Debout sur la première marche de l'escalier, je respirai longuement en essayant de percevoir une ombre quelconque, au milieu de l'obscurité environnante. Ariane m'avait fait passer le message, certes, mais je n'avais aucune idée de l'endroit où je devais retrouver Clyde. Venait-il me chercher, devais-je descendre dans le hall ? Ne pas savoir quoi faire me rendait nerveuse, et me donnait presque envie de retourner me cacher sous mes couvertures. Mes doigts tambourinaient rapidement sur la rampe d'escalier, alors que je tournais la tête dans tous les sens.
Que voulait-il me dire, d'ailleurs ? Encore une fois, Ariane ne m'avait pas éclairée sur ce sujet. A nouveau excitée de ranger ses affaires enfin retrouvées, elle était vite sortie, elle aussi, de la pièce. Et maintenant, je ne savais pas quoi faire. Intérieurement, j'étais angoissée à l'idée d'à nouveau parler avec Clyde, face à face. Ce long moment durant lequel je l'avais perdu de vue me revenait dès que je pensais à lui, et cela me refroidissait rapidement. J'avais en fait peur de le retrouver maintenant, alors qu'il y avait de grandes chances que nous nous séparions à nouveau d'ici peu, lorsque la guerre sera annoncée.
J'étais perdue dans mes doutes quand un bruit au bas des escaliers me redonna espoir. Alors que tout semblait endormi, les légers bruissements à quelques mètres de moi ne passèrent pas inaperçus. Je descendis rapidement les marches et retrouvai mon ami d'enfance. Il se trouvait devant moi, son bras en fer agrippé à la rampe métallique, qui longeait le mur. Quand il me vit, je le sentis souffler, rassuré de me trouver là, et il me dit:
"- Tu es venue, c'est cool.Ça va bien ?"
Je lui répondis par l'affirmative en chuchotant, comme lui à l'instant, et me rapprochai d'une marche. Deux nous séparaient encore.
"- Je... J'aimerai te parler... autre part que dans ce couloir sombre, sur un escalier qui n'a pas été lavé depuis un bon bout de temps."
Je lui accordai un hochement de tête, imperceptible dans le noir qui nous enveloppait. Mais il semblait avoir compris et m'intima de le suivre, le plus silencieusement possible. "Ce que nous faisons n'est pas réellement admissible, normalement." Sur ses mots, j'obtempérai et le suivis comme son ombre, parcourant le bâtiment et montant les étages. Je ne sus pas combien de niveaux nous montâmes, mais cela dura longtemps et mes jambes me faisaient horriblement souffrir. Mon souffle était court, et tenir la rampe à côté de moi était de plus en plus difficile. Cent-trois, c'était le nombre de marche que j'avais comptées jusqu'au sommet.
"- Ne t'inquiète pas, on est enfin arrivé, me chuchota-t-il alors que je soufflais lentement pour retrouver des forces."
J'acceptai la main qu'il me tendait et me relevai, le rouge aux joues après cet effort.
"- Après tous ces entraînements, tu devrais être capable de monter ces marches sans rechigner."
Sa remarque ironique me fit sourire, et je laissai échapper un petit rire, qui se répercuta contre les murs. Ce son résonna dans le couloir, et Clyde m'ordonna de me taire, d'un geste de la main.
"- Tu veux vraiment nous attirer des ennuis, toi, lança-t-il d'un air faussement sérieux. Enfin bon, maintenant que nous sommes montés tout en haut, je vais pouvoir t'amener là où je voulais: sur le toit."
A ces mots, mon esprit fut embrouillé un court instant à l'idée de sortir à l'air libre. Je n'avais encore jamais goûté à la douceur de la nuit sur Vivia, et cette idée m'excita. Quelques secondes plus tard, je demandai innocement:
"- Et... on voit les étoiles, sur Vivia ?"
***
Mal installée sur la ferraille penchée qui servait de toit d'appoint, je souriais pourtant bêtement, comme une enfant de six ans à qui l'on offre une poupée ou une friandise. La prothèse de Clyde frappa contre la tôle et ce bruit assourdissant attaqua mes oreilles.
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Sur une autre planète
Science Fiction"La vie sur Terre est un combat permanent pour ne pas sombrer, mais je ne pensais pas que la vie sur Vivia en serait un nouveau, tout aussi différent..." Depuis mon arrivée sur Vivia, planète qui m'était jusqu'à maintenant inconnue, je redoute chaqu...