Sur une autre planète

☾Partie 3/4

          

"- Changement de groupe ! Groupe 1, vous sortez. Groupe 7, vous entrez. Les autres, dirigez-vous vers la prochaine activité. Allez, on se dépêche !"

Assise contre un mur poussiéreux, je me levai vivement en même temps que mon groupe. Je faisais partie du groupe 7 et vingt minutes s'étaient écoulées durant lesquelles aucune activité n'avait été libre pour nous. Ariane faisait partie du groupe 1 et elle vint s'installer à ma place en levant son pouce devant mon nez.

"- Tu vas voir, c'est de la bombe, ces activités."

A ce que j'en avais vu jusqu'à maintenant, ces combats au corps à corps, ces lancés de couteaux ou ces tirs avec les armes de guerre n'étaient pas pris à la légère. Tu étais dans une activité, tu avais intérêt à la faire, et du mieux que tu pouvais.                                                                Ariane avait commencé au maniement de l'épée et j'avais pu l'apercevoir en pleine prestation. Pour une première fois, elle s'était bien débrouillée, à mon goût.

"- Groupe 7, dépêchez-vous ! Vous commencez avec le lancer de couteaux."

Marc, notre entraîneur « hippie-guerrier », criait sur tout ce qui bougeait, et ses belles paroles de "peace and love" avaient vite été jetées à la poubelle. Ses traits tirés en un rictus sérieux ne donnaient pas envie de le contrarier...

Chaque activité se déroulait dans une pièce, chacune clôturée par d'immenses baies vitrées. Cela permettait à Marc de garder un œil sur tout le monde et de pouvoir intervenir ou changer de pièce rapidement. Malgré les vitres isolantes, l'ensemble était bruyant, mais surtout agité.

En lancer de couteau, un petit mur coupait la pièce en deux avec d'un côté des mannequins et de l'autre les cibles. Et devant la porte étaient accrochés une multitude de poignards scintillants. La distance entre le mur et les cibles devait frôler les 15 mètres et l'espoir de toucher ne serait-ce qu'un mannequin, s'évapora de mon esprit bien assez vite. Marc fit irruption dans la pièce et sans un regard, nous expliqua les consignes:

"- Le concept est simple: toucher vos cibles et gagner un maximum de points. Votre score s'affichera sur le mur à chaque tir, sous votre nom. Bien sûr, aucun acte meurtrier ou suicidaire ne sera accepté."

Sa remarque ironique en fit rire plus d'un, mais je n'y fis pas beaucoup attention, trop concentrée à calculer mon pourcentage de chance d'avoir au-dessus de 5 points pour cette activité.

***

En place devant ma section de mur, je fis lentement tourner mon poignard entre mes petits doigts, avant de commencer à viser ma cible. Cette profession n'était sûrement pas pour moi, mais je tenais à terminer ce défi avec le plus de points possible. Les premiers poignards fendirent l'air, bientôt suivis du mien.

La lame n'atteint même pas mon mannequin et tomba ridiculement au sol dans un bruit métallique assourdissant. Autour de moi, les autres semblaient au moins avoir touché leur corps en carton. Je devais lancer avec plus d'énergie pour y arriver.                                                        

Le second, bien que moins ridicule, frôla ma cible de quelques centimètres. Au bout de mon sixième lancer toujours aussi défectueux, je sentis Marc se diriger vers moi et replacer mes épaules avec un geste brusque.

"- Tu n'es pas bien placée, ton bras est trop plié, tes doigts ne sont pas bien positionnés et tu fermes le mauvais œil. Et regarde comment font les autres. Ils n'ont pas une meilleure position mais ils élancent leur bras quand ils lancent le couteau. Ils ne visent pas bien mais au moins, ils touchent quelque chose. Fais attention à tous ces détails."