THE TRACKERS [Pause]

~ 1🗡

  • Quelques mois auparavant •

  Un goût âcre s'intensifie lorsque je passe ma langue sur mes lèvres. Il commence réellement à frapper de plus en plus fort. C'est un véritable jeu pour nous deux, il n'y a pas mieux qu'affronter son ombre, celui qui connait vos habitudes et vos gestes par cœur.

Je replace mon pied gauche en position d'attaque, prête à recevoir une énième frappe de sa part. Ma jambe prend appui sur le tapis bleu avant de venir donner un coup au ventre de mon adversaire. Celui-ci se recule légèrement suite à l'impact, mais il ne s'avoue pas pour autant vaincu. Il reprend son équilibre grâce à son appui sur la corde rouge du ring. Elle commence à s'user à force de nous battre ici, quelques gouttes de sang s'abattent doucement sur le sol, une à une.

− Besoin de repos peut-être ? ricané-je.

L'homme qui se tient en face se positionne une nouvelle fois et bondit vers moi, ses gestes sont précis et calculés. Son poing heurte mon bas-ventre, là où est logée ma cicatrice. Celle qui me rappelle que mon passé sera toujours présent sur mon corps, que je ne peux pas le fuir.

Son attaque est rapide, donnant une force prompte pour réaliser davantage de dégâts. Ce qui fonctionne à merveille : mes jambes se plient en deux et mes genoux heurtent brutalement le sol. Une envie de rire me prend, face à la situation gênante dans laquelle je me trouve. Rire est un moyen pour moi d'évacuer ma gêne ainsi que mon angoisse, même si je ne le suis pas à cet instant. Mon ventre ne me suit pas dans ma démarche et je me tords de douleur.

Je relève la tête pour l'observer, crachant un liquide rouge à ses pieds.

− Je ne t'ai pas appris à me salir comme ça.

Ses sourcils se froncent en admirant la belle tâche que j'ai laissée en dessous de lui, il n'a pas aimé mon attitude. Son sourire s'agrandit soudainement, montrant ainsi ses petites tâches de rousseurs aux creux de ses joues. Ses yeux bleus me fixent, une lueur d'amusement y luit. Je ne m'arrête pas et continue sur ma lancée d'admiration, détaillant maintenant ses cheveux châtain clair ébouriffés et remplis de sueur.

Soudainement, un bruit me déstabilise. Une personne vient d'entrer dans la salle d'entraînement. Je me tourne légèrement et aperçois notre patron, je ne suis pas choquée de le voir ici. Il possède une clé afin de passer par derrière, il y a deux entrées menant dans cette pièce. Il est appuyé contre le mur, dans une position qui se veut autoritaire. J'ai une nette impression que ça fait déjà quelques minutes qu'il se tient là, à nous observer.

− Tu veux que je te fasse une chirurgie esthétique pour t'implanter deux yeux de plus ? me demande le brun.

− Très drôle, Darkno.

Il détourne son attention sur autre chose, j'en profite pour me lever du mieux que je peux ; malgré le poing de côté qui vient de se former au bas de mon estomac. Il ne m'a pas loupée, il attaque là où se situent mes points faibles. Je m'élance rapidement et me plaque contre lui, entourant mes bras autour de son bassin. Nous finissons à terre. Sa tête a violemment heurté le tapis. Il pose sa main contre le bas de son crâne et le maintient fermement. Oups...