Chapitre 15

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- Estelle? Estelle? Réveille-toi!

J'entends une voix dans ma tête qui me hurle d'ouvrir les yeux, mais je ne peux pas, je ne veux pas. Je veux les voir! Je veux les retrouver! Où sont-ils? Pourquoi m'ont-ils abandonnée? Je veux les voir, les entendre les toucher.

- Revenez! Ne m'abandonner pas! Je hurle.

Je me redresse d'un coup, les joues baignées de larmes, en sueur, le cœur battant à tout rompre, essoufflée.

- Estelle, tout va bien? Ce n'était qu'un rêve, je suis là.

La voix douce de Jacob me rassure et je ne peux m'empêcher de plonger dans ses bras. J'éclate en sanglots encore plus fort, le serrant contre moi. Il passe ses doigts dans mes cheveux avant de m'enrouler dans ses bras musclés et de me compresser contre sa poitrine nue et chaude. Les effluves de son parfum arrivent à mes narines, me ramenant à la réalité. Je suis en sécurité entre ses bras, je me sens bien et j'ai l'impression que rien ne peut m'atteindre.

- Que ce passe-t-il? demande-t-il doucement en reculant mon visage et me regardant dans les yeux.

À la lumière de ma lampe de chevet que je n'ai pas éteinte avant de m'endormir, je plonge mes yeux dans ses iris et m'y perds, essayant de rassembler mes souvenirs de ce rêve horrible. D'une main douce, il essuie les larmes qui coulent sur mes joues, laissant sur ma peau un sillon de chaleur, provoquant dans mon corps de petits frissons rapides.

- Ils... ils... ils sont partis... dis-je dans un souffle, laissant à nouveau échapper quelques larmes.

Il fronce les sourcils, ne comprenant pas de quoi je parle.

- Leur visage... ils avaient... ils sont, je m'emballe et redouble de sanglots.

- Estelle, calme-toi.

Jacob me serre à nouveau contre sa poitrine et me berce doucement entre ses bras.

- Mes parents, je reprends, une fois calmée. Leur visage avaient disparus. Je les oublie, je ne sais plus à quoi ils ressemblent... ils m'abandonnent.

- Mais non, ce n'était qu'un rêve. Tu ne les oublie pas.

- Si... je ne sais plus m'imaginer leur visage... Je les ai oubliés. Tout est ma faute... j'ai préféré sortir avec toi et aller m'amuser. Je n'ai pas pensé à eux, je n'ai pas pensé à Charlotte. Ils s'en vont, c'est fini... Je les ai abandonnés.

- Estelle, il faut que tu te calmes, tes parents sont morts, ils ne peuvent plus t'abandonner. Ton cerveau occulte les souvenirs, c'est normal. Mais tu ne dois pas culpabiliser. Et en aucun cas tu ne dois t'empêcher de vivre. Tu dois continuer de t'amuser, de vivre pour toi. Tes parents n'auraient certainement pas voulu que tu gâches ton existence pour te consacrer uniquement à leur mémoire. Tu as besoin de vivre. Et même pour Charlotte, elle a besoin de voir sa sœur heureuse pour savoir qu'elle aussi elle peut l'être. Elle a besoin de toi.

- Je n'en peux plus, j'essaie d'être forte tout le temps pour elle, mais je suis fatiguée.

- Tu ne dois pas être forte tout le temps, ma belle. Tu dois juste lui montrer que la vie continue malgré l'accident, mais si tu as besoin de flancher, de parler. Viens me voir. Je peux t'écouter, où discutes-en avec Letty, elle est là pour ça elle aussi.

- Je n'ai pas envie de t'embêter avec mes idées saugrenues, dis-je tout bas.

- Estelle... est-ce que tu as l'air de m'embêter?

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