Chapitre 9

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Le parchemin de Saroumane

L'image de cet homme mort dans ses bras la hantait. Dès qu'elle fermait les yeux, Eléa pouvait voir sans mal son visage, et l'étincelle de ses yeux disparaître progressivement, alors que l'heure de la mort était venue pour lui. Elle en dormait mal la nuit, se retournant sans cesse avant d'abandonner l'idée de trouver le sommeil. Elle en était lasse. Et même les mots qu'Aragorn avaient eus peu après n'avaient que peu calmer ses peurs. Il lui disait que cela finirait par passer, que ce n'était qu'une mauvaise passe, et que les images disparaîtraient d'elles-mêmes avec le temps, mais rien n'y faisait. Après tout que pouvait-il comprendre ? Il était un Homme, un Dunedain, descendant de Numénor, il se devait d'être fort et sans faille pour son peuple. Les Hommes sont durs envers eux-mêmes, bien plus qu'envers autrui.

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Eléa se réveilla de mauvaise humeur. Voilà deux nuits qu'elle ne dormait plus et elle arrivait au bout de sa patience. C'était toujours les mêmes images qui revenaient sans cesse, ne lui laissant pas un instant de répit. Elle avait beau être épuisée, faire des séances d'entraînements plus physiques les unes que les autres, sont esprit avait décidé de la garder éveillée et ressassait l'image de ce soldat mort devant elle deux jours plus tôt.

Et même si elle en avait vu d'autres lors d'expéditions avec d'autres Dunedains, la bataille d'Edoras l'avait rendue bien plus sensible à la souffrance qu'elle ne l'aurait voulu. Alors que ce n'était même pas la première fois. Et sans doute pas la dernière.

La nuit suivante, et malgré un entrainement soutenu à l'arc avec Legolas, Eléa ne trouvait pas le sommeil. Elle avait les yeux fixés sur le plafond au-dessus d'elle, et elle était si résignée qu'elle n'était même plus en colère, la lassitude ayant repris le dessus cette nuit-là. Elle décida de se lever, abandonnant l'idée d'essayer de trouver le sommeil. Elle sortit de ses couvertures sans faire de bruit, attrapa sa cape, et elle quitta la pièce qui servait de dortoir. Elle se retrouva dans un couloir sombre et froid qui débouchait sur l'extérieur. Il y avait un petit vent venu du nord qui rendait l'air de la nuit glaciale. Eléa resserra sa cape autour d'elle et elle sortit sur la petite placette de pierre à l'intérieur de l'enceinte du Gouffre. Elle fut surprise d'apercevoir une silhouette appuyée sur le mur de pierre. C'était un homme de haute taille, une longue cape verte sur ses épaules, le regard tourné vers l'horizon. Faramir, le capitaine du Gondor, ne trouvait pas non plus le sommeil. Eléa s'approcha et vint se mettre à côté de lui. Il était pensif, les yeux dans le vague.

-Vous ne dormez pas ? lui demanda Eléa

-Vous non plus, chère Eléa, lui répondit Faramir avec un sourire. Quelle est votre excuse ?

-Je fais des cauchemars, avoua Eléa

-Alors vous n'êtes pas la seule, confia Faramir. Je crois que nous avons tous un sommeil difficile ces derniers temps.

Ils gardèrent le silence durant de longues minutes au cours desquelles ils regardèrent l'horizon. Le ciel était partagé entre l'obscurité la plus complète venue de l'est qui avançait toujours davantage jour après jour, et le côté clair où les étoiles étaient encore brillantes dans le ciel loin au-dessus de leurs têtes.

-Est-ce que Minas Tirith vous manque ? demanda Eléa en rompant le silence.

-Je mentirais si ce n'était pas le cas, répondit Faramir, je rêve du jour où l'on reprendra la ville, alors, nous lui rendrons sa gloire d'autrefois.

-Je comprends votre sentiment, mon peuple ressent la même chose pour nos royaumes perdus. Mais un jour viendra où ils seront à nouveau à nous, débarrassés de toute cette ombre malfaisante.

Battons-nous pour le meilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant