ? Pourtant, ça faisait déjà deux semaines qu'ils sortaient ensemble et il s'était déjà montré sous son pire jour.

Ils sortirent du restaurant une heure plus tard et marchèrent sur la plage pour digérer un peu et profiter aussi de la douceur de la soirée.

— J'ai l'impression d'être l'héroïne d'une film pour ado qui sort avec le gars populaire de l'école.

— On ne serait jamais sorti ensemble à l'école Minus.

— Quoi ? Et pourquoi ?

— Tu aurais été trop jeune pour moi et tu étais forcément le gars plongé dans ses bouquins. A aucun moment tu n'aurais pu changer pour accepter de vivre ta vie autrement. Puis mes parents avaient engagé un précepteur pour mon frère et moi jusqu'à nos seize ans. Quand on est allé à l'école, c'était dans un lycée bien au-dessus de tes moyens.

— Sale riche ..., répliqua Matthew en riant.

Il oubliait tout le temps que les jumeaux venaient d'une famille prestigieuse. Ils ne le laissaient que très rarement transparaître, alors il avait tendance à ne plus y penser. Mais ça lui donnait encore plus l'impression d'être le héros d'un film adolescent. Le jeune homme, alors pas sans le sous mais pas Crésus pour autant, sortant avant le garçon beau, mystérieux et affreusement riche. Il était comme une sorte de Cendrillon qui devait faire attention à ce que son rêve n'explose pas en centaines de citrouilles.

Ils longèrent la mer jusqu'à ce que Léo s'arrête brusquement. Matthew s'apprêta à lui demander ce qu'il lui arrivait lorsqu'il remarqua son regard fixé sur un endroit précis qu'il n'eut aucun mal à reconnaître. Ils étaient arrivés sur les lieux de l'accident. A quelques mètres d'eux, se trouvait l'endroit exact où Matthew s'était retrouvé à faire son premier vrai massage cardiaque.

Peut-être auraient-ils dû passer autre part se dit-il pendant un instant avant de comprendre que non. Ils avaient bien fait de venir là, même involontairement, parce que cela débloqua quelque chose à l'intérieur de Léo.

Matthew sentit la main de Léo se resserrer de plus en plus autour de la sienne. Lui d'un naturel si peu expressif et surtout paraissant tellement éloigné de tout ce qui pouvait être considéré comme superflu, il semblait réaliser ce qu'il s'était passé une trentaine d'heures plus tôt.

— Hey, chuchota Matthew. Ça va ?

Il le vit sursauter et se retourner vers lui, comme s'il se souvenait de sa présence. Ses yeux étaient rougis et son regard hagard. Le choc passé et l'assurance que Théo allait vraiment bien, Léo se rendait enfin compte de ce qu'il s'était passé. C'était normal après un accident de ce genre mais Matthew ne s'était pas attendu à y assister. Il rendit compte que c'était idiot. Léo était humain lui aussi et il avait failli perdre son frère, jumeau de surcroît.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant