Chapitre 5

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Bataille sanglante et sacrifice.

Eomer regardait le sol à ses pieds, l'herbe verte était tachée du sang noir et visqueux des orques, ainsi que du sang rouge foncé des hommes tombés au combat. Cette vision le répugnât. Des armes étaient abandonnées çà et là, leurs propriétaires ayant fui, ou ayant perdu la vie. L'odeur putride de la mort emplissait l'atmosphère brumeuse tout autour de lui. Le soleil n'était pas encore levé, seule la lumière de l'aube permettait de voir aux alentours. Partout des corps sans vie étaient allongés sur le sol. Tous les hommes valides arpentaient le champ de bataille à la recherche de survivants trop gravement blessés pour donner un quelconque signe de vie. Aragorn s'était naturellement joint à eux, ses talents de guérisseur lui permettant de sauver des vies.

Eomer s'agenouilla au côté d'un jeune soldat. Il ne devait pas avoir plus de 20 ans, sa jeune vie éteinte dans un souffle, en une seconde il était passé de vivant à mort.

-Va en paix, murmura Eomer.

Il ferma ses yeux restés grands ouverts, et le soldat sembla comme plongé dans un profond sommeil. Immobile dans la mort, toutes émotions éteintes, toutes pensées disparues, qui s'en sont allées, loin des hommes, et loin de toute terres.

Eomer soupira. Tous ces morts autour de lui, tous ces hommes qui ne sont plus, son armée réduite à quelques centaines d'hommes, donnait à la victoire un goût amer. C'était un gros coup dur pour les hommes. Eomer savait qu'une nouvelle bataille serait très probablement fatale pour son peuple. Mais il n'avait guère le choix, lui, son peuple, et tous les autres. Le destin de tous n'avait jamais été pleinement entre leur main. Quand il y songeait, tout ceci était certainement plus facile à vivre pour les hommes, qui ne vivant pas longtemps, oublient, occultent, générations après générations les périodes noires de leur histoire. Elles finissent par perdre toutes émotions, toutes douleurs, pour n'être plus que des dates sur une frise chronologique. Son regard se porta alors sur Tilaé. Pour les elfes, être immortels, la souffrance était devenue leur lot quotidien et ce, depuis des millénaires.

Eomer continua sa marche, passant par-dessus un orques transpercé par la lance d'un rohirrim. Il retira la lance, la pointe recouverte de sang noir visqueux. La lance à la main, il avança, regardant de tous côtés, scrutant le moindre mouvement. Les rayons du soleil perçaient l'horizon, éclairant le paysage de leur couleur d'or. Le ciel avait pris une couleur rouge.

Legolas le regarda et repensa à ce même soleil qui avait surgit un matin, alors qu'il courait pour sauver Merry et Pippin d'un groupe d'orques. Cette nuit-là, du sang avait coulé et le groupe de créatures avait été exterminé par Eomer et ses hommes.

-Les cieux nous observent, ils savent tout de nous, dit Tilaé en s'approchant de son frère.

-Et peut être même notre avenir, comme disait le seigneur Elrond, compléta Legolas en se tournant vers sa sœur.

-Pour ceux qui n'ont pas le don de double vue, des signes, des indices sont présent tout autour de nous. Encore faut-il prendre le temps, et la patience, de les observer, ajouta Tilaé

Le regard des deux elfes se porta autour d'eux. Des hommes allaient de part et d'autres, soignant les blessés, évacuant les morts. Aragorn était penché sur le corps d'un jeune soldat. Ses lèvres murmuraient une prière, accompagnant le disparu dans l'autre monde.

Le dunedain releva la tête, son regard balaya les alentours, regardant les hommes s'affairer au près des blessés, soignant, transportant les plus faibles, soutenant les plus chanceux.

Cette nuit laisserait des traces indélébiles dans le cœur des hommes. De l'acharnement, voilà le mot qui venait dans l'esprit d'Aragorn. C'était de l'acharnement. Sauron s'amusait, et il ne faisait point de doute que sa vengeance était sans limites. Elle n'avait de fin que la fin de toutes choses.

Battons-nous pour le meilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant