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Sur le moment, Rey ne sut pas où elle était. Elle goutait une saveur trop amer que giclaient ses glandes salivaires sur sa langue, humait une odeur de poisson fumé, sentait une couverture de laine qui la recouvrait, mais ne voyait rien et n'entendait rien, ses oreilles en chou-fleur.

Elle prit une grande inspiration pour distinguer d'autres odeurs qui pourraient l'aider à se localiser. Que c'était bon de respirer à nouveau !

Toute recroquevillée sous sa couette, elle s'enserra le corps de ses bras, mais au lieu de sentir sa paume chaude, elle se pinça la peau avec une matière rude, froide. Cette matière semblait bouger à sa demande, comme une extension à son corps... parce que c'était bel et bien ce que c'était.

Rey ne paniqua pas. Elle finit par distinguer une lumière vacillante, comme celle d'un feu de camp, filtrant dans un large jour entre le cadre de porte et la porte elle-même. Lentement, son bras sortit de sous la couverture de laine, et elle put distinguer la partie métallique qui scintillait au mouvement de la lumière. Encore une fois, elle contrôla sa respiration pour ne pas perdre les pédales.

Quand un inconnu entra dans la pièce, elle baissa brusquement son membre et referma les yeux. L'intrus n'aurait pu ne pas remarquer qu'elle était beaucoup trop tendue pour une personne endormie.

- Bonjour, dit-il en langage basic, marqué d'un léger accent.

Rey cessa de faire semblant et se tourna vers lui. Il portait une lanterne pour l'éclairer. C'était une espèce humanoïde, une sorte d'homme singe à grandes oreilles pointues, recouvert d'une courte fourrure rosée. Ses clavicules allongées se croisaient sur son torse en embarquant par-dessus ses vêtements. Devant le mutisme de la jeune femme, il continua l'inspection horaire qu'il menait depuis son arrivée ici.

- Comment te sens-tu ?

- Comme quelqu'un qui vient de se noyer... et de perdre sa main gauche.

- Et son pied gauche, ajouta l'homme.

Rey poussa la couverture pour vérifier les dires de son gardien, qui s'avérèrent malheureusement vrais. Elle se laissa tomber sur son oreiller, et porta une main à son front pour y masser les plis qui s'y creusaient.

- Je suis désolé. Tes membres... étaient complètement gelés. Nous avons dû...

- Depuis combien de temps suis-je ici ? Le coupa-t-elle.

- Deux semaines.

Rey se redressa vivement, et toisa l'alien de ses yeux vifs.

- Mes amis. Il faut que je retrouve mes amis. Ils sont en danger.

- Hey, du calme. Ton ami est ici.

Il laissa sa phrase en suspens, et Rey se demanda de quel ami exactement il était en train de parler. Elle eut une sorte de pincement au cœur.

- La compagnie ne t'a retrouvé que la semaine dernière. Un pilote, une femme aux yeux bridés et son petit-ami, un wookie, un gamin et deux droïdes. Ils sont partis après avoir laissé le wookie ici avec le gamin. Ils ne pourront pas revenir de sitôt : une condition imposée par notre chef. Ce serait trop dangereux que de courir le risque d'être suivi et que le premier Ordre ne brise leur accord de paix avec mon peuple pour avoir accueilli des réfugiés.

Rey relâcha un peu la pression. Chewie était sain et sauf. Leur mission n'avait donc pas complètement échoué.

- Je vais te chercher de la soupe de ce soir. Tu dois reprendre des forces, ça t'aidera à guérir.

Rey l'observa quitter la pièce et sentit l'air froid lui souffler au visage quand il ouvrit la porte. Elle se cacha de nouveau sous sa couette.

Elle avait au moins la certitude que la semaine dernière, tout le monde avait survécu à l'attaque-surprise contre le vaisseau. Elle ne comprenait pourtant pas pourquoi tout ceci était arrivé. Qui étaient ceux qui leur étaient venus subitement en aide ? S'ils possédaient une puissance de frappe si énorme, pourquoi ne se montraient-ils que maintenant ?

La Force Uniquement (En pause jusqu'à TROS)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant