Le temps d'un été

Chapitre 15

« Matt ... Matthew ! Revient avec moi s'il te plait ! »

Matthew papillonna des yeux et reprit contact avec la réalité. Il était assis par terre, le dos contre la porte fermée de la chambre. Il haletait et sa vue se faisait encore un peu flou lorsqu'il sentit quelque chose toucher ses lèvres.

« Vas-y, boit un peu. »

Il attrapa la bouteille et but comme s'il ne l'avait pas fait depuis des jours. Il était tellement assoiffé et totalement perdu. Léo était face à lui, accroupi. Il semblait inquiet alors que n'avait même pas idée de ce qu'il s'était passé.

« Tu as fait une crise de panique ... tu m'as fait peur crétin ! Qu'est-ce que tu es parti te mettre en tête pour paniquer d'un coup ? »

Ca y est, il s'en souvenait. Léo l'avait embrassé et il avait commencé à paniquer, à s'imaginer maintes scénarios qu'il appréhendait et en même temps ...

« J'ai paniqué ... en pensant à ... »

Matthew se mit à rougir violemment. Il n'avait pas l'habitude de parler de ce genre de choses et encore moins avec un garçon qui se trouvait être son petit-ami.

« Tu te rends compte, j'espère, que tu es un idiot, lui fit remarquer Léo. »

Vexé, Matthew se releva, chancelant légèrement sur ses jambes, et partit s'installer sur son lit, de l'autre côté de la chambre. Il fut rapidement rejoint par Léo qui s'installa dos contre le mur, les bras croisés et le fixant du regard.

« Je pense qu'on doit parler et établir certaines règles. Et pour commencer, il faut que tu me dises ce qui t'a fait paniquer et pourrait provoquer une autre crise. Je n'ai pas envie de me retrouver avec un Minus perdant connaissance une nouvelle fois. »

Ils devaient parler. Mais Matthew ne savait pas s'il s'en sentirait capable. Il sentit alors Léo le tirer par le bras afin de l'obliger à s'asseoir entre ses jambes, le dos contre son torse. Un bras passa autour de sa taille alors qu'une joue se plaqua contre ses cheveux tous justes coupés.

« Ne me regarde pas si ça peut te mettre à l'aise pour parler. »

Et effectivement. Ne plus être soumis au regard perçant de Léo le rendait déjà plus à l'aise de même que la chaleur se dégageant du torse et du bras du jeune homme l'apaisait doucement. Il se laissa aller en arrière, se plaquant totalement contre le torse du Français et sa tête contre son épaule.

« J'ai peur. Nous ne sommes qu'à notre premier jour de relation mais j'ai déjà peur de la suite. Tu vas finir par vouloir plus de moi alors que je ne sais pas ce que je veux. Je suis dans le flou total. Et les garçons ... enfin, je ne sais pas moi-même où j'en suis. Ce qu'on vit là maintenant, c'est déjà tellement nouveau pour moi. Cette situation me paraît encore tellement irréelle que je ne sais pas de quelle manière je souhaite qu'elle évolue et à quelle vitesse je voudrais qu'elle le fasse.
– Alors n'y pense pas ...
– C'est plus simple à dire qu'à faire, marmonna Matthew.
– Non. C'est simple. »

Matthew sentit l'emprise sur sa hanche se raffermir et l'obliger à se tourner face à l'autre jeune homme. Il était à cheval sur ses genoux, une position qui l'aurait mis extrêmement mal à l'aise si les mains de Léo ne venaient pas de se poser sur ses joues, l'obligeant à plonger son regard dans le sien.

« Les choses sont plus simples que tu ne le penses. Nous avancerons à ton rythme. Si je fais quelque chose pour lequel tu ne te sens pas prêt, tu me le dis. Si tu as des doutes, des questions, tu me le dis. Si tu souhaites quelque chose, tu me le dis. Je ne t'oblige à rien donc toi non plus, ne t'oblige pas à faire des choses si tu ne le veux pas.

– C'est aussi simple que ça ?
– Ça n'a pas à être compliqué si nous faisons en sorte que ça ne le soit pas. »

Matthew sonda le regard de Léo. Celui-ci respirait la sincérité et insufflait en Matt un énorme élan de confiance. Oui, il avait vraiment confiance en Léo. Et puis, il avait raison. Il devait être assez fort pour imposer sa volonté. Il pouvait bien le faire non ?

Les mains de Léo toujours sur ses joues, Matthew se mit à sourire.

« Donc, je peux agir comme je veux avec toi, tu ne m'obligeras jamais à aller plus loin que je ne le veuille.
– C'est ça ... Même si tu ne dois pas t'attendre à ce que je te dise amen à tout.
– Ca ne te ressemblerait pas d'être aussi conciliant, rit Matthew avant de dégager son visage d'entre ses mains pour l'embrasser. »

Léo lui sourit d'un de ses rares sourires qui transformait son visage pour quelque chose d'encore plus beau.

« Tu m'insultes et ensuite tu essayes de m'amadouer avec un baiser ? Mais c'est que le Minus prend du poil de la bête, s'exclama Léo en riant.
– Il semblerait. Mais tu ne peux pas me donner tort ! Sinon, tu ne m'appellerais plus Minus.
– J'espère que tu ne t'attends pas à ce que je te donne un surnom comme Bébé ou Chaton !
– Eurk, répondit Matthew en frissonnant. Je dois avouer que sortie de ta bouche, ces mots me font plus peur qu'autre chose. »

Léo leva les yeux au ciel avant d'effacer le sourire moqueur de Matthew de ses lèvres. Il l'attira ensuite plus près de lui, une main dans son dos. Ils ne virent pas au même moment Théo arriver, très vite rejoint par Klaus. Les deux garçons observèrent leurs amis, heureux, et décidèrent d'attraper quelques affaires et de s'éclipser discrètement. Théo envoya un message à son frère, lui annonçant qu'il sortait avec Klaus et ne savait pas à quelle heure ils rentreraient.

Léo entendit son téléphone vibrer mais ne s'en soucia pas. Le sourire de Matt était beaucoup trop communicatif pour qu'il en détourne le regard. Il était heureux d'avoir pu le rassurer. Il ne lui avouerait sûrement jamais, mais il avait réellement eu peur lors de sa crise de panique. Heureusement qu'il était parvenu à le calmer facilement parce qu'il avait été à deux doigts de sortir de la chambre pour crier à l'aide. Il espérait donc que Matthew avait compris le message et que désormais il lui dirait réellement lorsqu'il y avait un problème.

Le tenant toujours par la taille, Léo se décala sur le matelas afin de pouvoir s'y allonger. Matt se laissa déplacer et allonger à côté de son compagnon.

« Tu m'as épuisé, chuchota Léo en fermant les yeux.
– On pourrait se reposer un peu avant d'aller mange, proposa Matt.
– Je pense que ce n'est même pas une option, répondit le français les yeux déjà fermés. En plus ta crise a dû t'épuiser.
– Un peu ... c'est vrai. Dit ... ça ne te dérange pas ? Que je reste là pour dormir ? »

Léo rouvrit les yeux et regarda Matthew, la tête posée sur son épaule. Il semblait vraiment attendre sa réponse et le tressautement de ses pieds indiquait qu'il était prêt à fuir. Léo soupira avant de tirer sur eux la couverture, les couvrant tous les deux.

« Dort maintenant. Après, on aura peut-être le temps de se promener avant de manger. A moins que tu n'aies envie de quelque chose de précis.
– J'ai envie de faire un château de sable ... tu m'accompagnerais pour en faire un ?
– Pas vraiment mon truc ... mais si tu veux vraiment en faire un, je peux toujours t'y accompagner et te tenir quand même compagnie. »

Matthew cacha son visage contre le torse de Léo et se mit à rire. S'il avait cru au début des vacances que Léo lui dirait quelque chose comme ça, il ne l'aurait jamais cru. Et si on lui avait dit aussi qu'en réponse, Matt l'embrasserait pour le remercier, il aurait ri au visage et lui aurait sûrement conseillé d'aller consulter.

Finalement, après avoir reposé sa tête sur l'épaule de Léo, Matthew finit par s'endormir, très vite rejoint par l'autre jeune homme. La crise de panique les avait épuisés tous les deux de même que leur sortie au parc sous ce soleil ardant. Alors que ses yeux se fermaient, Matthew avait même émis la possibilité de rester ici toute la soirée, peut-être aller dans la salle télé regarder un quelconque film et de repousser la construction d'un château de sable au lendemain. Après tout, le sable de la plage ne disparaîtrait pas. Et jusqu'à preuve du contraire, eux deux non plus seraient toujours là pour y aller. Ensemble.