Chapitre 5 (Partie 1) - Changbin

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Allongé sur son lit, Changbin repense à ce qui s'est passé un peu plus tôt. Il prenait l'ascenseur pour aller voir son père ...

Mais quand les portes se sont ouvertes au cinquième étage, Changbin a compris qu'il ne pourrait pas l'affronter dans cet état. Il était beaucoup trop nerveux. Il se sentait comme une pile électrique, incapable de se contrôler. Le moindre mot blessant ou maladroit, et l'entrevue aurait dégénéré en dispute.

Alors, quand le garçon aux yeux tristes a appuyé sur le bouton du rez-de-chaussé, Changbin s'est dit qu'une bouffée d'air frais l'aiderait peut être à se calmer et à se recentrer sur son objectif : demander de l'argent à son père.

Jamais il ne se serait douté de la suite des événements! Il a encore du mal à s'en remettre, d'ailleurs. Qu'avait-Il de si spécial qui lui a donné l'irrésistible envie de le dessiner ?

En tout cas, après que l'ascenseur a redémarré, Changbin n'était plus d'humeur à supplier son père. Il ne pensait qu'à son bloc à dessin, relégué depuis des semaines au fond du tiroir de son bureau. Ses doigts le démontraient et il est rentré chez lui.

Chaque fois qu'il voit son père, Changbin a l'impression de se retrouver dans le confessionnal d'une église, mais il a beau réciter toutes les litanies exigées, le pardon divin n'est jamais au bout du chemin ! Il est jugé et condamné d'avance.

Sa mère biologique, son père ... Changbin a l'impression d'être un ballon qu'ils se renvoient à tour de rôle, en criant : "Dégage, on ne veut pas de toi !" Rejeté toujours un peu plus loin, parce qu'indigne d'être aimé ...

Il ne regrette pas un seul instant d'avoir écrasé le nez de ce type qui l'a insulté. Mais, en découvrant l'état de sa moto une semaine plus tard, il a tout de suite compris à qui il le devait. La peinture était rayée de partout, le siège en cuir et les pneus étaient lacérés, les cadrans brisés.

Aujourd'hui, il n'est pas allé en cours et, depuis bientôt une heure, il demeure immobile sur son lit défait. Il repense à des souvenirs lointain. Un jour, après une dispute entre ses parents, il a attrapé une feuille et il s'est mis à gribouiller pour ne plus penser à rien d'autre ... Depuis, il ne s'est jamais arrêté, hormis récemment.

Dès qu'il se projette dans l'avenir, il se voit un pinceau à la main. Le dessin est sa bouffée d'oxygène quand le monde devient trop étouffant autour de lui. Une échappatoire bien meilleure que n'importe laquelle des drogues qu'il a essayées avec Taeyeon.

Mais les rares fois ou il a évoqué ce désir devant son père lui ont laissé un souvenir amer. "Veux-tu finir comme ces peintres qui caricaturant les touristes pour quelques pièces à Myeong-dong ? Tu dois avoir plus d'ambitions !"

Sa mère ne l'a pas détrompé.
À croire qu'il n'est bon qu'a les décevoir. S'il était leur fils naturel, accepteraient-ils mieux qu'il ne doit pas tel qu'ils lavaient souhaité ? Depuis qu'il est petit, Changbin a l'impression qu'il soit en faire dix fois plus que les autres pour mériter l'amour de ses parents. Ce sentiment d'injustice a sûrement nourri le feu de sa colère.

- Ça va, mon chou ?

Changbin tourne la tête vers la jeune fille brune qui vient s'allonger près de lui avec la souplesse et la discrétion d'un chat.
- Je t'ai déjà dit d'arrêter de m'appeler comme ça.

Il est plus ou moins avec Taeyeon, aussi. L'an dernier, Il est sorti avec l'autre fille de la colocation, SunHee, une rousse décoloré aux formes voluptueuses qui est désormais officiellement avec Minho, le quatrième larron. Ils forment, d'après Changbin, le couple le plus mal assorti et le plus improbable qu'il connaisse ! Minho est un fêtard, dans le genre viril et sanguin. Il ne faut pas se scandaliser de ses injures lorsqu'il a un coup dans le nez. À l'opposé, SunHee est douce et casanière. Elle passe le plus clair de ses soirées le nez dans les bouquins. Cependant ils s'entendent à merveille, s'emboitsnt aussi bien que deux pièces d'un puzzle.

Changbin n'y comprend pas grand chose, mais il est content pour eux.

Taeyeon se pelotonne contre lui, passe un pied autour de sa jambe. Il avait failli l'oublier. Il n'a rien de particulier contre elle, mais il n'est pas d'humeur, c'est tout. Il a autre chose en tête, ou plutôt quelqu'un d'autre. Une silhouette, un sourire, une voix chaude et roque ... Non, vraiment, il n'avait pas envie de ça maintenant.

- Tu peux me lâcher ?
Elle plante son regard blessé dans celui de Changbin. Il lui parle mal, il s'en rend compte. Mais c'est plus fort que lui. Il sert les poings, dans un mouvement qui ne le quitte plus depuis quelque temps, tandis que Taeyeon lui caresse la joue.

- Calme toi, je connais la manière idéale de te détendre ...

Et s'il acceptait, après tout ?

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE DU CINQUIÈME CHAPITRE.
Je posterai la deuxième partie dans quelques heures. 😊

Pierre, Feuille, Ciseaux - ChanglixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant