Chapitre 15

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"Entre ombre et lumière"

Quand Abzal ouvrit à nouveau les yeux, il était incapable de dire combien de temps il avait dormi, ni depuis quand il était enfermé là, seul. La mort du vieil homme avait eu lieu il y a un jour, ou deux, à moins que ce ne soit davantage. Depuis, sa cellule était vide, mais l'odeur de la mort était toujours là, comme retenue au sol par le givre. Abzal frissonna. Si la mort ne venait pas le prendre bientôt, il ne donnait pas cher de sa santé mentale.

Par moment, il lui arrivait de s'en vouloir de ne pas être mort sur le champ de bataille, les armes à la main avec ses compagnons de guerre. Mourir en emportant la vie d'une de ces créatures du mal aurait été bien plus satisfaisant, que de mourir seul dans une cellule froide dans les entrailles de l'ancienne cité blanche de Minas Tirith.

-Combien de temps vais-je rester là au bon plaisir de ce Seigneur fou ? pensa Abzal

Et puis un jour Abzal fût sorti de sa cellule avec force, par deux soldats Haradrim, dont celui qui l'avait frappé quand il était arrivé.

-Aller debout ! lui cria-t-il

-Laisse-moi !

-Le Seigneur des Ténèbres t'attends alors dépêche-toi.

-J'en ai rien à faire, cracha Abzal.

Le soldat allait le frapper mais Abzal esquiva le coup au dernier moment, et le poing du soldat termina sa course dans le mur de pierres.

-Je te jure si je pouvais te tuer je le ferais sur le champ ! cria le soldat

-Mais tu ne le feras pas, répliqua Abzal avec un sourire aux lèvres, pas aujourd'hui.

Pour seule réponse le soldat, le regard plein de haine, d'empoigna par le col de sa chemise et le traîna dehors sans ménagement.

-Si je ne te tue pas avant, pensa Abzal.

Le prince de Rhûn fût conduit dans la grande salle du trône, qui était toujours aussi sombre et laide que la dernière fois qu'il y avait été traîné. L'énergie du lieu était mauvaise, et l'atmosphère était poisseuse.

Sauron était debout, il se tenait droit de toute sa hauteur, impassible. Son anneau d'or brillait à son doigt, seule source de lumière qui émanait de sa personne sombre. De ses yeux rougeoyants il regardait Abzal, qui soutenait son regard. Il ne céderait pas aussi facilement il se l'était promit.

De longues minutes de silence glacial s'écoulèrent, au cours desquelles une tension palpable s'installa peu à peu. Abzal remarqua alors les oreilles elfiques du Seigneur des Ténèbres. Un revirement d'apparence qui le surprenait toujours, était-ce pour mieux séduire les peuples des terres encore libres ? Pour les faire basculer dans les ténèbres, comme il l'avait fait avec les anneaux de pouvoirs donnés aux hommes ?

-Les magiciens bleus où sont-ils ? siffla le Seigneur des Ténèbres, sans préambule.

-Je vous répète que je l'ignore, articula Abzal avec difficulté

-Mentir ne te sers à rien, dit Sauron froidement

-Je ne ment pas.

Un coup, deux coups, trois coups.

Le soldat Haradrim en charge de le frapper s'en donnait à cœur joie. Sa haine envers le peuple de Rhûn était telle, que faire du mal à un de ses membres était jouissif pour lui. Et là c'était son prince lui-même qui était à sa merci.

-Une dernière fois je te le demande, les magiciens bleus, où sont-ils ? demanda à nouveau le Seigneur des Ténèbres.

-Votre puissance ne vous aide pas, ricana Abzal

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