☾Partie 1/2

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Le regard perçant d'Hemna nous scruta les unes après les autres, un air de défi plaqué sur son visage terrifiant. Au bout d'une dizaine de minutes pendant lesquelles je respirai à peine, guettant la réaction de celle-ci, je fus soudain affolée par son ton soudain aussi dur que la pierre:

"- Bon !"

Ce simple mot nous fit finalement bien plus peur qu'une menace. Que nous cachait-elle ? Elle n'allait sûrement pas nous laisser comme ça, en attendant le dévouement de l'une de nous. Je soufflai de soulagement, et alors que j'observai sa large silhouette sortir de la pièce, le déchainement soudain d'Ariane sur Callie me fit revenir au monde réel.

Sans crier gare, elle s'était ruée sur la malfaitrice qui était à l'origine de tout ça. Alors que Callie tentait vainement de respirer entre les mains d'Aria plaquées sur son cou, des cris de surprise résonnèrent dans la pièce.

"- Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu lui as dit ? Hein ? Réponds ou je t'arrache la colonne vertébrale pour te fouetter avec !"

Lentement, elle desserra sa prise pour écouter la réponse de sa victime, mais un sourire hypocrite fut sa seule réponse. Provoquer Ariane revenait à faire face au diable et aux quatre cavaliers de l'apocalypse en même temps. Je le compris à la seconde d'après, et accourus jusque vers ma partenaire pour la calmer.

J'empoignai ses deux bras avec force et la forçai à lâcher Callie, qui virait légèrement au bleu.

"- Mais lâchez-moi, je vais lui taillader la peau à cette garce ! Jo, pourquoi tu la laisses faire ? Elle t'a trahi de la manière la plus spectaculaire qu'il soit ! Cette personne est le diable incarné et tu la défends encore ?"

Ses paroles tranchantes étaient loin d'être fausses, mais la laisser sortir les entrailles de Callie sur le sol n'aiderait en rien. En tirant un peu plus fort, j'arrivai enfin à la faire lâcher prise. Les joues rouges et le regard électrique, elle fixa encore longuement Callie, avant de lui cracher au visage.

"- Grâce à ta copine, Jo, nous allons pouvoir être renvoyées. Remercie-la de ma part, moi, je vais me coucher. Je n'ai pas envie de m'attarder sur ce genre de personne."

Elle tourna alors les talons et retourna se coucher, me laissant face à Callie, qui trainait difficilement par terre, les mains sur sa gorge douloureuse. La voir garder son sourire, si fier malgré la douleur, me fit également sortir de mes gonds, et je lui donnai une gifle aussi cinglante qu'un coup de tonnerre. Voilà ce qu'elle méritait. Je m'étonnai moi-même de cette violence inconnue, mais ne regrettai pas mon geste.

Cette fin de nuit se termina éveillée pour un grand nombre d'entre nous. Le silence était assourdissant, et je n'arrivai pas à me rendormir, gardant toujours le regard scotché sur la porte par laquelle était sortie Ariane, une heure plus tôt. Elle était apparemment partie se dégourdir les jambes, mais ne pas la voir revenir, minute après minute, ne me laissait pas rassurée. Vers trois heures du matin, je la vis enfin revenir, son ombre mouvante sur les murs et son visage caché dans la pénombre.

***

Entourée de toutes les autres filles du dortoir, je suivais le mouvement général qui me guidait jusqu'à la pièce commune. Hemna nous y avait conviées il y a de là quelques minutes, et mon cœur ne cessait de faire des bonds spectaculaires, en essayant de trouver la cause de cette réunion générale. Avait-elle trouvée les coupables ? Allait-elle nous dénoncer devant tout le monde ? En retrouvant Ariane dans la cohue, je la rattrapai et lui posai la question qui me torturait la tête.

"- Où étais-tu, cette nuit ? Tu es partie longtemps..."

Un long silence s'ensuivit durant lequel Ariane semblait ne pas avoir entendu. Mais au retroussement de son sourcil, je compris qu'elle faisait simplement la sourde oreille pour ne pas répondre à cette question qui l'embarrassait. Finalement, elle me répondit enfin, mais sur un tout autre sujet, qui ne m'étonna pas de sa part:

Sur une autre planèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant