Chapitre 18

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Un cri dans le noir

Eléa était allongée sur le sol de la clairière où le groupe avait halte la veille. Au-dessus d'elle les rayons du soleil perçaient déjà à travers les branches des hauts arbres, qui dansaient au rythme de cette douce brise.

Ce matin il faisait beau, et malgré l'avancée de l'ombre venue du Mordor, elle ne les avait pas encore rejoints, et à cet instant précis le temps était comme suspendu. Comme une dernière étincelle de lumière, un dernier instant de paix avant que le malheur de leur tombe finalement dessus.

C'était presque trop beau pour être vrai.

Le soleil perçait les branches des hauts arbres, diffusant une douce chaleur sur le visage de la Dunedain. Un regard se posa sur elle, elle tourna la tête et vit Eomer. Ces prunelles se plongèrent dans les siennes, et aucun d'entre eux ne se détourna. Ils ne pouvaient plus se mentir, quelque chose était née, et elle ne semblait pas vouloir partir de sitôt.

Malgré l'ombre qui avançait toujours, accompagnant les armées noires du Mordor et de son Seigneur des Ténèbres, la lumière n'avait pas dit son dernier mot. Elle résistait, surgissant parfois là où on l'attendait le moins.

Myrddin pouvait le sentir. La mort avançait, et elle frappait bientôt. Qui ? Il ne pouvait le dire, mais le prix de cette guerre serait lourd à payer, qu'ils gagnent où qu'ils perdent, il y aurait des sacrifices à faire. Qui ? Il ne pouvait le dire.

Certaines pertes seraient plus lourdes à portées que d'autres, mais chacune laisserait des traces. De terribles traces indélébiles.

Abzal était arrivé la veille au soir. Sorti des limbes de la mort, il avait encore du mal à se dire que tout ce qu'il voyait était réel. Il découvrait tout juste le groupe de Myrddin, composé d'êtres hétéroclites et inattendus pour lui qui n'avait connu que son propre peuple. Il avait été étonné de croiser pour la toute première fois des elfes et des hobbits, sans oublier Gimli le nain, dont il avait uniquement entendu les légendes lointaines que l'on raconte aux enfants pour les endormir.

L'impression de ne pas être à sa place lui avait été criante, tant les liens qui unissaient la plupart des membres du groupe étaient forts.

Le prince déchut de Rhûn était parfois déboussolé par la nouvelle situation qui était la sienne. C'était comme si une partie de lui était morte malgré tout. Comme si plus jamais il ne trouverait sa place dans ce vaste monde.

La mort l'avait pris mais il en avait réchappé. Myrddin l'avait sauvé des cavernes de Mandos, lui disant simplement que sa route devait continuer, mais pour aller où ? Abzal se retrouvait dans un groupe d'étrangers, des représentants de peuples qu'il n'avait côtoyé par le passé, et dont il ne connaissait très peu de choses. Mais malgré sa méconnaissance, il n'était pas curieux d'en apprendre davantage sur ses nouveaux compagnons de voyage, ou encore leurs peuples respectifs. Il était même plutôt méfiant, et restait la plupart du silencieux et à l'écart.

Et si la plupart d'entre eux l'avait bien accueilli, cela n'avait pas été le cas de Faramir. Malgré sa joie sincère lors de la découverte de ce nouveau peuple, voilà plusieurs semaines, il ne pouvait pas faire comme si son propre peuple, ainsi que son pays le Gondor, n'avait pas souffert de la guerre avec les Orientaux. Même s'il avait que le peuple de Rhûn n'y était pas mêlé, quand il avait vu Abzal sa rancœur avait été plus intense que son savoir-vivre. Le prince ressemblait comme deux gouttes d'eau aux Orientaux. Il avait le même visage au teint bruni que ceux qui avait participé à la bataille sanglante des champs du Pelenor.

-Comment savoir s'il est digne de confiance ? avait demandé Faramir à Aragorn

-Si Myrddin a confiance en lui c'est qu'il doit y avoir une raison, répondit Armos à côté d'eux.

Battons-nous pour le meilleurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant