Chapitre 3

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En entrant dans l'écurie, je suis de nouveau assaillie par l'odeur de crottin et de paille sale, cette écurie a bien besoin d'un coup de propre. Je traverse toute l'écurie en essayant tant bien que mal de ne pas lâcher mes seaux, les muscles de mes bras, très peu habitués à porter de lourdes charges, me brûlent et menacent de tout lâcher. Je sue à grosses gouttes et ne peut m'empêcher de lâcher un soupir de soulagement quand les seaux touchent le sol.

- Oh, Letty, tu aurais du me dire qu'il fallait aller chercher de l'eau, j'aurais porté les seaux à la place de ta nièce, lance une voix masculine.

Je sursaute et mes yeux cherchent un visage à associer à cette voix. C'est alors que je vois une tête humaine passer à la porte du box de l'étalon. Un homme, assez grand, un peu plus de trente ans à première vue, sort du box suivi de près par ma tante qui tient derrière elle notre protégé. L'homme en question s'approche de moi, il me tend la main et je la serre en souriant.

- Marc Targez, enchanté, me dit-il.

- De même. Moi, c'est Estelle, dis-je.

Pendant quelques secondes, je n'arrive pas à détacher mon regard de son visage souriant. Je suis prise d'un élan de sympathie pour ce visage et ce beau sourire. Il porte la barbe sur sa mâchoire carrée, un sourire bienveillant illumine son visage atteignant son regard vert. Ses courts cheveux bruns sont tirés en arrière, encore bien coiffés pour une journée de travail. Il porte une chemise à petits carreaux verte dont il a retroussé les manches sur ses bras musclés, le bas de celle-ci est enfoncé dans son jeans, retenu par une épaisse ceinture de cuir. Aux pieds, il porte une paire de bottes en cuir.

Décidément, les vétérinaires d'ici ont plus de classe que ceux de Paris. Sur lui et aux alentours pas une seule trace de blouse blanche, de bottes en caoutchouc ou encore de masque anti-microbes.

- Je suppose que c'est toi qui tenais à nous aider à soigner ce grand bonhomme.

- Tout à fait ! Je suis là pour suivre vos ordres.

- Très bien!

Je me tourne vers Letty, en pleine admiration en face du beau vétérinaire, alors qu'il enfile des grands gants et prépare ses compresses. Je me rapproche de ma tante en souriant et lui lance un coup de coude dans les côtes, ce qui la fait sursauter et sortir de sa rêverie admirative.

- Fais attention qu'il ne prenne peur et nous laissent seules avec l'étalon, dis-je, malicieusement.

- Mais enfin, je ne fais rien de mal, me répond-elle, tout bas.

- Certes mais les hommes peuvent prendre peur pour pas grand-chose.

- Je pense que ta vision des hommes est bien jeune ma chérie. Ne t'inquiète donc pas pour ma vie sentimentale et va plutôt tremper deux compresses dans l'eau chaude.

- D'accord, acquiesce-je, en souriant avant de m'éloigner.

Je prends deux compresses sur le bac du vétérinaire et vais m'accroupir près des seaux d'eau. Je regarde du coin de l'œil le travail de Marc.

Il s'avance vers notre protégé, une grande seringue cachée dans son dos, en chuchotant des mots rassurants. Mais l'étalon refuse de l'écouter et recule, il tire sur la corde raccordée à son licol de toutes ses forces entrainant Letty avec lui. Voyant Letty en mauvaise posture, Marc arrête son avancée et recule de nouveau à son bac.

- Je ne sais pas comment nous allons faire pour l'endormir, il refuse que je l'approche, dis Marc, désemparé.

- C'est normal, il est terrorisé, dis-je, en m'avançant vers Marc. Si tu me dis où piquer je pourrai peut-être y arriver. Ce matin, il a accepté que je l'approche.

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