Aussitôt arrivé chez ses parents en début de soirée, Changbin constaste que sa mère est dans un de ses mauvais jours. L'air maussade, elle est en train de fumer sous l'oeil excédé de son mari.
Tout petit, Changbin avait appris à reconnaître les indices, les regards vides, les réponses confuses ou décalées. Il savait quand il pouvait lui parler et quand il valait mieux la laisser tranquille. En général, ces soirs-là, son père allait se terrer dans son bureau et Changbin s'enfermait dans sa chambre pour s'adonner à son exutoire préféré : le dessin.
À dix-neuf heures pile, ils s'installent autour de la table pour le traditionnel dîner du dimanche. Riz, Kimchi et algue séché. Changbin a passé la nuit précédente en boîte avec Taeyeon et, fidèles à eux-mêmes, ils n'ont pas fait les choses à moitié ! Changbin s'est laissé aller à boire du whisky après avoir descendu quelques bières. Pourtant il le sait, il ne supporte pas les mélanges. Sur le coup, il adore avoir la tête qui tourne. Il dit ce qu'il pense, drague, danse et rigole sans inhibition.
Bref, il est le roi du monde.
Seulement, le lendemain, il est au quatrième dessous.Les seules compagnes dont il rêverait ce soir sont une bouteille d'eau et une boîte de paracétamol. Mais il s'est secoué en fin d'après-midi, motivé par l'envie de récupérer sa moto au plus vite.
Résigné tel un animal partant à l'abattoir, il a pris un taxi avec une boule dans la gorge, un sentiment de déprime croissant qui l'incitait à rebrousser chemin. Il déteste revenir dans cette maison. Ça lui rappelle trop de soirées solitaires, de nuits d'insomnie à redouter les querelles de ses parents.
- Papa, s'il te plaît, j'ai besoin d'argent pour payer les réparations de ma moto.
Changbin a quand même attendu l'arrivée du dessert. Question de décence. Pour expliquer les saccages commis sur sa moto et ne pas envenimer les choses, il a évoqué un acte de vandalisme gratuit.
- Combien ?
Les yeux de son père s'arrondissent à mesure que Changbin annonce la somme. Quant à sa mère, elle cesse enfin de se mordre nerveusement les lèvres, en réfléchissant.
- De toute façon, la moto, c'est trop dangereux, mon chéri. Prends ça comme un signe du destin et revends-la. Nous pourrons t'aider à acheter une voiture d'occasion, si tu veux.Changbin lâche sa cuillère et essaye aussitôt de se contrôler.
- Maman, j'aime la moto. C'est vital pour moi. Tu peux comprendre ça ? C'est comme toi et ... le golf.
- Oui, mais personne n'est jamais mort sur un dix-huit trous ! J'ai peur chaque fois que je pense à toi sur ce maudit engin.Elle sourit et, furtivement, Changbin ressent un élan inattendu de tendresse. Elle paraît vraiment se soucier de luî.
- Le problème n'est pas là, Minji (nom fictif de la mère de Changbin). Ce que j'exige, ce sont des bons résultats à l'université. Et, jusqu'ici, on ne peut pas dire que ce soit le cas. L'année dernière a été catastrophique! Il faut que ça change, Changbin. C'est pour ton bien que je dis ça.
- Je vais m'y mettre sérieusement, je te le promets.
- Au fait, tu prends bien soin de la petite Park, n'est-ce pas ?Là, Changbin se demande s'il doit se mettre en colère ou éclater de rire. Parce que, franchement, la question de son père frise le grotesque ! Taeyeon est la fille de l'un des plus éminents professeurs de Séoul, accessoirement ancien président du prestigieux Hongik University. Changbin est certain que son père a déjà tout prévu pour leur mariage !
C'est lui tout craché : toujours à se soucier de tous, sauf de son propre fils.
- Taeyeon est une grande fille, ne t'inquiète surtout pas pour elle !
- Pourquoi est-ce que tu ne reviendrais pas vivre à la maison ? propose soudain sa mère. Je suis certaine que cela serait plus facile pour étudier que le va-et-vient incessant qui règne dans ta colocation ! Ici tu serais au calme, avec moi ... Je n'ai rien changé dans ta chambre, tu sais ? Elle est exactement telle que tu l'as laissée.Son père approuve d'un hochement de tête.
- C'est sympa, m'man, mais à dix-neuf ans je dois apprendre à vivre sans mes parents, tu ne penses pas ?
Changbin ne se sent plus à sa place dans cet endroit, auprès d'eux. Mais l'a-t-il jamais été ? Après tout, il n'est qu'une pièce rapportée.
Son père lui donna un chèque comme pour lui signifier : " C'est bon, maintenant tu as eu ce que tu voulais. Alors fiche-moi la paix."
Changbin sent son visage se contracter, des larmes lui piquer les yeux. Un instant, il envisage de tirer sur cette maudite nappe pour que toutes les assiettes hors de prix aillent se fracasser sur le sol.
Mais il est certain que son père ajouterait ça à son "casier". Alors il ne fait rien, et il se sent encore plus nul en pensant à ce garçon de l'ascenseur, qui, lui, n'a plus la possibilité de discuter avec son père.
CHAPITRE 8 TERMINÉ.
Je sais qu'il ne se passe rien d'intéressant dedans mais j'aimerai prendre le temps de vous présenter chaque personnage, ainsi que leur relation et ne pas aller trop vite sur le Changlix, parce que je déteste aller trop vite. J'espère que vous comprendrez 😊 On se retrouve cet après-midi pour le neuvième chapitre. 💗
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Pierre, Feuille, Ciseaux - Changlix
FanficFélix a perdu ses parents dans un accident de voiture. Accueilli par sa grand-mère qui vit à Séoul en Corée du Sud, il s'enferme peu à peu dans une bulle de solitude et de souffrance. Changbin est un jeune homme rebelle et torturé. Artiste contrarié...