Chapitre 8

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Le Gouffre de Helm

Les jours qui suivirent se déroulèrent comme tous les autres avants eux. Chaque jour ressemblait aux précédents, ponctué de brèves interruptions pour se restaurer et reprendre un peu de forces. Ils se réveillaient peu avant l'aube, mangeaient un bref petit-déjeuner, effaçaient les traces de leur passage, et reprenaient leur marche, parfois le ventre vide, en direction du Gouffre de Helm et des montagnes.

Ce jour-là ils marchèrent d'un bon pas sur une herbe mortifère, le vert ayant quitté ses brins le temps de la saison froide. Quelques pierres parsemaient le sol de terre çà et là. Le ciel s'assombrissait un peu plus chaque jour si bien que le gris avait totalement recouvert le bleu pur au-dessus de leur tête.

La parole de chacun se faisait rare à mesure qu'il progressait, et l'atmosphère en devenait parfois pesante. Tous avaient la mine troublée et morose. Eléa pouvait le sentir et elle était attristée de constater que même son oncle Aragorn avait le visage sombre.

Et les nuits qu'ils passaient à la belle étoile n'était pas toujours de tout repos. Pour le capitaine du Gondor, Faramir, l'obscurité était même devenue usante, le réveillant régulièrement en pleine nuit. Seule la présence d'Eowyn à ses côtés l'apaisait et le réconfortait. Mais il n'était pas le seul à avoir un sommeil troublé. Sam lui aussi était la victime de cauchemars. Toujours entouré de Merry et de Pippin, il lui arrivait de s'agiter ou même de crier dans son sommeil. Alors ses deux compagnons se réveillaient et ils lui prenaient la main jusqu'à ce qu'il se rendorme.

Tous avaient leurs propres blessures et ils tentaient tant bien que mal de faire face, et de continuer, pas après pas, leur longue marche.

Certains cachait leur mal-être et leurs souffrances, les gardant enfermées au plus profond d'eux-mêmes. La bataille d'Edoras avait laissée de nombreuses traces.

Seul Gandalf semblait s'en sortir véritablement sans trop de difficultés. Plus le temps passait et plus Eléa était intriguée par cet être si fort et serein. Lui qui avait vécu l'équivalent de milliers de vies d'hommes, en était à la période la plus compliquée de son interminable existence. Pour la femme il représentait l'humilité incarnée. Ce grand personnage vêtu de blanc immaculé la rassurait, et pour elle tant qu'il serait là avec eux, rien n'était perdu. Il leur fallait garder espoir même si ce n'était que folie.

La marche était devenue leur unique activité, et souvent Eléa laissait vagabonder son esprit et ses pensées, et elle se demandait si d'autres étaient passés par ces terres aux nord-ouest d'Edoras.

-Probablement des Rohirims pensa-t-elle, qui revenaient de glorieuses batailles au Gouffre de Helm, et désormais morts et oubliés depuis bien longtemps.

Un soir après une longue journée de marche, et alors que le soleil descendait à l'horizon, Eomer rassembla tous ses compagnons autour du feu. Il avait pris une décision et celle-ci concernait directement leur itinéraire.

-Mes amis, commença le roi, durant cette journée un fait important s'est rappelé à moi, alors que je laissais libre court à mes pensées. La situation au Gouffre de Helm. Comme vous le savez j'y ai envoyé des hommes avant l'assaut des forces noires sur Edoras.

-Et vous voudriez savoir ce qu'il est advenu d'eux, devina Aragorn.

-En effet Aragorn, dit Eomer, il est de mon devoir de savoir si mes hommes sont encore en vie.

-Avec une armée de Sauron face à eux ça m'étonnerait, déclara Gmili d'un ton catégorique.

-Vos intentions sont nobles, Eomer, affirma Aragorn, mais cela nous ferait dévier de notre route.

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