Ariane tassa avec énergie les vêtements et bijoux que nous venions de cacher dans le renfoncement qu'elle avait trouvé, sous les lavabos. Nous avions mis toutes nos forces à tout faire rentrer dans ce petit trou. Peu après avoir compris les intentions d'Ariane, j'avais discrètement filé dans le dortoir pour prendre le blouson de Clyde et la rejoindre dans les toilettes miteuses du premier étage. Mais alors que je pensais qu'il y aurait quelques petites affaires sentimentales, Ariane a tenu à faire rentrer les trois quarts de ses affaires. Et pour seule explication, elle m'avait chuchoté à l'oreille « Chacun a ses secrets ».
Quand tout entra enfin, je remis le morceau de carrelage à sa place en rebouchant le trou. Satisfaite du résultat, je me relevai vivement pour déplier mes genoux engourdis. Malheureusement, cette satisfaction m'avait fait oublier la présence de ces fichus lavabos. Ma tête se fracassa contre l'un d'eux avec un vacarme tonitruant. Alors que des dizaines de petits lavabos blancs commençaient à danser devant mes yeux, Ariane ne se retint pas de se payer ma tête.
"- Alors, tu avais oublié que ces lavabos pouvait assommer quelqu'un ? Tu as encore toute ta tête au moins ? Je n'aimerais pas me retrouver avec une amie ayant des troubles de la mémoire après avoir, je cite, fait la rencontre plutôt violente d'un lavabo !"
Alors qu'elle était pliée en deux, en train de rigoler comme une baleine, je tenais ma tête entre les mains et serrai les dents. C'était douloureux, mais surmontable. Le pire était le sarcasme peu subtil d'Ariane...
Après avoir longuement écouté les blagues plutôt immatures de mon alliée, l'odeur nauséabonde des toilettes nous fit déguerpir. Arrivées à nouveau dans le dortoir, l'agitation semblait s'être calmée, mais il régnait un carnage apocalyptique dans tous les recoins de la pièce. Les affaires personnelles de chacune formaient un tas haut de plus d'un mètre. Notre petite sortie en dehors des dortoirs ne semblait avoir troublé personne, et nous rejoignîmes nos lits respectifs avec indifférence.
Mais alors que j'attendais que tous les tas soient faits, assise sur mon lit, un chuchotement à côté de moi me fit tourner la tête:
"- Je vous ai vues, toi et l'autre grande. Vous êtes sorties avec des affaires."
Étonnée par sa remarque, je fis attention à ne pas paraître offensée, mais la lueur de peur qui fit briller mes yeux la rendit fière de son coup. Nous avions été démasquées par une personne, mais y en avait-t-il d'autres ?
"- Vous avez dû cacher vos affaires quelque part, j'en suis sûre. Pourtant, vous n'êtes pas les seules à vouloir garder vos souvenirs. Si tout le monde vous avait vues, je pense que vous auriez eu des problèmes..."
Ses avertissements me mettaient plus en colère que me faisaient peur. Que voulait-elle ? Me donner une leçon ? Me faire comprendre que mentir et tricher, c'est mal ?
"- Je ne compte pas vous livrer aux supérieurs, à une condition. Je voudrais que vous me considériez comme une alliée."
Sa demande était simplement pitoyable. Pour ne pas rapporter, elle veut simplement qu'on joue avec elle comme en école primaire ? En ricanant, mon comportement parut la vexer. Elle ne semblait pas apprécier la moquerie autant qu'Ariane... Son ton soudain rude me laissa perplexe:
"- Comme tu veux. Moi, c'est Callie, si tu changes d'avis."
Vu comme ça, elle me parut légèrement bipolaire... Mais sa menace ne me laissait pas en toute confiance non plus. Il fallait que je prévienne Ariane, mais pas tout de suite.
***
"- Bipolaire, tu dis ? Schizophrène, peut-être, tant que tu y es. "
J'essayais tant bien que mal de résonner Ariane. Si Callie venait à dire à Hemna que nous cachions des affaires, s'en serait sûrement fini pour nous. Pourtant, son tempérament frontal l'avait encore une fois emporté. Entendre raison et lui faire changer d'avis fut impossible.
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Sur une autre planète
Science Fiction"La vie sur Terre est un combat permanent pour ne pas sombrer, mais je ne pensais pas que la vie sur Vivia en serait un nouveau, tout aussi différent..." Depuis mon arrivée sur Vivia, planète qui m'était jusqu'à maintenant inconnue, je redoute chaqu...