"- Alors vas-y, explique-moi tout avant que tout le monde ne rapplique."
Je sentais mes cheveux friser sur le haut de mon crâne et mes dents claquer, alors que William me chuchotait doucement ces paroles. Les dernières gouttes restées accrochées sur le pommeau de douche tombaient une à une en un "ploc" silencieux, tel un métronome en accord avec les battements de mon coeur encore affolé. Les yeux bleu-gris de mon ami me fixaient toujours comme s'ils voulaient pénétrer dans mon esprit, moins fuyants que d'habitude. Mes mains froides et tremblantes se mirent alors à s'agiter quand je me mis à commencer:
"- Ce matin, Yann m'a amenée à l'extérieur pour que je puisse rencontrer deux anciens soldats.
- Yann ?
- Le professeur McKin. J'ai vu deux personnes dont Alex, qui a bien voulu tout m'expliquer.
- Et qu'est-ce que t'a dit cet homme, pour que tu soies dans cet état ?
- C'était une femme. La femme la plus digne et courageuse que j'ai vue jusqu'à maintenant. Elle s'est battue, a souffert et s'est relevée.
- Et qu'est-ce qui te fait tellement souffrir, dans ce cas ? Elle s'en est sortie, elle a réussi, ce devrait être un modèle pour toi.
- Sauf que tous n'ont pas eu le même sort qu'elle. Je suis sûre que certains revivent ces cauchemars à chaque fois qu'ils ferment les yeux, d'autres n'en ont même pas l'occasion car ils sont morts, éclatés en mille morceaux sous un obus. Même dans son regard, j'ai vu la souffrance qu'elle avait ressenti. Son corps était encore entier, mais son coeur était en mille éclats, comme touché lui aussi par toutes ces bombes tombant du ciel. Et je ne veux pas vivre ou même ressentir la même chose."
Lentement, William me frictionna l'épaule, sûrement pour apaiser mes soubresauts.
"- Même sur une autre planète, on doit faire face à des calvaires, tous plus durs les uns que les autres. Maintenant, on va devoir se battre, c'est comme ça, tu ne peux pas changer les codes. De toute façon, la mort, c'est pour les autres. Nous, nous sommes immortels."
Sa petite phrase naïve mais rassurante me fit sourire. Tout le malheur n'arrive qu'aux autres, c'était bien connu... C'était ce que j'appréciais le plus chez William, son authenticité, sa gentillesse, sa timidité et sa simplicité naturelles. Avec lui, tous les malheurs du monde semblaient plus loin, presque oubliés et remplacés par son sourire toujours lumineux.
"- La vie ne tient qu'à un fil."
En l'entendant dire ça, je relevai la tête pour lui demander une explication des yeux.
"- C'est ma citation préférée, en même temps poétique est tellement vraie. Le fil des Parques peut être coupé à tout moment, et personne à part ces trois divinités ne peuvent en décider autrement. Ce ne sont pas la guerre ou le danger qui peuvent les remplacer.
- Je ne suis pas une grande adepte des citations, lui répondis-je ne souriant.
- Tu as tort, les citations permettent de mettre des mots sur ce qu'on ressent, de nous éclairer sur ce qu'on pense, de nous faire réfléchir.
- Sauf que ce ne sont que des mots."
Nous restâmes longtemps ainsi, recroquevillés sur nous-mêmes et grelottant sans pour autant vouloir bouger pour nous réchauffer. J'avais froid, mais la simple présence de mon ami me réchauffait assez. L'eau glacée m'avait réellement engourdi l'esprit, au point qu'aucune mauvaise pensée n'arrivait à surgir du brouillard qui m'emplissait la tête. Mes cheveux laissaient couler des gouttes sur mes épaules, qui descendaient jusqu'au creux de mon dos et me faisaient frissonner, mais j'aimais ça. J'aimais le moment présent, aussi incongru soit-il, et j'en aurais encore profité si un bruit dans le dortoir ne m'avait pas alerté.
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Sur une autre planète
Ciencia Ficción"La vie sur Terre est un combat permanent pour ne pas sombrer, mais je ne pensais pas que la vie sur Vivia en serait un nouveau, tout aussi différent..." Depuis mon arrivée sur Vivia, planète qui m'était jusqu'à maintenant inconnue, je redoute chaqu...