☆ Chapitre - 01 ☆

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ZOÉ

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J'avais petit à petit perdu goût à la vie, à tout ce qu'elle aurait pu m'apporter, je n'avais plus la force de croire au bonheur. Pourtant à dix-huit ans, on ne devrait pas se murer vivante entre quatre murs. Néanmoins, cette vie était devenue mon quotidien.

Le responsable ?

Mon père.

Il m'avait abandonné le soir de mon anniversaire.

Une fois les courses terminées, il m'avait ordonné de ne pas bouger, d'attendre et de ne pas les suivre. Il m'avait laissé là, livrée à moi-même, sur le parking du supermarché. Il faisait pourtant déjà nuit noire, mais il n'avait pas hésité une seule seconde à se débarrasser de moi, alors qu'il était désert.

Ce soir-là, j'aurais dû fêter mes onze ans.

Mon père était parti sans se retourner, accompagné de Zaïna. Il l'avait tenu affectueusement par la main. Ils avaient rejoint la voiture garée un peu plus loin. Ils étaient restés sourds à mes cris, à mes appels, avaient fait abstraction de mes prières, ainsi que de mes pleurs. Ils n'en avaient rien eu à faire, de ma peur ou de ce qui aurait bien pu m'arriver en cette nuit, du vingt-deux décembre.

Tout ce que mon père avait voulu, c'était de se séparer de moi, de la même manière, qu'on aurait délaissé son animal de compagnie à la veille des vacances d'été sur une aire d'autoroute. Pour moi, en cette année de deux mille onze, c'était les vacances d'hiver qui venait de commencer. Et avec elles, j'avais abandonné là ma croyance en la magie de Noël.

Leur disparition n'avait rien eu de magique, elle avait été, bien au contraire, très réelle.

J'avais suivi du regard la voiture le plus longtemps possible, jusqu'à ce qu'elle ne devienne plus qu'un point lumineux, ensuite mes yeux les avaient perdus dans la nuit. J'étais seule, déboussolée, triste, apeurée, et ce n'était pas les quelques guirlandes de noël accrochées de-ci de-là, qui allaient changer quelque chose à ma situation désespérée.

Alors, après avoir épuisé toutes les larmes de mon corps, j'avais récupéré des cartons qui traînaient au sol, les avais installés pour m'abriter le plus possible au fond d'un chariot vide, puis je m'étais repliée en boule tirant sur les pans de mon manteau, afin de me couvrir. Je m'étais abandonnée à ce destin. Il m'avait tendu les mains, m'avait happé telle la proie fragile que j'avais toujours été.

Mon désespoir l'avait emporté. Il avait gagné la partie haut la main.

Seules les étoiles, ce soir-là, avaient pu me réconforter...

Personne ne s'était inquiété de mon absence, personne ne m'avait cherché. D'ailleurs pourquoi l'auraient-ils fait ? Qui aurait eu envie de se soucier d'un microbe aussi insignifiant que moi ?

En fait, personne.

Personne ne s'était préoccupé de ma disparition, et pour cause, je n'avais plus de famille proche, je n'avais même pas connu mes grands-parents. Mon père était fils unique, il n'existait donc, ni tante, ni oncle.

Les voisins ? Encore aurait-il fallu qu'ils soient derrière leurs carreaux, alors que la nuit était déjà bien avancée.

Non personne n'aurait pu penser, qu'une chose pareille pouvait avoir lieu, alors qu'ils étaient tranquillement chez eux, en famille, en train de souper, accompagné de la chaleur d'un feu de bois qui crépitait dans le foyer de leur cheminée.

L'amour sous contrat | TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant