☾Partie 4/4

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"- Jo, mais qu'est-ce que tu fais dans cet état ?

- J'ai subi le corps à corps un peu plus différemment que les autres...

- Mais est-ce que tu t'es vue ? On dirait Quasimodo !"

Je ne sus quoi répondre à cette remarque mais Ariane, derrière moi, fut secouée d'un fou rire silencieux. A voir mon visage tuméfié et mon allure de cadavre, je savais très bien que la remarque du professeur McKin n'était pas seulement ironique.

"- Et où est-ce que tu te rends, maintenant ?

- Dans cet état, il est peu probable que je parte pour sortir en boîte de nuit... Ariane m'accompagne à l'infirmerie."

Le professeur McKin, qui venait de se rendre compte de la présence d'Ariane, la salua en un hochement de tête.

"- Très bien. Reviens me voir après y être passée, pour être sûr que tout aille bien... Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

- Où pourrais-je te trouver ?

- Ici, au même endroit. Je veux juste vérifier que l'infirmière se soit bien occupée de toi."

Sans plus attendre, il me laissa et courut à nouveau vers une salle dans laquelle le maniement de l'épée commençait à virer au combat à mort. Toutes deux en plein milieu du couloir, nous continuâmes d'avancer vers la classe « quatre », lentement. L'attitude du professeur, bien que protectrice, me laissait pensive. Pourquoi tenait-il tellement à me couver, à me protéger ? En tant que père de famille, cela était peut-être naturel pour lui. La voix d'Ariane vint souffler sur mon tourbillon de doutes:

"- Et toi, comment es-tu venue ici et pourquoi ?"

En tentant de trouver les justes mots, je lui répondis avec le strict nécessaire. Ce changement radical était encore trop nouveau, et je n'avais pas encore réussi à tout digérer. Comme une blessure à vif, je ne pouvais pas encore la toucher sans sentir la douleur.

"- J'étais orpheline et ma vie ne se résumait pas à grand chose. Pourtant, quand on est venu me chercher, j'ai eu un peu de mal à accepter cette situation..."

Je sentais le regard d'Ariane peser sur mes épaules, ce regard qui savait que tout n'était pas dit. Pourtant, alors que la gêne débordait en moi, je ne laissai rien paraître et tentai de garder mon air naturel. Mon regard resta fixé au sol. Je ne voulais pas qu'elle voie que j'avais du mal à lui faire face sans tout lui dire.

"- Toi aussi, tu as des choses à cacher... comme tout le monde ici. Chacun a ses secrets."

***

"- Rien de cassé mais vous vous êtes fêlé une côte, vous avez un œil au beurre noir et de nombreux hématomes. Votre adversaire ne vous a pas ratée, mais rien d'alarmant.

- Mais avec une côte fêlée, je ne pourrai pas suivre les entraînements sans souffrir.

- On voit que votre arrivée ici est nouvelle... En tant que petite terrienne, vous ne connaissez pas nos immenses avancées médicales. Pour votre côte, je vais simplement vous injecter une substance qui la consolidera en moins de deux. Demain, vous n'aurez plus mal. Par contre, pour vos blessures externes, nous n'avons rien mais je peux dégonfler votre paupière. Sinon, avez-vous autre chose à signaler ?

- Oui. Cette nuit et en début de journée, j'ai eu de violentes nausées. Je n'ai pas vomi, mais j'ai horriblement mal à la tête. En arrivant sur Vivia, je me suis évanouie et on m'a dit que c'était dû au changement d'oxygène. Cela pourrait-il encore être la cause ? »

Sur une autre planèteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant