Prologue

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« Espoirs brisés »

Quand commence cette histoire, à la fin du troisième âge du monde, l'avenir de la Terre du Milieu ne tenait plus qu'à un mince fil. Les peuples libres se battaient sans relâche, et avec le plus grand des courages, contre les forces innombrables de Sauron le Seigneur des ténèbres.

Un jour que la lumière pouvait prendre le dessus, leurs minces espoirs prirent fin et leur avenir se brisa avant même d'avoir existé. La victoire n'était plus qu'une utopie à laquelle seul un fou pourrait croire.

*

Sam Gamegie escaladait péniblement les pentes brûlantes de la montagne du Destin, en portant Frodon à demi conscient et épuisé sur ses épaules.

Il était las, épuisé, et vidé. Ses forces étaient faibles, mais malgré tout il continua, ses pieds avançant, l'un après l'autre inlassablement. Sous ses pas des débris brûlants dégringolaient de la montagne. La roche ardente, la poussière qui empestait l'air, rendait sa progression pénible et douloureuse.

L'entrée était toute proche, et après des mois de voyage il pouvait la voir à quelques centaines de mètres de lui. Le seul endroit sur terre où l'on ne voudrait pas être. Il n'y avait nulle vie ici.

Après s'être arrêté haletant, cherchant désespérément de l'air dans cette atmosphère ardente, Sam reprit sa pénible marche. Plus que quelques pas et ils pourraient détruire ce fardeau devenu si lourd à porter. Plus que quelques pas et son long voyage prendrait fin, dans le pays de toutes les désolations. Toutes les souffrances de ce monde prendraient alors fin et les ténèbres suffocantes venant du Mordor ne seraient plus qu'un lointain souvenir.

Les deux hobbits l'ignoraient, mais non loin d'eux, les derniers membres de la communauté de l'anneau étaient devant la porte noire avec les restes des armées du Rohan et du Gondor. A peine quelques milliers d'hommes près à tout pour sauver leur liberté, leur famille, leur peuple, et leur pays.

En ce jour sombre seule la victoire compterait, et cette ultime bataille devait permettre d'y arriver. Il le fallait. Quoi qu'il en coûte.

Mais malgré leur courage et leur vaillance, sur le destin leur joua un mauvais tour, et les événements prirent une tournure dramatique.

Dans une ultime fourberie, la créature nommée Gollum, observait les deux hobbits près de la grande entrée, juste derrière un rocher.

-Sales voleurs, traîtres ! siffla Gollum dans un murmure sifflant.

Ils lui avaient volé sa raison d'être, de vivre, son anneau. Son précieux, son trésor.

La créature attendait là, patiemment depuis des heures, n'ayant que faire de la chaleur délirante qui régnait aux alentours. Quand les deux hobbits furent à quelques mètres de sa cachette il sorti de l'ombre et se jeta sur Sam qui perdit l'équilibre et chuta au sol, entraînant Frodon dans sa dégringolade. Ils tombèrent dans l'inconscience, et Gollum en profita pour récupérer son anneau. Il arracha la chaîne de métal, la jeta au sol, et contempla l'objet qui y était accrocher : un anneau d'or. Son précieux était de nouveau à lui, et rien d'autre ne l'importait. Il bondit de joie, heureux comme jamais, oubliant le lieu où il se trouvait et le danger. Et dans un moment allégresse il mit l'anneau au doigt.

En un instant tout s'écroula.

Ce dernier acte fut la désolation, le coup de grâce pour le camp de la lumière, car l'espoir avait pris fin.

Les spectres de l'anneau s'envolèrent vers la montagne du destin, guidé par l'appel de l'anneau unique, pièce maîtresse du pouvoir de leur maître Sauron, et qu'ils recherchaient sans relâche depuis des mois. Leur raison d'être était sous leurs yeux : Gollum qui dansait toujours joyeusement sur la pente noire de la montagne, avec à son doigt l'objet de pouvoir. Un des Nazgûl l'empoigna violemment et le tira dans les airs. La pauvre créature hurla un cri aigu de terreur, mais le spectre n'avait que faire de sa souffrance et de son sort. Il l'emporta vers le champ de bataille, après lui avoir arraché le précieux objet du doigt pour qu'il soit visible de tous.

Les deux armées présentes devant la porte noire s'immobilisèrent devant cette vision terrifiante. La victoire finale de Sauron sur les peuples libres était là, devant leurs yeux.

Aragorn et les autres étaient comme sonnés sur place, ne sachant ni que faire, ni comment réagir. C'était un choc. Cette fin était une possibilité certes, une possibilité de cauchemar, présente dans toutes les têtes, mais personne ne l'avait vraiment imaginée. Une guerre, malgré la gloire qu'offre une victoire, fait toujours naître de la souffrance dans son sciage. La mort et la désolation en est le prix.

Soudain Gollum tomba brutalement au sol, sa triste vie avait pris fin ici, sous les rires des forces de Sauron. Et puis, sans prévenir les Nazgûls se repliaient : les aigles étaient arrivés. Gandalf prit place sur l'un d'eux. Il avait le sentiment que Frodon et Sam étaient encore en vie, et même si c'était un espoir de fou, c'était un espoir malgré tout et il fallait en avoir le cœur net. Il se dirigea vers la montagne qui crachait du feu, et vît les deux hobbits couchés à flanc de montagne, visiblement inconscient.

L'aigle les prient délicatement dans ses serres s'envola dans les aires, et disparu loin dans le ciel encore lumineux à quelques milles de là. Quant à l'armée libre, elle bâtie en retraite, les hommes s'enfuyant comme ils le pouvaient.

*

Une fois son bien le plus précieux à nouveau à son doigt, plus rien ne pouvait arrêter Sauron, le Seigneur des Ténèbres, et le début du règne de l'obscurité commença dans le ciel à l'est.

Le quatrième âge de la Terre du Milieu débuta, non pas porteur d'espoirs comme les autres, mais de destruction. La victoire de Sauron était synonyme de la fin de toutes choses. Et le monde connaîtrait des changements jamais vus ou presque et imprévisibles.

La première ville à tomber après sa victoire à la porte noire fût Minas Tirith. Sauron y avait une revanche à prendre, et il n'allait pas laisser passer cette opportunité. La capitale du Gondor s'effondra après une brève bataille, inégale et perdue d'avance. Les rares Gondoriens survivants s'enfuirent vers le Rohan, et les terres plus au nord, abandonnant une partie de leur vie derrière eux. Pour toujours.

Sauron avait de très nombreuses ressources, sa guerre était prête depuis bien des siècles, et une fois la victoire acquise au Gondor, ses autres forces se mirent en marche : dans le nord les Gobelins des Monts Brumeux, et d'Ered Mithrin, se dirigèrent à l'est sur le royaume elfique de la Forêt Noire. Le long siège que subissait depuis de longs mois les deux royaumes nains des monts de fer et d'Erebor, et de la ville humaine de Dale, s'accentua davantage. La résistance s'annonçait difficile. Sauron ne ferait preuve d'aucune clémence.

Puis, progressivement, les forces maritimes de Sauron, les pirates d'Umbar, bloquèrent les ports, du nord au sud, rendant impossible la fuite des elfes encore présent vers les Terres Immortelles.

Le Seigneur des ténèbres mettait en place ce qu'il avait toujours voulu, le but même de son existence, et ce pourquoi son anneau avait été forgé :

« Un anneau pour les gouverner tous.

Un anneau pour les trouver.

Un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. »

En un instant, le sort de tous les peuples libres avait basculé dans l'ombre.

Mais malgré tout ils n'abandonnèrent pas le combat. Se rendre n'était pas une possibilité. Ils mourraient debout les armes à la main.

Se battre pour le meilleur était la seule chose qui leur restait. 

Battons-nous pour le meilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant