Chapitre 24

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Chapitre 24 : et le ciel devint rouge

Dans l'horizon noir qui entourait l'ancienne capitale du royaume d'Arnor, vint se loger une brume épaisse et cotonneuse. Sans crier gare elle enveloppa la cité ainsi que les environs proches, coupant court aux murmures de ses habitants. Comme un piège, elle avait attiré l'attention d'aucuns des guetteurs, agissant dans l'ombre elle avait surgi sans que personne n'est pu faire le moindre mouvement. Et puis elle s'était refermée sur sa proie.

S'apprêtant à partir avec Elladan, Elrohir et Faramir en patrouille aux alentours, Eléa descendit les marches de l'escalier du bâtiment qui abritait sa chambre, pour rejoindre la cour principale non loin de là. Mais alors que celle-ci était d'ordinaire animée, il n'y avait personne. Ni Elladan, ni Elrohir, ni Faramir, et encore moins Armos ou d'autres Dunedains. Personne. La place était déserte. L'unique présence du lieu était une légère brume qui avançait, s'étendant de tous les côtés.

Eléa s'arrêta après quelques pas, les sens en alerte, attendant le moindre bruit, le moindre mouvement qui pourrait survenir autour d'elle. Sa main gantée sur le pommeau de son épée elle attendit. Quelques secondes, puis quelques minutes, sans que rien ni personne ne vint troubler le silence.

Soudain, elle vit Tilaé marcher non loin d'elle, elle essaya de l'appeler mais l'elfe ne réagit pas à l'entente de son prénom. Son beau visage regardait droit devant lui et rien ne semblait pouvoir détourner ses prunelles de leur vision. Car face à elle, dans l'ombre de la brume, se tenait un être d'une haute stature. Tilaé ne voyait que son ombre, mais elle put distinguer les contours d'une armure ainsi qu'une longue chevelure. Quand elle s'approcha davantage elle fut saisie de stupeur et s'arrêta brusquement. Son père. Thranduil. Le roi des elfe Thranduil était face à elle le visage fermé et triste. Ses longs cheveux blonds encadraient son visage, et son crâne était serti d'un fin diadème comme seul peut en faire le peuple des belles gens. Le roi regardait sa fille sans effusions, presque comme s'il était déçu de la voir.

-Père, commença Tilaé, j'étais tellement inquiète.

-Inquiète ? répéta Thranduil

-Oui père, Legolas et moi sommes fou d'inquiétude. Vous êtes notre seule famille.

-Famille que tu as abandonnée, dit Thranduil

-Abandonnée ? répéta Tilaé hébétée, je suis partie me battre pour elle !

-Non ma fille, tu es partie alors que le danger rodait, et pourquoi ? Pour venir en aide aux hommes !

-Vous ne pouvez pas dire cela, déclara Tilaé les larmes aux yeux, ce n'est pas vous.

-C'est pourtant moi, ton père. Tu es partie, tu as fait ton choix, et voilà plusieurs mois ton peuple à vécu les pires épreuves. Tu es partie venir en aide aux hommes, ces êtres si aisément corruptibles et si faible que deux de leurs royaumes sont tombés. Comment Tilaé, la princesse de la Forêt Noire, peut-elle être aussi lâche ?

-Ce ne peut être vous qui dites cela.

-Qui d'autre ? demanda Thranduil une pointe de colère dans la voix, qui d'autre que ton père peut te dire cela ? Qui d'autre que ton roi ?

-Je refuse de la croire, jamais Thranduil oserait dire des choses pareilles à sa fille.

-Cesse de faire l'enfant ! cria le roi

-Vos paroles sont du poison, répliqua Tilaé, jamais je ne vous écouterais.

Et tout s'évanoui dans le noir.

Quand l'elfe s'éveilla des larmes avaient coulées le long de ses joues pâles, et d'autres virent à leur tour. Ce songe la chamboulait bien plus que de raisons, elle qui aimait son père d'un amour sincère. Elle savait que pour lui elle était tout avec son frère Legolas. Il les aimait plus que sa propre vie. Elle secoua la tête.

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