Chapitre 2

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Vendredi après-midi

Je sors de l'amphi après un cours d'UE3 (biochimie) assez complexe  et je sens que la réécriture va être longue. Les 3 garçons de l'autre fois ne viennent pas à la prépa ce qui fait un assez grand vide dans la salle à manger. Je mange donc seule avec mes deux comparses et nous discutons de notre "fabuleuse" vie amoureuse; c'est à dire aussi plate que la mer méditerranée une nuit sans lune.

Enfin non, étonnement j'étais celle qui était la plus avancée, c'est à dire que j'ai eu un petit copain et mon premier baiser à 17 ans, 8 mois et 25 jours, soit un smack. Je ne suis jamais allée plus loin que ça et quelque part, jusqu'à ce jour, je me sentais profondément en retard...

Il faut dire que j'adore les statistiques alors, quand j'ai su qu'en France, l'âge moyen du premier rapport est 17 ans 3/4 pour les filles, je me suis sentie ridicule d'avoir seulement eu mon premier baiser à cette période. Et pourtant, j'ai trouvé deux filles de mon âge qui n'ont pas encore embrassé quelqu'un et ça me fait du bien de constater que je ne suis pas la seule à prendre mon temps.

Finalement, l'après-midi s'est révélée riche en exercices divers et variés et à un moment, nous étions bloquées sur un exercice. Cela faisait une bonne centaine de fois que nous le refaisions sans arriver à comprendre le corrigé: nous trouvions que la réponse était fausse mais le corrigé disait qu'elle était vraie.

C'est à ce moment précis qu'Hugo passa devant la salle et nous jeta un coup d'œil.

-Qu'est-ce que vous faites? lança-t-il légèrement moqueur.

Oui, je ne vous l'avais pas présenté plus tôt mais Hugo est un carré. Du coup, dès qu'il nous voit en galère sur un exercice, il vient nous aider sans qu'on ait à le demander mais toujours en se moquant de notre incompétence de bizut. 

Comme ce fût le cas pour cette fois-ci, il résolu notre problème: la correction de la question était tout simplement fausse. Il nous a expliqué que cela arrivait et est parti aussi vite qu'il était venu, en lâchant un:

-Aaaahh les bizuts...

C'était un de ces traits de caractère qui faisait que nous l'aimions bien. Je veux dire, la PACES c'est une compétition sans merci avec des places limitées; dans ce cas là, il est facile de comprendre que les carrés n'ont strictement aucun intérêt à nous aider lorsqu'on galère. Mais pas Hugo.

En fait, depuis le début de la semaine, je vais réviser dans la même salle que lui car c'était celle de ma pré-rentrée et donc je suis plus à l'aise dans celle-ci.  Isa et Clém préfèrent travailler dans les box pour ne pas être distraites. Personnellement, je préfère travailler dans une salle avec d'autres personnes autour de moi avec qui je peux m'entraîner et réviser à voix haute ou tout simplement poser des questions quand je ne comprends pas quelque chose.

C'est d'ailleurs à ce moment là que j'ai rencontré Anaïs (un petit coucou si tu passe par là), à qui j'ai donné des phrases mnémotechniques pour retenir les premiers éléments du tableau périodiques. Elle a d'ailleurs découvert que j'écrivais sur Wattpad en reconnaissant la bannière orange caractéristique du site. J'espère juste qu'elle ne va pas raconter à toute ma prépa ce que j'écris ici...

Tu le feras pas, hein? (stp ne le fait pas ^^')

Concernant Hugo, il est toujours dans cette salle, au même endroit. D'une journée à l'autre, il reste toujours à la même place et ne semble pas vouloir bouger de sa "grotte". Il possède deux grandes ardoises véléda sur lesquelles il réécrit son cours, sa boite de café soluble, son mug, sa bouteille d'eau et ses annales de la Corpo ( un organismes étudiant qui fournit des annales des concours des années précédentes avec les corrections contre payement). Il a même ramené un coussin car les chaises font un peu mal au dos et je pense sérieusement à en ramener un, un de ces quatre.

(Spoiler alert: je ne l'ai jamais fait XD)

Jusqu'à ce samedi, nous n'avions pas vraiment parlé à part pour les quelques questions de cours. Nous étions juste de simple étudiants vivant la journée dans un même endroit et révisant comme si leur vie en dépendait  (ce qui est presque le cas dans un sens).

Et puis samedi est arrivé. Je me suis levée un peu plus tard que d'habitude parce que c'était le weekend et je suis arrivée à la prépa à 9h. Hugo était déjà dans la salle mais avec la capuche relevée sur le crâne. J'ai rigolé parce qu'il me faisait penser à un hacker atypique ou, pour les  connaisseurs, à L de Death Note. Il a répliqué par un "gnagnagna" des plus enfantins avant de se remettre au boulot. Plusieurs fois, Isabelle est venu lui poser des questions auxquelles il a répondu sans broncher et toujours en expliquant clairement. 

Au déjeuner, cette fois, la discussion avec mes deux amies s'est tournée sur nos règles douloureuses, un point en commun peu agréable. Isa est comme moi: chaque premier jour c'est malaise vagal si on ne prend pas de l'Antadys (et non ce n'est pas un placement de produit). Bizarrement, la discussion a bifurqué vers nos transits intestinaux et je ne suis pas sûre de vouloir vous raconter.

Il n'y avait personne ce jour là à la cantine alors on ne s'était pas fait prier sur les sujets gênants. Une fois mon déjeuner fini, je retournais dans la salle Salengro, seule avec Hugo. Il vient plusieurs fois me demander mon stabilo et je lui emprunte en échange ses stylos vélédas pour m'entraîner à l'optique sur le tableau. Mon travail est sérieux jusqu'à 16h30 environs.

Mais lorsque pour la einième fois, Hugo vint me demander mon stabilo et passa près de mon cahier, il s'arrêta net.

-Non...

Il prit mon cahier dans ses mains, les yeux écarquillés et bientôt un sourire vint illuminer son visage.

-C'est pas possible... Carré? C'est ton vrai nom?

Sur le coup, j'ai juste sourit en hochant la tête .C'était amusant de voir pour une fois que mon nom pouvait rentrer totalement dans une situation particulière comme celle-ci et créer un petit paradoxe ma foi amusant.

-Eh ouais...

-Non mais attend, si les carrés apprennent ça ils vont devenir dingues! continua-t-il en rigolant. 

-Ouais c'est vrai qu'une bizut qui a pour nom carré, ça sonne comme un mauvais coup du destin...

-Mais il faut trop que tu redoubles! Comme ça avec ton polo rouge tu vas en imposer!

Il est complètement hilare devant toutes les possibilités que représente mon nom, et moi aussi d'ailleurs. Avouez que ça sonne comme si le destin avait voulu me jouer un mauvais tour.

Ah oui, les polos rouges sont les polos que les carrés se font pour la rentrée avec leur nom et une citation au dos. Dans le lot, j'ai pu en repérer quelque uns plutôt amusants:

                                                                     Pierre L

                                      Tqt bizut, ton année se finit en décembre!

                                                               Lauregasme 

                                     (pas de citation mais le nom est génial)

                                                                   Marie M

                                          A cœur Gayant, rien d'impossible


C'est les seuls dont je me souvienne pour l'instant mais une chose est sure, si j'avais un pull, il serait comme ça:

                                                                  Lili Carré 

                                                    Mon nom t'effraie bizuth?

La PACES et moi (Wattys2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant