Il n'avait pas résisté. Il avait fui. Il avait laissé quelques pièces pour payer son verre et était parti. Il avait l'impression que le fossé qui existait lors de sa rencontre avec les garçons était réapparu, qu'il existait à nouveau un mur infranchissable entre leur monde et le sien. Et sa fuite n'allait pas améliorer les choses.
Il le savait pourtant. Mais voir Léo partir danser avec quelqu'un d'autre, entendre cette phrase criblante de vérité ... ça l'avait blessé. Parce que oui, il se rendait compte qu'il ne connaissant absolument rien d'eux. Ils n'avaient jamais réellement pris le temps de mieux se connaître les uns les autres. Faux. Il n'avait jamais pris le temps de le faire. Il était le seul fautif. Parce que Léo semblait bien connaître Klaus, ce qui devait sûrement être réciproque. Théo lui était comme cul et chemise avec l'Allemand. Mais lui ? Il ne savait que ce que Klaus lui avait dit lors de leur dernier shopping. Et sur les jumeaux ? En réalité, il ne savait rien. Concrètement, oui, il ne savait même pas avec qui il sortait.
Matthew marcha un petit moment avant de se retrouver, sans surprise, devant la mer. Depuis son arrivée dans la ville, c'était l'endroit où il aimait le plus s'isoler. Enlever ses chaussures. Enfoncer ses pieds dans le sable. S'allonger par terre et laisser ses doigts se fondre entre les grains de sable. En temps normal, il trouvait cela apaisant. Il espérait qu'aujourd'hui ne serait pas l'exception.
Il ne savait pas l'heure qu'il était. Il savait juste que ce faisait un petit moment qu'il était là à contempler le ciel. Il n'était pas plus apaisé qu'avant et ne savait pas quoi faire. Devait-il rentrer ? Mais pour quoi faire ? Se retrouver confronter à une chambre vide lui rappelant que les autres n'avaient pas besoin de sa présence pour passer une bonne soirée ? Où peut-être au contraire, les retrouver dans la chambre, endormis, sans se préoccuper de son absence ? C'était tellement dur. Ces deux solutions le peinaient et pourtant, il comprendrait les garçons. Il avait beau avoir fait d'énormes progrès pendant ce début de voyage, mais des progrès ne concernant que lui et non pas ses relations avec les autres. Alors oui, il avait un copain et deux amis ... Mais à une exception près, il n'avait jamais cherché à les connaître plus que cela. Il se demandait même comment ils faisaient pour le supporter. Même lui commençait à se détester.
Finalement, ce fut lorsque la lune commença à se lever qu'il décida de prendre son téléphone et d'y ôter le mode avion qu'il avait activé en arrivant sur la plage. Un appel en absence et un message s'affichèrent. Il espéra un peu l'espace d'une seconde mais déchanta un peu lorsqu'il vit que les deux venaient de sa mère. Il appuya sur l'icône pour rappeler et attendit.
Il entendit une première sonnerie, puis une seconde et pour finir une troisième. Il entendit la voix de sa mère et eut envie de pleurer.
« Coucou mon poussin ! J'ai essayé de t'appeler tout à l'heure mais je suis tombée directement sur ton répondeur !
– Pardon maman, il était en mode avion ... je suis à la plage.
– Tu es avec tes nouveaux amis ?
– Je ... oui.
– Matthew ? »Matthew soupira. Lorsque sa mère l'appelait ainsi et utilisait ce ton, il savait qu'il était mal barré. Il ne pourrait pas lui cacher grand-chose ce soir.
Pendant ses quatre années d'étude, il n'avait eu que très peu de contacts avec sa famille, alors il avait facilement pu cacher à sa mère ses états d'esprit, même si dans le fond, il pensait que son instinct ne la trahissait que très peu de fois. Il avait donc l'impression de retourner en enfance, quand sa mère devinait en un clin d'œil tous ses états d'âme et toutes ses émotions. Il redevenait un petit enfant qui ne voulait que la présence et l'amour de sa mère.
« J'ai tout fichu en l'air maman. J'ai vraiment tout fait foirer ... tout était vraiment trop beau ... je suis nul.
– Oh, mon chéri ... Il s'est passé quelque avec tes colocataires ? Je suis sure que ce n'est pas si grave que ça.
– Si ... j'ai été vraiment horrible ... ils m'ont accepté, m'ont aidé, sont devenus mes amis et moi ? Je ne suis même pas capable de faire un pas vers eux. Je n'ai même pas appris à les connaître et maintenant, ils m'en veulent.
– Poussin ... Ne te rends-tu pas compte que tu as énormément avancé ? Tu t'es fait de nouveaux amis et tu cherches à te faire accepter par eux.
– Non, j'ai tout fait foirer ...
– Et à ton avis ... est-ce que c'est définitif ? Quoi que tu ais fait, tu peux encore apprendre à les connaître, non ? Il n'est pas trop tard.
– Mais je sais pas comment faire ... »Il sentait presque les larmes lui monter aux yeux. Pour une fois qu'il avait réussi à se rapprocher de quelqu'un, il avait fallu qu'il fiche tout en l'air.
« De la même manière dont tu as accepté qu'ils deviennent tes amis ... en avançant un pas après l'autre. Parle leur, ouvre-toi à eux. Mon poussin ... est-ce que tu leur fais confiance ?
– Oui.
– Alors tu pourras le faire. »Sa mère semblait tellement convaincue que Matt se mit à y croire un peu. Pas suffisamment pour retourner dans le bar pour rejoindre tout le monde, mais assez pour réfléchir à ce qu'il pourrait faire pour se faire pardonner une fois à l'auberge.
« Merci maman. Je t'aime ... tu le sais ?
– Moi aussi mon Poussin. Je vais te laisser te rentrer maintenant. Je suis sure que tu prendras les meilleures décisions. Je t'embrasse très fort ! Et appelle-moi plus souvent ! Tu me manques mon chéri. »Matthew embrassa sa mère et raccrocha. Il resta allongé sur le sable encore un moment pour réfléchir. Quand il voyait tout l'amour que sa mère lui envoyait, il ne pouvait que se sentir mal à propos de ses dernières années. Il se demandait même comment il avait fait pour ne pas sombrer totalement. Il avait tant à se faire pardonner.
Mais maintenant, c'était auprès des garçons qu'il devait se faire pardonner. Il vérifia l'heure et vit que minuit arrivait. Il était grand temps pour lui de rentrer et de découvrir si les autres étaient rentrés ou non, s'ils dormaient ou l'attendaient. Il n'arrivait pas à savoir ce qu'il préférait, pourtant, il n'avait pas le choix. Il devait se lever, s'épousseter et prendre la direction de l'auberge.
Il ne put s'empêcher d'avancer lentement. Il avait vraiment peur de la réaction _ ou non réaction _ des garçons à son retour. Malgré cela, il arriva rapidement là-bas. Il n'avait plus le choix maintenant, il devait entrer dans la chambre. Il ouvrit la porte et vit les garçons dormir. Une pointe de déception le piqua le cœur. Ils avaient réussi à s'endormir sans savoir où il se trouvait.
Il partit prendre sa douche, se débarrassant rapidement du sable qui s'était infiltré sous ses habits et regagna rapidement la chambre, ne souhaitant plus que, désormais, dormir et oublier la journée jusqu'à demain. Mais un nouveau dilemme se posa.
Devait-il aller dans son lit ? Ou alors avait-il le droit de dormir avec Léo ?
Depuis leur mise en couple, Matthew n'avait plus dormi une seule fois seule dans son lit et malgré que cela soit récent, il s'y était vraiment fait et ne pensait pas réussir à trouver le sommeil seul dans son lit froid. Alors il prit son courage à deux mains et se dirigea vers le lit de son petit-ami.
Doucement, il s'installa au bord du lit avant de s'y allonger, essayant tant bien que mal de ne pas réveiller le Français. Mais alors qu'il commençait à se couvrir, un bras entoura sa taille et le rapprocha de son torse.
« Léo ? demanda Matthew en bafouillant de surprise.
– Chut ... demain. Dort maintenant. »Il ne dormait pas. L'avait-il attendu ? Peut-être. Il l'espérait en tout cas. En tout cas, ce fut le plus fort possible qu'il y crut avant de regagner les bras de Morphée.
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Le temps d'un été
Любовные романыMatthew a passé ces quatre dernières années à mettre des barrières entre lui et les autres. Rien n'importait plus que ses études. Mais désormais, l'été arrive et il est grand temps pour lui de commencer à vivre. Jamais cependant il n'avait prévu que...