Chapitre 7

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Fuite dans l'obscurité

L'obscurité se dissipait, et un nouveau jour commençait à l'est. La terrible bataille qui s'était déroulée pendant la nuit avait pris fin dans le sang et le feu. Quelques heures qui avaient signées la fin de l'histoire du deuxième royaume des hommes. Edoras, la capitale du pays des seigneurs des chevaux, était désormais détruite, et Meduseld, son fier château d'or, avait été réduit en ruines fumantes, et les morts se comptaient en centaines. Le pays était désormais plus qu'un vaste champ de bataille, sanglant et désastreux.

Deux des plus grands royaumes des hommes étaient désormais perdus et dévastés. Le chaos y régnait en maître et tout n'était plus que désordre et destruction.

A Minas Tirith des pans entiers d'une Histoire riche de plusieurs millénaires n'étaient plus là pour être lus : un grand nombre de chroniques, des comptes rendus et des lettres avaient été brûlés par l'ennemi peu après la prise de la ville. La cité Blanche renfermait dans ses murailles beaucoup d'écrits et d'ouvrages qui relataient les événements des siècles écoulés : les lois décidées par les rois et les intendants successifs, les registres des naissances et des décès de chaque Gondorien, et même les plans détaillés de la citadelle. Ces souvenirs d'un passé révolu étaient désormais réduits à l'état de cendres.

Dans le carnage du Rohan, seuls avaient survécus une poignée d'une dizaine de soldats, les membres de l'ancienne Communauté de l'Anneau, ainsi de Faramir, Eowyn, Tilaé et Eléa. Pour ces survivants, une longue fuite commençait vers le Nord, en direction des derniers bastions encore libres. S'éloigner toujours plus de l'ombre poisseuse et destructrice, était leur unique objectif désormais.

Les hommes n'avaient plus d'autres options que de survivre dans des terres devenues inhospitalières. Un nouveau combat les habitait : celui pour leur vie.

Ce désastre était d'autant plus difficile à digérer pour le jeune roi Eomer qui avait été à la tête du Rohan seulement quelques semaines. Pour lui l'amertume de la défaite et le déshonneur qui en découlait, prévalait sur tout le reste. Il commençait à comprendre ce qu'avait pu ressentir Faramir après la chute de Minas Tirith.

La honte.

L'échec.

Ces mots résonnaient dans son esprit, encore et encore. Le manque significatif de troupes face à l'immense marée noire avait fait pencher la balance, et il n'aurait pas pu y faire grand-chose. Mais en tant que chef, en tant que roi, cela lui faisait d'autant plus mal que l'Histoire, depuis toujours, retenait les protagonistes qui étaient à la tête d'armées victorieuses, ainsi que les héros. Il n'y avait pas de place pour les faibles, et les incapables sur un champ de bataille, ni pour ceux qui ne rapporte pas de gloire.

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C'était une nuit sans lune, aucune lumière ne venait estomper l'opacité de la nuit. Depuis la déroute et leur fuite vers le Nord, il y a quelques heures, les survivants ne s'étaient accordé que peu de pauses, car l'obscurité rendait tout danger pratiquement invisible à leurs yeux, et le groupe traversait le Riddermark, où nul arbre ni même aucune végétation ne poussait. Ils étaient vulnérables car ils avançaient à découvert et ils pouvaient être attaqués de tous les côtés en même temps. Chacun était sur ses gardes, le cœur battant ils regardaient constamment aux alentours, scrutant l'horizon, ils s'attendaient à tout moment à l'arrivée d'un éventuel ennemi. Même les ombres leur paraissaient être une menace potentielle.

Le lendemain en fin de journée une étendue boisée se montra sur leur chemin. Ils pourraient enfin s'arrêter quelques heures près des arbres et prendre un peu de repos. A la tombée de la nuit ce soir-là ils firent donc halte à la bordure d'une forêt.

Battons-nous pour le meilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant